Gens du voyage: Estrosi livre son "mode d'emploi" très ferme

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AFP

Le député-maire UMP de Nice Christian Estrosi, interrogé dimanche sur la récente occupation illégale de terrains par des gens du voyage dans sa ville, a dénoncé des comportements de "délinquants" et proposé de fournir à tous les maires de France son "mode d'emploi" pour les combattre, des propos qui ont indigné au PS et au PCF.

"Les choses sont très claires, il y a une loi qui dit qu'il faut avoir des terrains d'accueil avec une certaine capacité, j'en ai pour Nice", a-t-il dit au "Grand Rendez-vous" (Europe 1/i-Télé/Le Parisien), interrogé sur la présence de plusieurs centaines de caravanes récemment à Nice.

Dès lors que des terrains sont occupés "sans droit ni titre", dans certains cas après effraction, la loi doit permettre d'"expulser", a-t-il ajouté, regrettant qu'une "circulaire Valls" de l'été dernier ne le permette plus, laissant les maires "livrés à eux-mêmes".

"Donc j'appelle les maires de France à la révolte quelque part et à utiliser le mode d'emploi qui est le mien", a ajouté l'élu des Alpes-Maritimes.

"Je vais envoyer mon mode d'emploi à tous les maires de France pour qu'ils sachent pendant tout l'été quels moyens utiliser face à un pouvoir socialiste qui ne les accompagne pas dans leur difficile mission", a-t-il insisté.

Il a cité l'exemple de gens du voyage venus s'installer sur deux terrains de football de sa ville, en exprimant le souhait de rester trois semaines. Il n'a pas voulu "céder", promettant de les "mater". Comme moyens répressifs à sa disposition, il a cité l'installation de caméras pour surveiller leurs allées et venues sur ces terrains mais aussi leurs déplacements en ville, la collecte des numéros d'immatriculation, et la possibilité de faire saisir leurs véhicules via une procédure de référé devant le tribunal.

Au besoin "on vendra les véhicules pour pouvoir se rembourser de ce que les contribuables niçois et français n'ont pas à payer", a encore dit M. Estrosi, évoquant une facture de 620.000 euros pour l'occupation des terrains de foot.

Dans la soirée, le ministère de l'Intérieur a dit à l'AFP que la situation évoquée par M. Estrosi était désormais réglée et qu'"à l'heure où l'on se parle, il n'y a aucune installation illégale de gens du voyage à Nice ou sur le territoire de la métropole".

Le porte-parole du ministère, Pierre-Henry Brandet, a insisté sur le fait que la circulaire évoquée par M. Estrosi concerne en réalité les campements illicites, comme certains bidonvilles installés le long de voies routières, et non la situation des gens du voyage. Appelant à "faire attention aux amalgames", il a ajouté que "la loi doit être appliquée avec fermeté, mais sans pour autant stigmatiser quelque population que ce soit, qu'elle soit française ou d'origine étrangère".

Quant à la mise à la disposition d'aires d'accueil pour les gens du voyage, qui est une obligation légale pour les communes de plus de 5.000 habitants, "seules quatre sur 28" dans les Alpes-maritimes la respectent (Nice étant comprise dans les quatre), a dit M. Brandet. Il n'existe sur le département aucune aire d'accueil dite de grand passage, comme la loi l'impose également aux collectivités territoriales, a-t-il ajouté.

Christian Estrosi avait lancé que "quand on rentre par effraction quelque part on est un délinquant". "Quand un citoyen normal franchit d'1 cm la ligne jaune, il est arrêté, interpellé, traité comme un voyou. Eh bien quand on rentre par effraction sur un terrain public ou une propriété d'autrui on est un voyou tout simplement", a-t-il affirmé.

Eduardo Rihan-Cypel, un des porte-parole du Parti socialiste, a jugé ses propos "totalement inqualifiables". "C'est quasiment un appel à des pogroms. Ce sont des propos d'un chef d'une milice et pas d'un élu digne de la République", a déclaré ce député sur i-Télé. Il a stigmatisé aussi les arrières-pensées électorales et la "peur" du maire de Nice face à un FN "très fort" à moins d'un an des municipales.

"Les appels à la haine de Christian Estrosi méritent les tribunaux", a réagi de son côté le porte-parole du PCF Olivier Dartigolles dans un communiqué.

Source : AFP

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