Gens du voyage: Estrosi déclenche la polémique

  • Le député-maire de Nice, Christian Estrosi, le 6 juin 2013 à Nice
    Le député-maire de Nice, Christian Estrosi, le 6 juin 2013 à Nice AFP/Archives - Valery Hache
  • Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, le 8 juillet à Lyon
    Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, le 8 juillet à Lyon AFP - Philippe Desmazes
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AFP

Les violentes attaques de Christian Estrosi (UMP) contre les gens du voyage ont provoqué une polémique, partis de gauche et associations lui reprochant de se livrer à une "surenchère nauséabonde" après des propos très offensifs de Jean-Marie Le Pen sur les Roms, et à moins d'un an des élections municipales.

Interrogé lors d'un déplacement à Lyon lundi, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a estimé que "les propos du maire de Nice (étaient) l'émanation d'une politique passée, qui a fait du mal à la France: celle de l'amalgame et de la stigmatisation". Et de rappeler le fameux "discours à Grenoble", où Nicolas Sarkozy avait établi en juillet 2010 un lien entre immigration et délinquance, entretenant aussi le flou entre gens du voyage et Roms, qu'il désignait comme les fauteurs de troubles.

Lors d'une émission politique dimanche, le député-maire de Nice Christian Estrosi a lui-même été approximatif en critiquant, au beau milieu d'une diatribe anti-gens du voyage, une "circulaire Valls" d'août 2012 concernant surtout les évacuations de campements illicites de Roms et les solutions à rechercher en amont.

L'ancien ministre, qui était interrogé sur la récente occupation illégale de terrains par des gens du voyage dans sa ville, a promis de "mater" ces derniers, en taxant de "délinquants" ceux qui installent leurs caravanes sans autorisation.

Dénonçant des agissements coûteux pour "les contribuables français" il a promis à tous les maires un "mode d'emploi" pour les combattre : caméras pour surveiller les allées et venues, relevé des plaques d'immatriculation, voire procédure judiciaire pour faire saisir les véhicules.

Il n'en fallait pas plus pour entraîner une bronca des associations et des partis de gauche, qui avaient déjà vivement réagi aux propos de Jean-Marie Le Pen. Jeudi à Nice, le président d'honneur du Front national avait qualifié la présence de Roms dans la ville "d'urticante" et d'"odorante".

"Stratégie de droitisation à l'UMP"

M. Estrosi a tenu des "propos imbéciles et dangereux", a réagi le ministre socialiste de la Ville François Lamy. Des propos "lamentables" selon l'Union française des associations tziganes. "Estrosi, indigne de la République", a fustigé le PCF des Alpes-Maritimes, qui refuse cette "surenchère nauséabonde".

Le comité local de SOS Racisme a dénoncé une "insoutenable stigmatisation des populations Roms, de voyageurs et étrangères, violemment désignées (...) comme des boucs émissaires".

"On a droit à une réplique après ces insultes", a tancé Viorel Costache, de l'association Prales, qui défend la communauté des Roms dans les Alpes-Maritimes, interrogé par l'AFP. Son association envisage de porter l'affaire devant les tribunaux, à l'instar d'autres, comme SOS Racisme ou Défense de la culture tsigane.

Christian Estrosi est-il déjà en campagne pour les municipales de mars 2014, brandissant une thématique porteuse face à un FN en embuscade ?

"Au niveau local, ça peut devenir un sujet politique, particulièrement dans le Sud-Est où l'UMP et le FN sont en concurrence, et en position de force tous les deux", estime Bruno Jeanbart, de l'institut OpinionWay.

"Cette stratégie de droitisation à l'UMP n'est pas nouvelle", analyse Gilles Ivaldi, chercheur au CNRS, enseignant à l'université de Nice-Sophia-Antipolis. "Elle existe depuis 2010 -- ce qui correspond au retour du FN sur la scène politique -- mais à Nice, le climat est assez particulier: Christian Estrosi doit faire face à un FN plutôt en progression" dans un contexte d'"offre politique à droite éclatée", selon ce spécialiste de l'extrême droite.

En effet, l'élu UMP aura probablement à affronter l'an prochain, outre le FN, l'ancien maire Jacques Peyrat (qui revendique le soutien du RPF et des identitaires), voire des dissidents de sa propre formation.

Sur le plan national, cela permet aussi à M. Estrosi de critiquer une gauche et un gouvernement "laxistes", et au plan local "de passer la vitesse supérieure" face à un autre député des Alpes-Maritimes avec lequel il est en "compétition", Eric Ciotti, "qui s'est créé un vrai profil de +Monsieur sécurité+ au sein de l'UMP", ajoute M. Ivaldi.

Source : AFP

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