Grèce: le gouvernement plus affaibli après le départ d'un parti

  • Le Premier ministre grec, Antonis Samaras à la télévision grecque Greek Star, le 21 juin 2013
    Le Premier ministre grec, Antonis Samaras à la télévision grecque Greek Star, le 21 juin 2013 AFP - Louisa Gouliamaki
  • Fotis Kouvelis, leader du parti de gauche grec Dimar, quitte le bureau du Premier ministre, le 20 juin 2013 à Athènes
    Fotis Kouvelis, leader du parti de gauche grec Dimar, quitte le bureau du Premier ministre, le 20 juin 2013 à Athènes AFP - Louisa Gouliamaki
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AFP

Le départ du petit parti de gauche Dimar de la coalition grecque au pouvoir dirigée par le Premier ministre conservateur Antonis Samaras, sur fond de crise de l'audiovisuel public, affaiblit davantage encore le gouvernement grec, qui veut toutefois écarter le spectre d'élections anticipées.

Le Dimar a pris la décision de se retirer du gouvernement après un désaccord avec M. Samaras dans la crise de l'audiovisuel public déclenchée par le Premier ministre lorsqu'il a ordonné sans préavis d'arrêter les émissions de la radio-télévision publique la semaine dernière.

"Après la décision du Dimar de quitter le gouvernement et d'en retirer ses ministres, je vais donner aujourd'hui ma démission au Premier ministre", a dit Antonis Manitakis, l'un des quatre ministres du Dimar au sein de la coalition gouvernementale, à l'issue d'une réunion des instances de ce parti de la gauche démocratique.

Le Dimar qui participe depuis un an à la coalition gouvernementale mise difficilement sur pied pour tenter de maintenir la Grèce dans l'euro laisse donc face-à-face le couple Nouvelle-Démocratie (droite)-Pasok (socialistes).

Le gouvernement, ainsi amputé du soutien des 14 députés du Dimar, a certes toujours la majorité absolue au parlement (avec 153 sièges sur 300, 125 de la Nouvelle-Démocratie et 28 du Pasok), mais celle-ci est trop juste pour lui permettre de poursuivre efficacement les réformes structurelles imposées par les créanciers de la Grèce, regroupées sous le nom générique de mesures d'austérité et qui bousculent les intérêts acquis.

Sur le dossier de l'audiovisuel public, le détonateur à la crise gouvernementale actuelle, le dirigeant du Dimar, Fotis Kouvelis, avait opposé la nuit dernière une fin de non-recevoir au Premier ministre, qui souhaite rouvrir un organisme transitoire, pour trois mois, reprenant une grande partie des salariés de l'ERT en CDD, avant la création d'une nouvelle radiotélévision publique.

Il souhaitait maintenir la radiotélévision publique en l'état et dénonçait la décision unilatérale de M. Samaras le 11 juin de fermer l'ERT, court-circuitant le parlement mais aussi ses deux alliés au sein du gouvernement, et provoquant un tollé en Grèce et à l'étranger.

Jeudi soir, M. Samaras avait fait un pas dans le sens de la conciliation vers ses deux alliés, en acceptant la proposition du socialiste Evangélos Vénizélos de garder jusqu'à 2.000 des 2.700 employés de l'ERT, en contrat provisoire, dans l'attente du nouvel organisme audiovisuel.

M. Samaras a d'emblée écarté l'éventualité d'élections anticipées en Grèce, soulignant que ce qui prime en ce moment "est la stabilité dans le pays et l'avancée des réformes".

A Bruxelles, où l'on suit avec inquiétudes les derniers événements, le commissaire européen Olli Rehn en a appelé jeudi soir au "sens des responsabilités" des dirigeants grecs.

"Après une nuit dramatique, la coalition reste avec la droite et les socialistes", titrait le quotidien à gros tirage Ta Néa (centre gauche). "Gouvernement de deux partis, le scénario des élections anticipées est enterré", soulignait le quotidien financier Naftémporiki.

Créé en 2010, le Dimar a un discours anti-austérité mais pro-européen, qui lui a permis d'obtenir 6,25% des voix et 17 députés en juin 2012. Trois ont quitté le parti depuis, après leur opposition à un nouveau train de mesures d'austérité.

Au gouvernement, ce parti était représenté à la Justice et à la Réforme administrative, deux domaines où les divergences idéologiques avec la droite dure de M. Samaras sont apparues au cours des semaines passées. La fermeture abrupte de l'ERT n'ayant été que la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, selon des analystes.

Un projet de loi antiraciste, préparé par le ministre de la Justice Antonis Roupakiotis il y a un mois, et visant à freiner les attaques racistes qui se multiplient et la montée du parti néonazi grec Aube dorée, avait déjà suscité une vaste polémique, la droite n'ayant pas voulu l'approuver, ce qui a entraîné son renvoi aux calendes grecques.

Source : AFP

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