Gaz de schiste: Montebourg recadré par Ayrault

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AFP

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a sévèrement recadré jeudi Arnaud Montebourg pour ses propos en faveur de la création d'une compagnie publique pour exploiter de manière écologique le gaz de schiste, une semaine après le limogeage express de Delphine Batho de son poste de ministre de l’Écologie.

Le ministre du Redressement productif a déclaré mardi lors d'une audition à l'Assemblée nationale croire "qu'on arrivera avec la technologie dans très peu de temps au gaz de schiste écologique, où il n'y a pas de pollution".

M. Montebourg a alors estimé que, dans ces conditions, il ne faudrait pas fermer la porte à leur exploitation et la confier à une "compagnie nationale publique" qui financerait ainsi notamment la transition énergétique. Il a souligné qu'il s'exprimait à "titre personnel".

Depuis Bucarest, où il effectue un déplacement de deux jours, Jean-Marc Ayrault a remis le ministre à sa place. Il a averti, devant la presse, qu'il était "exclu d'exploiter des gaz de schiste en France", et que "cette position sera évidemment maintenue". Dans ce dossier, comme dans les autres, il a dit qu'"il n'y avait qu'une politique au gouvernement".

La "position du gouvernement français consiste à travailler à préparer la transition énergétique, et le gaz de schiste n'est pas dans l'équation du gouvernement", a-t-il affirmé.

Interrogé par l'AFP sur la question de savoir si les propos de M. Montebourg valaient plus qu'un recadrage, l'entourage du Premier ministre s'est refusé à toute déclaration.

La fracturation hydraulique, seule technique existant aujourd'hui pour extraire les gaz ou pétrole de schiste des sous-sols, a été interdite en France au cours de l'été 2011 en raison des risques qu'elle présente pour l'environnement, notamment pour les nappes phréatiques.

"Nuisible à l'écologie et au gouvernement"

La déclaration du Premier ministre répond à la question lancée jeudi matin par Mme Batho, limogée du gouvernement la semaine dernière en quelques heures pour avoir jugé "mauvais" son budget. Elle a demandé au chef du gouvernement de lever "l'ambiguïté permanente qui est entretenue sur cette question".

Le ministre du Redressement productif avait été, dans un premier temps, recadré mercredi soir par le nouveau ministre de l’Écologie Philippe Martin.

La question de l'exploitation "écologique" des gaz de schiste "ne se pose" pas, notamment à cause du bilan carbone "très négatif" des forages, avait dit M. Martin, en précisant que sa position n'était pas "personnelle", mais était bien "celle du gouvernement".

Une autre critique est venue du ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, qui a estimé que ce n'était "pas cohérent avec le choix fait lors de la conférence environnementale".

Jean-Vincent Placé, président du groupe écologiste au Sénat, a lui estimé que M. Montebourg était désormais "nuisible à l'écologie, nuisible au gouvernement". Il "sait que ce n'est pas la position du gouvernement, sait que ce n'est pas la position du président de la République (...) et il en rajoute une couche", a-t-il déclaré, évoquant une possible "provocation".

Ses déclarations peuvent-elles nuire à l'avenir du ministre du Redressement productif au sein du gouvernement ? Le chef de file des députés PS, Bruno Le Roux, a estimé jeudi matin que M. Montebourg était allé "trop vite", mais que "bien entendu on ne le sort pas du gouvernement".

En novembre, François Hollande avait déclaré que la recherche de techniques alternatives à la fracturation hydraulique continuait et qu'il "prendr(ait) ses responsabilités" si une nouvelle technique apparaissait. "Je laisse les entreprises et les chercheurs y travailler et je prendrai mes responsabilités le moment venu".

Selon un proche du chef de l’État, "Montebourg n'est pas en contradiction avec ce que dit François Hollande" sur la recherche de techniques propres pour extraire le gaz de schiste. Quant à la compagnie publique, "c'est l'opinion de Montebourg" mais "ça n'a rien à voir avec les déclarations de Batho qui, elle, a rompu la règle de solidarité sur le budget".

Dans deux communiqués distincts, le député PS du Nord Christian Bataille et le président du groupe sénatorial dominé par les radicaux de gauche, Jacques Mézard (PRG), ont apporté leur soutien à M. Montebourg.

Source : AFP

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