A Marseille, Ayrault, déterminé, annonce des renforts

  • Jean-Marc Ayrault à Marseille le 20 août 2013 avec en arrière-plan Manuel Valls et Christiane Taubira
    Jean-Marc Ayrault à Marseille le 20 août 2013 avec en arrière-plan Manuel Valls et Christiane Taubira AFP - Franck Pennant
  • Marseille: Ayrault engagé à faire reculer la violence
    Marseille: Ayrault engagé à faire reculer la violence AFP - Céline Cléry
  • Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, à Marseille, le 20 août 2013
    Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, à Marseille, le 20 août 2013 AFP - Boris Horvat
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AFP

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, venu mardi à Marseille avec cinq de ses ministres au lendemain d'un nouveau règlement de comptes mortel, a réaffirmé la "détermination sans faille" du gouvernement pour "faire reculer la violence", annonçant de nouveaux renforts.

Présent à ses côtés, Manuel Valls n'a pas eu la parole. Le ministre de l'Intérieur, qui s'illustre sur tous les fronts depuis le début de l'été, avait pourtant été le premier à annoncer son déplacement dans la ville, en tout début de matinée. Ce n'est que plus tard que Jean-Marc Ayrault a à son tour fait savoir qu'il s'y rendrait, une manière semble-t-il de reprendre en main le dossier.

Et pour mieux asseoir son autorité, il est arrivé accompagné de plusieurs autres ministres, au premier rang desquels la garde des Sceaux Christiane Taubira - qui n'a pas manqué d'échanger des sourires avec M. Valls une semaine après l'éclat sur la réforme pénale, ainsi que Marisol Touraine (Affaires sociales), Cécile Duflot (Logement), et la Marseillaise Marie-Arlette Carlotti (Handicap et exclusion).

Mme Carlotti a volé un instant la vedette au Premier ministre en annonçant sur Twitter, quelques minutes avant la conférence de presse officielle, les renforts policiers... avant d'effacer son message. Une erreur attribuée au gestionnaire de son compte, selon l'entourage de la ministre.

Passé ce petit couac, Jean-Marc Ayrault a annoncé la prochaine affectation de "24 policiers supplémentaires à la police judiciaire pour faire de l'enquête, de l'investigation, trouver les coupables et les remettre à la justice", et d'une "CRS supplémentaire", présente dès mercredi et pour au moins trois mois. Ces renforts s'ajoutent aux 230 hommes supplémentaires accueillis depuis un an.

Une mesure insuffisante pour le syndicat Alliance: "des renforts PJ, c'est bien pour le moyen et long terme. Une compagnie CRS, c'est éphémère. Il n'y a pour nous pas de vraies réponses aux questions cruciales qui se posent en ce moment à Marseille", a dit le délégué zonal adjoint David-Olivier Reverdy.

Pas de polémique

Par ce déplacement, le Premier ministre a dit vouloir "adresser un nouveau message de mobilisation et de confiance" après une succession de faits divers qui ont replacé la deuxième ville de France au coeur de l'actualité, un an après le comité interministériel du 6 septembre 2012.

"Il y a eu des drames ces derniers jours", a rappelé M. Ayrault: un étudiant de 22 ans égorgé en plein centre de Marseille le 9 août, un adolescent de 18 ans mortellement poignardé dimanche à coups de couteau près du Vieux-Port et dont l'un des agresseurs présumés a ensuite blessé légèrement un infirmier des urgences. Jean-Marc Ayrault, en se rendant également à l'hôpital de la Conception, a promis de renforcer la sécurité de ses soignants.

Lundi soir enfin, un homme de 25 ans mort criblé de balles au coeur du quartier touristique de l'Estaque, soit le 13e mort dans un règlement de comptes depuis le début de l'année.

Malgré ces drames, le Premier ministre a défendu sa stratégie et exhorté à la "patience". "Vous croyez que par un coup de baguette magique on va résoudre des problèmes d'une telle ampleur", a-t-il lancé, annonçant son retour en octobre pour mettre en marche notamment la métropole.

"Ce qui est le plus dur, c'est de casser les gangs et l'économie souterraine du trafic de drogue", mais la petite délinquance recule, a-t-il assuré. Ainsi, les atteintes aux personnes ont reculé de 13,6%, celles aux biens de 8,8%, les vols avec violence de 17,9% et cambriolages de 19,4%.

Il a par ailleurs refusé la "polémique", alors que le climat, sur fond de campagne municipale, attise les oppositions politiques, y compris au sein du PS local.

La sénatrice PS Samia Ghali, candidate à la primaire pour les municipales, a vivement réclamé des "mesures concrètes" et n'a pas caché sa déception à l'issue de la conférence de presse. Tandis que deux autres candidats, Mme Carlotti et le député Patrick Mennucci, jouaient au contraire la carte de la loyauté.

A droite, le sénateur-maire Jean-Claude Gaudin (UMP), qui devrait briguer en 2014 un quatrième mandat, s'en est pris au gouvernement. Alors que M. Valls a fermement critiqué son bilan en matière de sécurité, il s'est dit "stupéfait" et n'a pas interrompu ses vacances.

Le sénateur Bruno Gilles, qui le représentait, n'a pas mâché ses mots. "Un peu de sérieux, un peu de tenue: faire déplacer six ministres pour ne rien annoncer, c'est se moquer des Marseillais qui méritent bien mieux qu'un aller-retour médiatique plein de promesses sans lendemain", a-t-il jugé.

Au niveau national, l'opposition s'est montrée tout aussi critique, l'UMP évoquant une "impuissance tragique", le MoDEM un "discours brouillon" et le FN "un problème de décence dans ce mini-bus gouvernemental".

Source : AFP

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