Birmanie: les militants appellent le président à tenir sa promesse

  • Le président birman Thein Sein (c) à l'aéroport international de Rangoun, le 14 juillet 2013
    Le président birman Thein Sein (c) à l'aéroport international de Rangoun, le 14 juillet 2013 AFP/Archives - Soe Than Win
  • L'opposante birmane Aung San Suu Kyi fête ses 68 ans au siège de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie, le 19 juin 2013
    L'opposante birmane Aung San Suu Kyi fête ses 68 ans au siège de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie, le 19 juin 2013 AFP/Archives - Ye Aung Thu
  • Des Rohingyas rassemblés dans un camp de déplacés à Sittwe, le 15 mai 2013 dans l'Etat de Rakhine en Birmanie
    Des Rohingyas rassemblés dans un camp de déplacés à Sittwe, le 15 mai 2013 dans l'Etat de Rakhine en Birmanie AFP/Archives - Soe Than WIN
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AFP

Des militants ont appelé mardi le président birman Thein Sein à "transformer ses paroles en actes" au lendemain de sa promesse de libérer tous les prisonniers politiques d'ici la fin de l'année.

"Je vous garantis que d'ici la fin de cette année il n'y aura plus de prisonniers d'opinion en Birmanie", a déclaré Thein Sein lundi lors d'une visite à Londres.

Depuis la dissolution de la junte en mars 2011, l'ancien général, crédité de réformes politiques et économiques spectaculaires, a libéré en plusieurs vagues des centaines d'opposants, moines, journalistes ou avocats emprisonnés pour leur militantisme.

Mais il a aussi été accusé par les défenseurs des droits de l'Homme d'utiliser ces amnisties pour gagner les faveurs des capitales étrangères au moment d'échéances diplomatiques importantes.

"Le président Thein Sein est très bon en relations publiques, mais il doit transformer ses paroles en actes", a déclaré Bo Kyi, de l'Association d'assistance aux prisonniers politiques (AAPP), estimant à plus de 150 le nombre de prisonniers de conscience se trouvant encore derrière les barreaux.

En outre, des dizaines d'autres militants attendent d'être jugés, notamment pour avoir manifesté sans autorisation, a-t-il noté, estimant ainsi que le président aurait du mal à tenir sa promesse.

"Pour l'instant, l'état de droit est très faible. Il y a toujours des arrestations arbitraires et il n'y a pas de procès justes".

La junte au pouvoir pendant près d'un demi-siècle avait toujours nié l'existence de prisonniers de conscience. Mais en novembre dernier, Thein Sein avait annoncé la création d'un comité pour "définir" les prisonniers politiques au sein de la population carcérale.

Le nouveau régime a d'autre part aboli la censure et permis le retour au sein du jeu politique de l'opposante Aung San Suu Kyi, aujourd'hui députée. Ces réformes ont permis la levée de presque toutes les sanctions occidentales.

Naypyidaw est également parvenu à des accords avec tous les groupes armés des minorités ethniques, qui n'avaient pas pacifié leurs relations avec le pouvoir central depuis l'indépendance en 1948.

Si aucun cessez-le-feu proprement dit n'a pour l'instant été signé avec les rebelles kachins, dans l’extrême nord du pays, les négociations ont considérablement progressé et le président a émis l'espoir lundi de mettre un terme rapidement à des décennies de conflits partout dans le pays.

Les militants continuent de dénoncer les violations des droits de l'Homme

"Il est très possible que nous obtenions dans les prochaines semaines un cessez-le-feu à l'échelon national et que les armes se taisent en Birmanie pour la toute première fois depuis plus de 60 ans", a-t-il ainsi déclaré à Londres.

"Des discussions difficiles suivront et de durs compromis devront être trouvés. Mais cela doit être fait", a-t-il ajouté.

Malgré tout, des accrochages ont toujours lieu entre armée et rebelles, surtout dans l'Etat Kachin (nord). Et les militants continuent de dénoncer les violations des droits de l'Homme: travail forcé, arrestations arbitraires et saisies de terre dans plusieurs régions, notamment dans l'Etat Karen, à l'est du pays.

"Nous savons d'expérience que nous ne pouvons pas faire confiance à l'armée birmane", a ainsi souligné Htoo Ku Hsa Say, représentant d'une association karen en Grande-Bretagne, appelant au retrait de toutes les troupes birmanes de cette région frontalière de la Thaïlande.

Le Premier ministre britannique David Cameron a lui aussi appelé Thein Sein à défendre les droits de l'Homme, lors d'une rencontre historique à Downing Street.

"Nous sommes particulièrement inquiets au sujet de ce qui s'est passé en (Etat) Rakhine et (au sujet) des musulmans Rohingyas", a-t-il déclaré.

En 2012, des affrontements communautaires entre musulmans de la minorité apatride des Rohingyas et bouddhistes de l'ethnie rakhine avaient fait plus de 200 morts et 140.000 déplacés.

Les violences anti-musulmans se sont ensuite propagées dans d'autres régions du pays où plus de 40 personnes ont été tuées, mettant en lumière une islamophobie latente dans un pays majoritairement bouddhiste.

Thein Sein a promis une "tolérance zéro" pour ceux qui "alimentent ces haines ethniques".

Source : AFP

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