Crimes et rapines, alibi d'une balade à Paris

  • Un homme observe le lieu où Henri IV a été assassiné, rue de la Ferronnerie à Paris le 5 juillet 2013
    Un homme observe le lieu où Henri IV a été assassiné, rue de la Ferronnerie à Paris le 5 juillet 2013 AFP - Fred Dufour
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Quatorze mai 1610, Henri IV est poignardé à Paris. Lieu du crime : station Châtelet, à droite en sortant du métro. Entre passé et présent, visiter le "Paris assassin" fait carburer l'imagination.

"Nous sommes le 14 mai 1610. Il fait très chaud. Le roi Henri IV rend visite à son ministre Sully à l'Arsenal", raconte Dorothée Hervin, guide et créatrice des parcours. "Il n'y arrivera jamais, c'est ici, rue de la Ferronnerie, que François Ravaillac lui donne les coups de couteau qui entraîneront sa mort".

Nous sommes en juin 2013, il fait très frais, l'époque est plus velib' que carosse et se représenter la scène, quatre siècles plus tard, dans le quartier des Halles transfiguré, n'en est que plus singulier.

L'exercice peut même prendre un tour cocasse en apprenant que l'auteur du régicide sera arrêté non loin des lieux de son forfait, rue des Lombards, "à l'endroit de l'actuel restaurant Flam's".

Tout comme la plaque de cuivre marquant l'endroit de l'assassinat d'Henri IV est piétinée par des milliers de passants indifférents, le "ventre de Paris" regorge d'énigmes criminelles méconnues, explique Dorothée Hervin. Cette guide professionnelle les fait découvrir depuis 2008 à travers trois circuits de deux heures, conçus au fil de nombreuses recherches.

Sur l'île de la Cité se redécouvre l'ancien dédale de ruelles propices à toutes les turpitudes mais aussi à la répression autour du palais de justice, de la préfecture de police et du siège de la police judiciaire.

Lacenaire et Casque d'or

Dans le Quartier Latin, pas de chronique de la bohème universitaire mais un Paris des révolutionnaires, des assassinats politiques et de quelques serials killers contemporains. Danton, Marat, Desmoulin y vécurent tout comme le médecin et député Joseph Ignace Guillotin, resté dans l'histoire pour avoir fait adopter la guillotine comme mode unique d"exécution capitale.

Autour des Halles et du quartier Montorgueil, par les bien nommées rues de la Grande-Truanderie, de la Petite-Truanderie ou Vide-Gousset, le visiteur chemine dans une ambiance de voleurs, mauvais garçons, filles de joie, digne des Mystères de Paris.

"Il y a une topographie criminelle de Paris et les faits divers ont un lien étroit avec l'urbanisation", explique Dorothée Hervin. La cartographie de la délinquance évolue avec le développement de la capitale, l'haussmannisation du XIXe siècle et l'arasement de quartiers insalubres aux venelles mal famées bouleverse la donne.

Mais le centre de Paris demeure au fil des siècles un inépuisable réservoir d'Apaches, de combines et de coups légendaires.

C'est au 18 rue des Halles, raconte Dorothée Hervin, qu'Amélie Elie, prostituée de la Belle Epoque, échappa à une tentative d'assassinat d'un des lieutenants de "Manda", son amant et souteneur, chef de la bande de Popincourt, parce qu'elle avait commis l'affront d'aller se placer sous la protection des rivaux de la bande des Orteaux. Amélie Elie fut la véritable "Casque d'or", surnom inspiré par sa chevelure.

C'est dans une auberge aujourd'hui disparue de la rue Montgorgueil que le dandy escroc Lacenaire commit l'une de ses dernières tentatives d'assassinat, en décembre 1834, avant d'être arrêté puis, en 1836, guillotiné.

La balade de Dorothée Hervin, diplômée d'histoire et d'histoire de l'art, ne se réduit pas à une accumulation d'anecdotes. "Je choisis les faits divers en fonction de ce qu'ils disent de l'histoire criminelle, de l'évolution des moeurs et de la société, des sujets qu'ils permettent d'aborder, comme le bagne, l'histoire de la garde à vue ou les techniques de police scientifique".

Et le public suit: "plus de 500 visiteurs en moins d'un an", pour la dernière visite créée dans le quartier Latin et une série de livres à paraître en 2014.

Source : AFP

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