La ceinture de sécurité obligatoire fête ses 40 ans

  • Une voiture avec des mannequins prête pour un "crash test" sur le port de la ceinture de sécurité, en avril 2005
    Une voiture avec des mannequins prête pour un "crash test" sur le port de la ceinture de sécurité, en avril 2005 AFP/Archives - Jean-Pierre Muller
  • Une personne attache sa ceinture de sécurité
    Une personne attache sa ceinture de sécurité AFP/Archives - Mychele Daniau
  • Une personne attache sa ceinture de sécurité à l'arrière d'un véhicule
    Une personne attache sa ceinture de sécurité à l'arrière d'un véhicule AFP/Archives - Mychele Daniau
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AFP

Rendue obligatoire dans les voitures le 1er juillet 1973 pour les places avant, malgré l'opposition des défenseurs des libertés individuelles, la ceinture de sécurité a contribué à réduire le nombre de morts sur les routes, et est aujourd'hui majoritairement acceptée.

La France est alors le premier pays européen à imposer ce dispositif.

La ceinture de sécurité n'était pourtant pas très acceptée à ses débuts: seulement 20% des gens l'utilisaient, même si depuis 1970, les constructeurs automobiles avaient obligation d'en équiper tous les nouveaux véhicules aux places avant.

En 1972, alors que 18.000 morts avaient été enregistrés sur les routes, Christian Gerondeau devient le premier Délégué interministériel à la sécurité routière, nommé par Jacques Chaban-Delmas.

"Christian Gérondeau est venu nous voir pour nous demander de l'aider", se souvient le professeur Claude Got, anathomo-pathologiste, qui travaillait alors avec Claude Tarrière, chargé des questions de sécurité pour un constructeur automobile.

"On faisait des autopsies d'accidentés, mais on avait besoin de mesures efficaces pour étudier quelle ceinture faire, ni trop dure, ni trop molle". Grâce au don du corps pour la science, les chercheurs vont expérimenter des crash-tests avec de vrais cadavres dans les voitures.

L'équipe multiplie les études, dont s'empare M. Gérondeau. Soutenu par Pierre Messmer, devenu Premier ministre, il propose un an après sa prise de fonction l'obligation de la ceinture de sécurité, instituée par un décret du 28 juin 1973.

Cette obligation est alors limitée aux places avant des véhicules, et ne concerne que la circulation hors agglomération.

Pourtant, combinée avec un décret du même jour réduisant la vitesse à 100 et 110km/h, cette décision porte rapidement ses fruits : "quelques semaines après l'arrêté, 80% des automobilistes mettaient la ceinture" et "en décembre 1973, le nombre de tués sur les routes avait baissé de 30%", appuyé également par le premier choc pétrolier, en octobre de la même année, souligne Claude Got. "Ensuite, ça n'a pas cessé de baisser, ce fut une véritable rupture".

En 1975, l'obligation de la ceinture est étendue la nuit et sur les voies rapides urbaines. Puis elle est généralisée en 1979 aux agglomérations, de jour comme de nuit.

Il faudra attendre 1990 pour obtenir l'obligation de la ceinture à l'arrière. Enfin, depuis 2008, chaque enfant transporté en voiture doit occuper seul une place équipée d'une ceinture et être attaché selon le mode le plus adapté à sa morphologie.

Libertés individuelles

Pour Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière, "l'obligation de la ceinture est une des grandes mesures qui ont fait baisser la mortalité routière." "Certes elle n'évite pas l'accident, mais elle en réduit les conséquences", insiste-t-elle, "pourtant à l'époque, des gens s'y sont opposés au nom de la liberté individuelle."

"Il y a eu de nombreux débats pour savoir si on pouvait contraindre quelqu'un à se protéger s'il n'en a pas envie", reconnait Claude Got, qui souligne qu'il s'agit d'une "contrainte légère qui divise par 2,5 la mortalité".

Le professeur a longtemps lutté contre "les mensonges qui tuent" : "on évoquait des cas isolés de gens coincés par leur ceinture dans une voiture tombée dans un ravin ou en train de prendre feu". Pourtant, insiste-t-il, "sans ceinture, le plus gros danger est d'être éjecté ou assommé, tandis que la ceinture permet de rester conscient et de pouvoir réussir à s'extraire à temps".

Aujourd'hui, la ceinture "est presque mise à 100% à l'avant, mais pas encore suffisamment à l'arrière et pour les petites trajets", regrette Chantal Perrichon.

Le non port de la ceinture entraîne une amende forfaitaire de 135 euros, minorée à 90 euros si le contrevenant paye immédiatement et le retrait de 3 points du permis de conduire.

En 2011, 268.578 contraventions pour non port de la ceinture ont été dressées et 165.198 automobilistes se sont vu retirer trois points sur leur permis. En comparaison, plus de 500.000 infractions pour usage d'un téléphone au volant ont été comptabilisés.

Source : AFP

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