Après le Tour de France, l'Aveyronnais Alexandre Geniez ira à la Vuelta

Noir désir à plein badin. Sandales et T-shirt sur short de ville. Le grimpeur de la FDJ.fr profite de son domicile primaubois après trois semaines passées dans le tumulte d’un 100e Tour de France qui l’aura notamment vu terminer 4e au Grand-Bornand (19e étape). Juste rentré de Flavin, où ses parents l’attendaient avec impatience-farçous et tarte à l’abricot sur la table- celui qui arborait à 25ans le dossard 76 sur les routes de France jusqu’à dimanche soir s’est prêté hier au jeu du traditionnel bilan depuis son salon.

POUR LES JOURS À VENIR: CRITÉRIUMS, VTT ET... SA TROISIÈME VUELTA

Qu’on se le dise: après un Tour, on n’a pas droit aux vacances ! "Alex" a même un programme bien chargé pour les prochains jours: "D’abord, il faut que je récupère, même si je n’ai pas fini ratatiné. Je vais profiter de la famille et des amis jusqu’à vendredi. Même si je remonterai sur le vélo un peu demain matin, jeudi et aussi vendredi. Direction ensuite le Pays basque pour la classique San Sebastián (samedi) et des critériums lundi, mardi, mercredi à Marcolès (près de Maurs dans le Cantal où rouleront aussi Rolland et Voeckler), et samedi. Puis je couperai avec le vélo. Mais le 10 août, je rattaquerai car, nouvelle fraîche,  je pars sur la Vuelta le 24 août !"

Un Tour d’Espagne, son 3e, qui ne lui laisse pas que de bons souvenirs. "Ça, c’est clair ! La canicule là-bas, ce n’est pas celle d’ici. Ce sont des températures à plus de 40°C !" Pourtant, "après réflexion, j’ai dit “oui” pour y aller. J’ai senti qu’ils (ses directeurs sportifs) voulaient que j’y aille." Pour épauler en montagne son leader Thibaut Pinot, comme ce qui était prévu sur la Grande Boucle. "Ils ont vu qu’ils pouvaient me faire confiance, que je faisais le boulot, que je ne pensais pas qu’à ma gueule. Que j’avais aussi fait le boulot en juin en ne mettant pas tout sur le Dauphiné pour ne pas finir cramé sur le Tour." Sa fin de saison sera éclectique: "Il y a les championnats du monde (en Italie, fin septembre), mais les places seront très chères, je n’y crois pas trop. Je m’alignerai normalement sur le Roc d’Azur (course mythique à VTT, à Fréjus en octobre) et le cyclo-cross de Rodez me tente bien..."

LES CHAMPS-ÉLYSÉES POUR LE MEILLEUR, LES PYRÉNÉES POUR LE PIRE

Si l’ancien vététiste ne devait garder que deux images, une bonne et une mauvaise, de son premier Tour ? "L’arrivée sur les Champs avec la patrouille de France face à nous quand on y entre et tout ce monde sur le bord. Là, comme lors du départ en Corse, on se dit: “Ah ouais, on y est”." Côté négatif : "Pfff, les Pyrénées. Et cet incroyable dimanche (9e étape) où je suis décroché dans la première bosse. Les jambes sont explosées et à ce moment-là, c’est très, très dur dans la tête. Je me dis, si c’est comme ça dès la première semaine, ça promet pour aller jusqu’aux Champs.” Au global, le 100e Tour a été "fabuleux", pour un «Alex» persuadé qu’il "restera dans les annales, si ce n’est par les coureurs qui l’ont fait, grâce aux sites visités la Corse, le Mont Saint-Michel, l’Alpe-d’Huez, Le Ventoux, les Champs, et aux scenario des étapes."

DÉCEPTION COLLECTIVE, SATISFACTION PERSONNELLE

"On attendait mieux pour le général. Mais ce sont les aléas du sport. Thibaut a peut- être trop couru avant le Tour, je ne sais pas... Après sa descente (sur les freins) à Ax, il a décroché dans la tête et est tombé malade", indique l’Aveyronnais pour répondre aux interrogations qui entourent la prestation de la FDJ.fr cette année avec un Thibaut Pinot décevant et une 14e place au général par équipes. Mais pour celui qui devait être le lieutenant du Franc-Comtois, et qui a eu carte blanche dans les Alpes après son abandon, le bilan personnel est plus que positif. Avec en point d’orgue sa belle 4e place lors de la 19e étape au prix d’efforts intenses et d’une dernière descente tout feu tout flamme. "Ça m’a changé le Tour. Ce n’était pas une victoire mais c’est une place respectable." Le Rouergat aura aussi montré des qualités de rouleur sur ces trois semaines, notamment lors des chronos: "Je regrette un peu de ne pas avoir changé de vélo (passer d’un route à un de chrono) sur le deuxième (26e, 17e étape). Et 35e sur le plat (au Mont Saint-Michel, 11e étape), ce n’est pas si mal pour un grimpeur." "Cette année, j’ai plutôt bien marché sur les chronos. Je commence à me connaître mieux, à savoir comment m’échauffer de façon plus performante. Puis chez Argos, sur les chronos, je ne faisais que calculer les délais..." Une nouvelle corde à son arc qui pourrait le propulser, dans un futur plus ou moins proche, à la tête d’une équipe ? "Oulà... Mon rêve déjà serait d’avoir un jour à jouer le maillot de la montagne sur le Tour ou un autre grand Tour."

LE PUBLIC ET LA PRESSION MÉDIATIQUE

Avec son premier Tour, «Alex» a goûté à la folie qui entoure l’événement. Côté public, toujours plus nombreux. Et côté média, accrédités par milliers et venus du monde entier. "J’ai mis le frein. Je faisais le tri dans toutes les demandes. Quand je ne connaissais pas le journaliste ou le numéro, je ne répondais pas", raconte celui qui, fidèle à son caractère, disait déjà au soir de sa 4e place "ne pas courir après la médiatisation mais après les performances." D’autres ont couru à côté de lui, notamment en montagne. Une foule dangereuse comme lors de l’étape du Ventoux "où une bagarre a éclaté devant moi et un coup m’a tordu la cocotte sans, par miracle, me faire tomber".