Tunisie: un islamiste recherché après l'assassinat de Brahmi

  • Tunisie: un salafiste impliqué dans l'assassinat des opposants
    Tunisie: un salafiste impliqué dans l'assassinat des opposants Tunisia 1/AFP - -
  • Le ministre de l'Intérieur Ben Jeddou lors d'une conférence de presse le 26 juillet 2013 à Tunis
    Le ministre de l'Intérieur Ben Jeddou lors d'une conférence de presse le 26 juillet 2013 à Tunis AFP - Fehti Belaid
  • "La partie des finie, Ghanouchi dégage" peut-on lire sur la pancarte d'un manifestant le 26 juillet 2013 à Tunis
    "La partie des finie, Ghanouchi dégage" peut-on lire sur la pancarte d'un manifestant le 26 juillet 2013 à Tunis AFP - Fehti Belaid
  • Un portrait du salafiste Boubaker Hakim diffusé sur un écran géant pendant une conférence de presse du ministère de l'Intérieur tunisien, le 26 juillet 2013 à Tunis Un portrait du salafiste Boubaker Hakim diffusé sur un écran géant pendant une conférence de presse du ministère de l'Intérieur tunisien, le 26 juillet 2013 à Tunis
    Un portrait du salafiste Boubaker Hakim diffusé sur un écran géant pendant une conférence de presse du ministère de l'Intérieur tunisien, le 26 juillet 2013 à Tunis AFP - -
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AFP

Les autorités tunisiennes ont annoncé vendredi rechercher activement un islamiste radical, suspect numéro un dans l'assassinat de l'opposant Mohamed Brahmi et celui quelques mois plus tôt de Chokri Belaïd, tués selon elles avec la même arme.

L'assassinat jeudi de cette figure de l'opposition de gauche, cinq mois après celle de Belaïd, a provoqué un nouveau choc dans le pays où une grève générale a été observée vendredi et des manifestations pour et contre le pouvoir islamiste du parti Ennahda ont été organisées. A Gafsa (centre-ouest), un manifestant a été tué.

Vingt-quatre heures après l'assassinat de Brahmi, le gouvernement a publié une liste de 14 personnes -des extrémistes radicaux, certains appartenant à Ansar Ashariaa, principale organisation salafiste en Tunisie-, impliquées dans les deux meurtres.

Quatre ont été arrêtées, huit sont en fuite, dont Boubaker Hakim, présenté comme le principal suspect, et deux sont en liberté conditionnelle, selon le ministre de l'Intérieur.

Boubaker Hakim, 30 ans, est "un élément terroriste parmi les plus dangereux, objet de recherches au niveau international", a indiqué le ministre Lotfi Ben Jeddou.

Natif de Paris, il était déjà recherché en Tunisie pour détention et trafic d'armes, a ajouté M. Ben Jeddou précisant qu'il avait échappé récemment à la police et que de nombreuses armes avaient été retrouvées à son domicile.

Selon le ministre, "l'arme utilisée pour abattre Mohamed Brahmi est la même qui a servi à tuer Chokri Belaïd".

L'autopsie a montré que l'opposant avait été atteint par 14 balles de 9 millimètres, a indiqué le bureau de Procureur de la République.

Balkis, sa fille de 19 ans, a raconté vendredi à l'AFP les circonstances de l'assassinat de son père par deux hommes à moto devant le domicile familial près de Tunis.

"Vers midi, nous avons entendu des coups de feu et les cris de douleurs de mon père, nous sommes sortis mon frère, ma mère et moi pour le trouver le corps criblé de balles au volant de sa voiture garée devant la maison", a témoigné la jeune fille.

Le corps de l'opposant sera inhumé samedi à Tunis au cimetière d'El Jallez au côté de Chokri Belaïd, a indiqué à l'AFP son épouse.

"Pousser la transition démocratique vers l'échec"

Le chef de Nidaa Tounes, principal parti d'opposition, a imputé au gouvernement la responsabilité de l'assassinat, estimant que "si ce gouvernement avait dévoilé l'identité des commanditaires et des tueurs de Chokri Belaïd, nous n'en serions pas là".

Le meurtre de Belaïd avait plongé le pays dans sa plus grave crise politique depuis le soulèvement de 2011.

Vendredi, des centaines de personnes ont manifesté à Tunis pour réclamer la chute du gouvernement dirigé par Ennahda qu'ils désignent comme responsable de la mort de l'opposant.

Des manifestations ont eu lieu en province, faisant un mort à Gafsa, où la police a dispersé au gaz lacrymogènes une marche nocturne simulant des funérailles de l'opposant assassiné.

Mohamed Moufti, 45 ans, a été mortellement blessé dans la nuit de vendredi à samedi par une bombe lacrymogène qui l'a atteint à la tête, quand les manifestants ont tenté d'envahir le siège de la préfecture, selon un journaliste de l'AFP.

Dans l'après-midi, ce sont les partisans du gouvernement qui ont manifesté. Encadrés par la police et un service d'ordre, ils ont parcouru une partie de l'Avenue centrale Habib Bourguiba ouverte à la circulation.

La presse tunisienne a mis l'accent sur les risques de déstabilisation après le meurtre de Mohamed Brahmi.

"Étincelle d'une déstabilisation", titrait le quotidien La Presse. Pour l'analyste Sami Brahem, l'assassinat de Brahmi comme celui de Bélaïd vise à "pousser la transition démocratique vers l'échec".

L'assassinat a d'ailleurs eu ses premières conséquences politiques: le parti de Kamed Morjane, ancien ministre du président déchu Ben Ali, a annoncé le retrait de ses cinq députés de l'Assemblée nationale constituante (ANC).

Dans la soirée des partis d'opposition ont annoncé le retrait de 37 autres députés pour réclamer la dissolution de l'ANC et la chute du gouvernement.

La présidence a décrété vendredi journée de deuil national, et la puissante centrale syndicale UGTT a appelé à la grève générale.

Les rues de Tunis étaient désertées, nombre de commerces fermés, et le tramway tournait presque à vide tandis que de très nombreux vols ont été annulés.

A l'intérieur du pays, la grève a été très suivie y compris dans le secteur privé, et des sit-in organisés à Sidi Bouzid, Kasserine, Gafsa (centre-ouest) et au Kef (nord-ouest).

La grève était particulièrement suivie à Sidi Bouzid, ville natale de l'opposant assassiné et point de départ de la révolte qui a renversé le régime de Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2011.

Source : AFP

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