Hollande attendu à Tunis, l'Egypte au coeur de sa visite

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AFP

Les événements en Egypte s'inviteront inéluctablement jeudi à Tunis où le président français François Hollande entame une visite d’État dans le pays pionnier des Printemps arabes, lui-même en quête de stabilité politique.

Selon le porte-parole diplomatique de l’Élysée, Romain Nadal, le chef de l’État français "s'apprête naturellement à évoquer en Tunisie les autres printemps arabes, en Syrie, en Libye et en Egypte".

Attendu à la mi-journée, François Hollande sera accueilli par son homologue tunisien Moncef Marzouki avant de multiplier les rencontres avec les différentes forces politiques du pays. Il effectuera ainsi la première visite d'un chef d’État français en Tunisie depuis la chute du régime de Ben Ali en janvier 2011.

Vendredi, au deuxième et dernier jour de ce déplacement, il adressera depuis la tribune de l'Assemblée nationale constituante (ANC) un "message d'encouragement" aux parlementaires tunisiens qui peinent depuis plus d'un an et demi à doter leur pays d'institutions politiques pérennes et stables.

François Hollande qui s'est déjà rendu à deux reprises au Maghreb depuis son élection -en Algérie, en décembre 2012, puis au Maroc, en avril-, devrait appliquer à la lettre la devise "ni ingérence, ni indifférence" chère à l'ancienne puissance coloniale qui en a déjà usé avec plus ou moins de bonheur à l'égard de l'Afrique noire mais aussi du Québec.

Pour Paris, la Tunisie possède les atouts nécessaires pour réussir sa transition démocratique. "S'il y a un pays où ce qu'on a appelé le Printemps arabe a le plus de chances de réussir, c'est probablement la Tunisie", a déclaré mardi le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius.

"C'est un pays qui n'est pas très grand, qui a un niveau de développement important, où il y a une tradition du respect de la femme qui est importante, un pays qui a des ressources économiques, mais il faut l'aider", a-t-il ajouté.

François Hollande sera accompagné de Valérie Trierweiler, sa compagne, ainsi que d'une dizaine de ministres. Un absent de marque: Manuel Valls. Le ministre de l'Intérieur s'était attiré les foudres du parti islamiste au pouvoir Ennhada pour avoir mis en garde contre la montée d'un "fascisme islamique" au lendemain de l'assassinat de l'opposant tunisien Chokri Belaïd, le 6 février à Tunis.

La volumineuse délégation française comptera une quarantaine de dirigeants d'entreprise. Une vingtaine d'accords et de conventions, notamment de coopération, devraient être signés, notamment en matière de transport ferroviaire dans la région de Tunis ou de formation professionnelle des cadres de l'administration tunisienne.

Dans la délégation figureront aussi le cinéaste Abdellatif Kechiche, Palme d'or 2013 à Cannes, ou Souhayr Belhassen, ancienne présidente de la Fédération internationale des Ligues des droits de l'Homme (FIDH).

Le président français devrait rappeler publiquement l'importance que la France attache au "respect des libertés individuelles dans le monde", précise son entourage, mais "sans s'ingérer en aucune manière dans les affaires de la justice tunisienne".

A la veille de son déplacement, plusieurs ONG l'ont appelé à plaider en faveur d'un "système démocratique pleinement respectueux des droits humains" en Tunisie.

Ces organisations pointent une série de condamnations comme celle du rappeur Weld El 15. Ce dernier, condamné en première instance à deux ans ferme pour une chanson insultant la police, a cependant vu sa peine réduite à six mois avec sursis mardi en appel.

Trois militantes du groupe féministe Femen ont encore tenté mercredi de manifester seins nus devant l'Elysée à Paris en solidarité avec leur camarade tunisienne Amina Sbouï, à la veille de la visite du président français à Tunis.

Amina Sbouï attend en détention provisoire en Tunisie de savoir si elle sera inculpée pour avoir peint le mot "FEMEN" sur le muret d'un cimetière de Kairouan (150 km au sud de Tunis) en signe de protestation contre un rassemblement de la mouvance salafiste.

François Hollande devrait s'entretenir également avec la veuve de Farhat Hached, leader nationaliste et "père du syndicalisme tunisien" dont l'assassinat en 1952 a été attribué à La Main Rouge, une organisation paramilitaire active sous le protectorat français (1881-1956). Le président devrait à ce sujet annoncer l'ouverture des archives françaises relatives à cet assassinat et en remettre lui-même une copie à la famille.

François Hollande devrait l'annoncer aussi: la France, premier contributeur d'aide publique à la Tunisie, doit maintenir en 2014 son aide à son niveau actuel, soit près de 500 millions d'euros, et amorcer une conversion de la dette tunisienne à son égard (un milliard d'euros environ) pour financer des investissements.

Source : AFP

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