Retraites: la concertation débute dans un climat de profonds désaccords

  • Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et la présidente de la commission sur les retraites Yannick Moreau, le 14 juin 2013, à Matigon, lors de la remise d'un rapport sur le sujet
    Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et la présidente de la commission sur les retraites Yannick Moreau, le 14 juin 2013, à Matigon, lors de la remise d'un rapport sur le sujet AFP/Archives - Bertrand Guay
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AFP

Le gouvernement va lancer à partir du 4 juillet ses réunions de concertation sur la future réforme des retraites mais les partenaires sociaux rejettent déjà nombre de pistes du rapport Moreau censées inspirer le projet de loi du gouvernement attendu en septembre.

L'allongement de la durée de cotisation, actuellement de 41,5 ans, semble la mesure principale privilégiée par le gouvernement, comme l'a confirmé le président François Hollande jeudi à l'ouverture de la deuxième conférence sociale.

Cet allongement s'appliquerait à tous, agents du public (fonctionnaires et régimes spéciaux), comme salariés du privé, ce qui permettrait au gouvernement de dire que tous les actifs ont été mis à contribution.

Quelques syndicats, dont la CFDT et la CFTC, ne rejettent pas cette mesure mais l'assortissent de conditions et souhaitent qu'on n'aille pas jusqu'à 44 ans, comme le suggère l'un des scénarios de la Commission pour l'avenir des retraites présidée par Yannick Moreau.

En revanche, la CGT et Force Ouvrière ne veulent pas en entendre parler, Jean-Claude Mailly, le dirigeant de FO parlant de "ligne rouge" à ne pas franchir.

Quant au patronat, la présidente du Medef Laurence Parisot, qui passera le relais en juillet à Pierre Gattaz, a répété qu'il ne suffisait pas d'allonger la durée de cotisation, si on ne reculait pas parallèlement l'âge légal de départ.

Le Medef veut repousser l'âge -fixé à 62 ans d'ici 2017 par la réforme Sarkozy de 2010 - à 63 ans d'ici 2020 et 65 ans d'ici 2040. "Sinon on va vers une chute du niveau des pensions", a estimé Mme Parisot. François Hollande a exclu cette piste.

Au cours de la table ronde consacrée aux retraites, Mme Parisot s'est déclarée "consternée" par les positions des syndicats.

Elle a enfoncé le clou devant la presse: "La façon dont les organisations syndicales ont réagi m'inquiète beaucoup: il y a comme un déni de la gravité" de la situation économique de la France.

Tous contre une sous-indexation

L'allongement de la durée de cotisation ne suffira pas toutefois à remettre les régimes de retraite à l'équilibre dont le déficit, si rien n'est fait, sera de 20 milliards en 2020, dont 7 milliards pour le régime général (70% des salariés).

Dans son scénario central, le rapport Moreau estime qu'aller jusqu'à 43 ans pour ceux nés en 1962, rapporterait seulement 600 millions d'euros en 2020.

"Une réforme ne se limite pas à une mesure, c'est un ensemble global cohérent et c'est cet équilibre qu'il s'agit maintenant de rechercher et auquel il faut travailler", a estimé la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine.

Il va donc falloir trouver d'autres ressources. Une autre piste, que semble vouloir emprunter le gouvernement, est de faire contribuer les entreprises en augmentant les cotisations retraite, patronales et salariales.

Le rapport Moreau suggère de relever les cotisations sur les salaires supérieurs au plafond de la Sécurité sociale (3.087 euros) de 0,4 points de 2014 à 2017, à raison de 0,1 point par an.

Gain escompté: 3 milliards, voire 6 milliards si l'on va jusqu'à 0,2 point par an.

Si certains syndicats n'y sont pas défavorables, le Medef ne veut pas en entendre parler.

"Si on adopte cette méthode, je peux vous prédire qu'il va y avoir un affaiblissement de notre compétitivité et une aggravation du chômage, c'est inévitable", a lancé Mme Parisot.

Elle a refusé aussi une sous-indexation des pensions, ce qui a pourtant été décidé cette année, pendant trois ans, pour les retraites complémentaires gérées par les partenaires sociaux.

La sous-indexation des pensions par rapport à l'inflation est également refusée en bloc par les syndicats et devrait être écartée par le gouvernement, selon Pascale Coton (CFTC).

De 2014 à 2016, elle rapporterait 2,8 milliards, selon l'hypothèse du rapport Moreau.

Autre piste abandonnée: le changement de calcul de la pension des fonctionnaires, qui avait braqué les syndicats avant la Conférence sociale. Plus personne n'en parlait vendredi à l'exception de Jean-François Roubaud (CGPME).

Source : AFP

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