Espagne: le chauffeur du train entendu par un juge

  • Fleurs et bougies déposées le 27 juillet 2013 à Saint-Jacques de Compostelle en hommmage aux victime du train qui a déraillé
    Fleurs et bougies déposées le 27 juillet 2013 à Saint-Jacques de Compostelle en hommmage aux victime du train qui a déraillé AFP - Rafa Rivas
  • Deux personnes le 27 juillet 2013 à Angrois devant la locomotive du train qui a déraillé près de Saint-Jacques de Compostelle
    Deux personnes le 27 juillet 2013 à Angrois devant la locomotive du train qui a déraillé près de Saint-Jacques de Compostelle AFP - Rafa Rivas
  • Les bagages des voyageurs sont emportés par des proches le 27 juillet 2012 à Saint-Jacques de Compostelle Les bagages des voyageurs sont emportés par des proches le 27 juillet 2012 à Saint-Jacques de Compostelle
    Les bagages des voyageurs sont emportés par des proches le 27 juillet 2012 à Saint-Jacques de Compostelle AFP - Rafa Rivas
  • Un wagon du train qui a déraillé, est tiré par un camion le 27 juillet 2013 à Angrois près de Saint-Jacques de Compostelle
    Un wagon du train qui a déraillé, est tiré par un camion le 27 juillet 2013 à Angrois près de Saint-Jacques de Compostelle AFP - Rafa Rivas
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AFP

Le conducteur du train qui a déraillé à Saint-Jacques de Compostelle, faisant 78 morts, est entendu ce dimanche par un juge, accusé "d'homicide par imprudence", pendant que la ville de pèlerinage, parsemée de fleurs et de bougies, se préparait à rendre hommage aux victimes.

Légèrement blessé dans l'accident de mercredi, Francisco José Garzon Amo, 52 ans, est sorti samedi de l'hôpital pour être transféré au commissariat. En garde à vue depuis jeudi pour une durée maximale de 72 heures, il doit être entendu par un juge avant dimanche soir.

Tandis que deux enquêtes, l'une judiciaire et l'autre administrative, ont été ouvertes, les autorités mettaient en cause le conducteur, un cheminot à la longue expérience professionnelle, accusé "d'homicide par imprudence" pour ne pas avoir freiné à temps à l'entrée d'un tronçon où la vitesse autorisée passe de 220 à 80 kilomètres/heure.

Une fois identifiés les corps des 78 personnes tuées dans cette catastrophe ferroviaire, la plus meurtrière en Espagne depuis 1944, Saint-Jacques de Compostelle commençait à panser ses plaies avant les funérailles solennelles prévues lundi soir.

Déposant dans la cathédrale ou sur la grande place de l'Obradoiro, qui lui fait face, des fleurs, des bougies ou des petits mots anonymes, des pèlerins du monde entier partageaient la douleur des habitants et des familles.

"C'est la sixième fois que je fais le chemin de Saint-Jacques. Cela nous touche beaucoup, à Arzua, une localité voisine, nous avons vu qu'ils enterraient une victime", racontait un pèlerin prénommé Pedro, arrivé de Cantabrie, dans le nord de l'Espagne. "Comme croyant, je me demande comment Saint-Jacques a pu permettre cela", ajoutait cet homme de 69 ans à la barbe grise, portant la cape et le bâton de pèlerin.

L'accident s'est produit mercredi à 20H42 (18H42 GMT) au moment où le train en provenance de Madrid, un modèle pouvant s'adapter aux voies classiques ou à grande vitesse, abordait un virage très serré à quatre kilomètres de Saint-Jacques de Compostelle. A cet endroit, la voie n'est pas équipée d'un système de freinage automatique du train s'il dépasse la limite de vitesse.

Selon la feuille de route du train, dont le journal El Mundo reproduit dimanche un extrait, le convoi, en arrivant dans le délicat virage de A Grandeira, devait quitter un tronçon où il était autorisé à rouler à 220 km/h pour réduire sa vitesse à 80.

Mais, souligne le journal, "le fait surprenant est que cet itinéraire laisse le conducteur décider du moment et de la manière de commencer à décélérer. C'est-à-dire que Garzon devait décider quand freiner pour entrer dans le virage à 80 km/h. Rien ne lui disait comment ni où le faire".

Que s'est-il passé dans la cabine de pilotage juste avant 20H42? Le conducteur, qui exerce ce métier depuis 2003 et avait déjà parcouru 60 fois cette ligne, s'est-il laissé distraire?

"Déjà, quatre kilomètres avant le lieu de l'accident, il s'est vu notifier de commencer à ralentir", avait souligné samedi le président du gestionnaire du réseau Adif, Gonzalo Ferre.

El Mundo affirmait, citant des sources proches de l'enquête, que le conducteur parlait au téléphone portable au moment du drame.

Mais dans la petite ville galicienne de Monforte de Lemos, où vit le cheminot, certains de ses proches voulaient le défendre. "C'est un excellent professionnel. C'est le premier accident qu'il ait jamais eu. Il n'a jamais commis la moindre faute", a témoigné Antonio Rodriguez, un délégué syndical qui a rejoint la Renfe, la compagnie de chemin de fer, la même année que Garzon, en 1982.

Deux éléments jouent en la défaveur du conducteur: une retranscription d'une communication radio, révélée par le quotidien El Pais, dans laquelle il admet qu'il circulait à 190 km/h au lieu de 80, et une vidéo de quelques secondes diffusée sur l'internet, semblant provenir d'une caméra de sécurité et montrant un train fou, surgissant à l'entrée du virage avant de sortir des rails et de se coucher sur le côté.

Parmi les 78 morts figurent huit étrangers, dont un Français. Sur les 178 blessés, 71 étaient toujours hospitalisés, dont 31 dans un état grave.

Samedi, puis dimanche, les familles sont venues récupérer les bagages de leurs proches. En silence, le visage fermé, elles sortaient de la salle de sport aménagée à cet effet, en emportant les valises.

Source : AFP

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