Transition énergétique: des recommandations contestées par le Medef

  • Des panneaux solaires
    Des panneaux solaires AFP/Archives - Jean-Christophe Verhaegen
  • Une éolienne dans un champ
    Une éolienne dans un champ AFP/Archives - Frank Perry
Publié le
AFP

Au terme de près de neuf mois de débats sur l'avenir énergétique de la France, le Medef a fait monter la pression en annonçant qu'il pourrait refuser d'endosser les "recommandations" finales du processus "sauf changement majeur" lors de la dernière journée ce jeudi des discussions censées nourrir une future loi.

"A ce stade, sauf changement majeur, le Medef n'envisage pas d'endosser en tant que tel ce document qui est un document de synthèse et qui comporte de nombreux points qui ne font pas l'objet d'un consensus", a assuré à l'AFP le directeur général du Medef, Michel Guilbaud.

Le projet de texte final soumis aux acteurs du débat (entreprises, syndicats, ONG, élus, experts) propose quinze recommandations tentant de concilier les intérêts divergents tout en laissant ouverts certains désaccords de fond comme l'objectif d'économies d'énergie ou le nucléaire.

Plutôt consensuelles sur le financement de la rénovation énergétique des bâtiments, ces propositions font apparaître explicitement les divergences restantes, laissant au gouvernement le soin de les arbitrer.

Si le Medef venait à ne pas endosser les recommandations au terme de la dernière journée, le comité de pilotage pourrait décider de présenter le texte final au gouvernement comme une "synthèse" des débats mais plus comme les recommandations des acteurs, indiquait jeudi matin un membre du comité.

La dernière séance plénière du débat, à partir de 10H00 ce jeudi à Paris, doit permettre d'entériner quinze recommandations. Celles-ci ont été rédigées au terme d'un processus rythmé par neuf réunions plénières réunissant tous les acteurs mais aussi des réunions de groupes de travail spécialisés (financement, renouvelables, etc.) et les auditions de nombreux experts.

Elles seront officiellement remises au gouvernement le 20 septembre lors de la Conférence environnementale annuelle et doivent nourrir une loi de programmation énergétique présentée à l'automne au conseil des ministres et débattue début 2014 au Parlement.

Prudence

L'objectif global est d'esquisser une France consommant moins d'énergie et utilisant moins de nucléaire et d'énergies fossiles, à la fois pour tenir les engagements internationaux contre le changement climatique (diviser par 4 nos émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050 par rapport à 1990) et pour rééquilibrer une balance commerciale plombée par les importations de pétrole et de gaz.

Prudence

Les divergences portent notamment sur l'évolution de la consommation énergétique.

Les recommandations évoquent l'objectif de réduction de 50% de la consommation d'ici 2050 tout en soulignant prudemment, selon un projet transmis mardi soir aux membres du débat, que "ce cap est ambitieux et ne fait pas consensus".

Certains acteurs, dont les entreprises, jugent cet objectif "excessif car contraire à la compétitivité à court terme" et proposent une cible de -20%.

Le Medef s'oppose d'ailleurs à ces prises de position sur la baisse du nucléaire et sur la division par deux de la demande énergétique en 2050.

Autre sujet que le gouvernement aura à trancher: la façon de mettre en musique l'engagement de François Hollande, contesté par certains, de réduire de 75% à 50% la part du nucléaire dans la production d'électricité.

Pas question à ce stade d'avancer un éventuel calendrier, mais plutôt de lancer "une étude pluraliste de faisabilité pour préciser les trajectoires" permettant de respecter l'engagement de M. Hollande.

Même prudence des recommandations sur le gaz de schiste, autre sujet de désaccord pour lequel est préconisée une étude socio-économique, environnementale et climatique.

Les débat ont néanmoins permis des "rapprochements" sur d'autre sujets, selon le comité de pilotage.

"Une des grandes avancées concerne l'efficacité dans le bâtiment, c'est là qu'on peut réussir la transition énergétique", affirme le secrétaire général du débat Thierry Wahl. Les recommandations devraient ainsi comporter des propositions précises sur la façon de financer la rénovation de 500.000 logements par an.

D'autres propositions concernent le soutien aux énergies renouvelables ou les transports, comme le développement du partage des voitures ou la réduction des vitesses.

Autant de mesures scrutées par les alliés écologistes du gouvernement, à fleur de peau depuis l'éviction de la ministre de l'Ecologie Delphine Batho, remplacée par Philippe Martin.

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?