Luxembourg: le Premier ministre Jean-Claude Juncker démissionne

  • Le Premier ministre Jean-Claude Juncker, le 27 juin 2013 à Bruxelles
    Le Premier ministre Jean-Claude Juncker, le 27 juin 2013 à Bruxelles AFP/Archives - Georges Gobet
  • Le Premier ministre du Luxembourg, Jean-Claude Juncker, à Bruxelles le 28 juin 2013
    Le Premier ministre du Luxembourg, Jean-Claude Juncker, à Bruxelles le 28 juin 2013 AFP/Archives - Thierry Charlier
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AFP

Jean-Claude Juncker, Premier ministre du Luxembourg depuis 18 ans et doyen des dirigeants européens, a été contraint à la démission mercredi après la défection de ses alliés socialistes suite à un scandale lié au service de renseignement.

"Je convoque un conseil de gouvernement demain à 10H00, et je présenterai la démission du gouvernement au Grand duc", a déclaré M. Juncker devant les députés après sept heures de débat.

Des élections vont être organisées, probablement en octobre. M. Juncker a indiqué aussitôt qu'il pensait se représenter à un mandat politique dans son pays, sans préciser s'il entendait de nouveau briguer le poste de chef du gouvernement.

Les socialistes, ses alliés au gouvernement, l'avaient lâché dans l'après-midi en déposant une motion demandant la dissolution de la Chambre des députés et l'organisation d'élections anticipées dans les trois mois. Son parti chrétien social se retrouvait donc isolé avec 26 députés sur 60.

"Le Premier ministre doit prendre ses responsabilités, non pas parce qu'il est malhonnête ou incompétent mais parce qu'il a fait les mauvais choix", avait déclaré le président du parti socialiste, Alex Bodry. "Il y a eu de graves dysfonctionnements. La responsabilité du Premier ministre est engagée", avait-il asséné.

"Je constate qu'une majorité de la Chambre veut des élections anticipées", a déclaré M. Juncker devant les députés. "Il n'y avait pas d'autre choix que de présenter la démission du gouvernement".

Inamovible Premier ministre du Luxembourg depuis janvier 1995, Jean-Claude Juncker, était le dernier grand artisan de la construction européenne. A seulement 58 ans, il détenait le record de longévité à la tête d'un gouvernement européen, ayant rejoint le club des dirigeants de l'UE alors que François Mitterrand et Helmut Kohl étaient encore au pouvoir.

"Si je transpire, ce n'est pas parce que j'ai peur mais parce qu'il fait chaud", avait-il lancé mercredi au début de son intervention. Mais son légendaire sens de l'humour et une plaidoirie de deux heures n'ont pas permis de retourner la situation.

Contrairement à ce que beaucoup prédisaient, ce vieux lion de la politique n'avait pas baissé les bras d'emblée. Bien au contraire, il n'avait rien lâché, récusant point par point toutes les accusations.

Mis en cause par une commission parlementaire pour sa "responsabilité politique" dans les dérives du service de renseignement (SREL), il avait accusé cette dernière d'avoir elle aussi failli dans le contrôle des activités de ce service.

Admettant tout au plus quelques "erreurs", il s'était presque posé en victime : "je ne suis pas d'accord pour endosser la responsabilité, car si c'était le cas, chaque ministre devrait alors être responsable de la moindre erreur commise par un fonctionnaire".

Membre du gouvernement luxembourgeois sans discontinuer depuis plus de 30 ans, Jean-Claude Juncker est accusé par ses détracteurs d'avoir délaissé son petit pays au profit de l'Europe, son grand engagement, et de l'euro, pour lequel il s'est battu pendant huit ans à la tête de l'Eurogroupe.

En cas de retrait de M. Juncker, la question de sa succession reste ouverte. Toujours très populaire, notamment auprès des jeunes, il pourrait tenter de se succéder à lui-même en étant en octobre tête de liste des chrétiens-sociaux, la première formation politique du pays.

Mais d'autres noms sont évoqués, en particulier celui de Viviane Reding, la grande rivale de M. Juncker au sein de son parti, exilée depuis près de 15 ans à la Commission européenne à Bruxelles, où elle est actuellement chargée de la Justice.

Le compte à rebours a commencé en décembre 2012, quand une commission d'enquête parlementaire a été créée après la révélation d'une écoute faite par l'ancien chef du service de renseignement lors d'un entretien dans le bureau même du Premier ministre. Le SREL, placée sous l'autorité hiérarchique du chef du gouvernement, est aussi accusé d'avoir fiché des milliers d'habitants, tenté de déstabiliser un magistrat, sans compter des malversations comme des reventes de voitures de luxe achetées à prix réduit dans les années 2004-2009.

Le climat avait été alourdi par des accusations contre le ministre des Finances, Luc Frieden, soupçonné d'avoir tenté d'étouffer, lorsqu'il était à la Justice, l'enquête sur une série d'attentats à la bombe qui avaient traumatisé le pays dans les années 80.

Source : AFP

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