Injures racistes : "Tout le monde entendait mais ignorait"

  • "Sur le coup, je n’étais rien", raconte Chamsidine Said, encore marqué.
    "Sur le coup, je n’étais rien", raconte Chamsidine Said, encore marqué. Eva Tissot/CP
Publié le , mis à jour
Max.R

Victime de propos à caractère raciste lors de la rencontre opposant son club, l'AS Montlaur à l'US Dourdou, Chamsidine Said raconte sa soirée et ce match de Coupe de France, disputé vendredi à Nauviale. "Sali" devant son fils, le Mahorais arrivé en Aveyron en 2009 a "encaissé" mais ne veut plus se taire. 

Chamsidine Said, le joueur de Montlaur, raconte sa soirée et ce match de Coupe de France, vendredi à Nauviale, au cours duquel il a été "sali". Devant son fils, ce Mahorais arrivé en Aveyron en 2009 a "encaissé" mais ne veut plus se taire. "Pour que ça cesse", il a décidé de parler et de dénoncer ce racisme pas si rare en Aveyron selon lui.

SA VERSION DES FAITS

"Tout le match, du début à la fin, mes coéquipiers et moi, on s’est fait insulter. Pas par un ou deux gars mais un groupe. Moi, j’ai continué, dans mon match. Puis à un moment, je prends un coup. Je suis à terre et j’entends des insultes: “Sale noir, sale nègre ! Vas-y, tu peux le cogner, c’est un noir il ne sert à rien”. Sur le coup, je n’étais rien", rapporte Chamsidine Said, stoppeur de l’AS Montlaur. "Ça n’a pas cessé. À un moment, c’était tellement insupportable que j’ai demandé à sortir. Je me suis assis sur le banc et je n’ai plus parlé. Si j’étais comme eux, j’aurais pu répondre. Je ne l’ai pas fait", ajoute celui qui est également arbitre. Avant de poursuivre: "À la fin du match, mon fils de 8 ans qui était au match me posait plein de questions. Il n’a pas compris pourquoi je me faisais insulter. En rentrant chez moi, j’étais dégoûté, en colère. Et je me posais une question: “Est-ce que ça vaut le coup de continuer à jouer, à arbitrer ? Ça m’a détruit." 

UN LAISSER-FAIRE MANIFESTE ?

Lorsque le joueur de Montlaur livre son témoignage, il transparaît un laisser-faire manifeste des acteurs de la rencontre: "Tout le monde entendait mais ignorait. À la fin du match, le capitaine de Dourdou est venu s’excuser. Même l’entraîneur adverse est venu me voir et m’a dit: “On n’est pas tous pareil”. Mais le mal était fait. J’avais signalé ces insultes à un dirigeant. Il m’avait répondu qu’il avait viré les gars. Mais après ils y étaient encore", raconte Chamsidine Said. Qui ne comprend pas non plus l’attitude de l’arbitre, Jacky Lazuech. "L’arbitre, que je connais, qui est un collègue, n’a rien fait. Moi-même, en tant qu’arbitre, j’ai été étonné. Il entendait et au lieu de convoquer les capitaines pour calmer le jeu, il n’a rien fait. Et j’ai été surtout étonné qu’il n’y ait rien dans la feuille de match." 

"LES DIRIGEANTS DU DISTRICT N’ONT PAS PU NE PAS ENTENDRE" 

Lorsqu’il a ouvert son journal hier et pris connaissance des réactions de Pierre Clot et Arnaud Delpal, deux des trois membres du District présents samedi à Nauviale, le sang du Montlaurais n’a fait qu’un tour. "Ils ont un problème d’audition, ça n’est pas possible, s’emporte-t-il. Ils étaient là et n’ont pas pu ne pas entendre." "Et quand je vois qu’ils disent que le foot aveyronnais n’est pas trop concerné par le racisme, c’est qu’ils ne veulent pas se mouiller. Il ne faut pas généraliser mais ils ont déjà eu connaissance de problèmes de ce type. Et moi, ça n’est pas la première fois que ça m’arrive." 

"QUE DOURDOU SOIT SANCTIONNÉ"

S’il va également envoyer une lettre au District pour y détailler sa version des faits et "voir ce qu’il (le District) va faire", Chamsidine Said compte également sur la future plainte "pour que ces comportements cessent. Parce que là, c’était moi mais après ça en sera un autre, un arabe, un noir, etc."Surtout, le joueur espère "que le club (Dourdou) sera sanctionné, qu’il assume. Si c’était le mien, je dirais la même chose. Là, le club savait, il connaît ces gens. Une fois sanctionné, peut-être qu’ils trouveront les personnes. Et que ce soit un exemple pour le foot."

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