Dernière ligne droite du procès du courtier de Goldman "Fab le fabuleux"

  • Fabrice Tourre, l'ex-courtier de Goldman Sachs surnommé "Fab le fabuleux", le 30 juillet 2013 à New York
    Fabrice Tourre, l'ex-courtier de Goldman Sachs surnommé "Fab le fabuleux", le 30 juillet 2013 à New York AFP - Emmanuel Dunand
  • Fabrice Tourre, l'ex-courtier de Goldman Sachs surnommé "Fab le fabuleux", le 24 juillet 2013 à New York
    Fabrice Tourre, l'ex-courtier de Goldman Sachs surnommé "Fab le fabuleux", le 24 juillet 2013 à New York AFP/Archives - Stan Honda
Publié le
AFP

Le procès de Fabrice Tourre, l'ex-courtier de Goldman Sachs surnommé "Fab le fabuleux" et accusé par le gouvernement américain d'avoir trompé des investisseurs, est entré mardi dans sa dernière ligne droite.

Le gendarme boursier (SEC) accuse le Français de 34 ans de "fraude" lors de la commercialisation début 2007 d'un placement complexe, "Abacus", adossé à des emprunts hypothécaires à risque (subprime), quelques mois avant l'éclatement de la crise du marché immobilier.

Une condamnation du Français serait une victoire pour la SEC, très critiquée pour avoir été incapable d'empêcher la crise et pour ses difficultés à faire condamner des responsables.

M. Tourre risque, lui, une amende et la restitution des gains mal acquis, assortis d'une interdiction d'exercer des fonctions liées aux marchés. Si Goldman Sachs paie toujours ses frais d'avocats, il a quitté la banque d'affaires et veut selon ses avocats devenir "enseignant".

"Je pense que nous avons été en mesure de démontrer que Fabrice n'avait rien fait de mal, après trois années d'une presse négative et injuste", a déclaré à l'AFP son avocat Sean Coffey à la sortie du tribunal.

A coup d'extraits de courriels ou de dépositions et de chronologies diverses, les deux parties ont croisé le fer mardi.

Matthew Martens, l'avocat de la SEC, a dépeint M. Tourre comme un courtier expérimenté qui a "choisi" d'induire en erreur un intermédiaire clé, la société financière américaine ACA, sélectionnée pour former un portefeuille d'actifs immobiliers servant de collatéral au produit Abacus.

"C'était une transaction à 1 milliard de dollars pour nourrir l'avidité de Wall Street", a lancé l'avocat aux jurés.

"Si les produits financiers dont on parle dans ce procès sont complexes, la fraude concernée est très simple", a-t-il assuré.

La SEC a cherché à démontrer qu'un client de Goldman Sachs, le fonds spéculatif Paulson, qui a fait fortune en misant sur l'effondrement du marché des prêts "subprime", avait participé à la sélection des actifs sur lesquels était adossé Abacus, ce qui créait un "conflit d'intérêt" "déterminant" qui n'a "pas été dévoilé" à ACA ou aux acheteurs du produit, à savoir les banques néerlandaise ABN Amro et allemande IKB.

Selon la SEC, M. Tourre a tout fait pour maintenir ACA et sa directrice des investissements Laura Schwartz dans l'idée que M. Paulson pariait à la hausse du marché des subprime, et qu'il investissait dans Abacus dans cette vue.

Pour M. Martens, M. Tourre est coupable de "fraude" et "négligence" face aux investisseurs ayant acheté Abacus, qui ont perdu des centaines de millions de dollars alors que John Paulson engrangeait 1 milliard de dollars de gains et Goldman Sachs 15 millions de dollars de commissions.

M. Martens cite également Mme Schwartz déclarant que si elle avait su que Paulson pariait en fait à la baisse sur les "subprimes" et était fortement impliqué dans la conception d'Abacus, ACA n'aurait pas travaillé sur ce produit.

De son côté, l'avocat de la défense, Sean Coffey, a assuré que ACA et les acheteurs d'Abacus, ABN-Amro et IKB, étaient parfaitement au courant du fait que M. Paulson pariait à la baisse sur le marché des "subprime", comme en témoignaient de très nombreux articles de presse.

"Il est ridicule" de prétendre que ACA ignorait la position de Paulson, a-t-il estimé.

Il a rappelé qu'un témoin de l'accusation, Paolo Pellegrini, l'un des employés du fonds Paulson, avait dit sous serment qu'il avait informé Mme Schwartz que Paulson pariait à la baisse sur les subprimes et donc sur Abacus.

Il a en outre décrit IKB comme un investisseur "super sophistiqué" et "grand consommateur" de dérivés hypothécaires, ayant mené sa propre analyse quantitative d'Abacus.

M. Tourre n'a "jamais trompé les investisseurs", a-t-il martelé.

Pour Sean Coffey, la bonne foi de M. Tourre est prouvée par le fait que Goldman a perdu 90 millions de dollars en achetant de l'Abacus face à Paulson.

"La question est de savoir s'il y avait un plan pour tromper les investisseurs": "parfois, on se fait prendre à sa propre fraude", a rétorqué M. Martens.

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?