Christine Sahuet: "L’artisanat résiste sur un territoire à part"

  • Christine Sahuet continuera a appuyer, entres autres, le dossier de l'apprentissage.
    Christine Sahuet continuera a appuyer, entres autres, le dossier de l'apprentissage. Rui Dos Santos/Centre Presse
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Rui Dos Santos

Christine Sahuet est présidente de la chambre de métiers de l'Aveyron. Elle a abordé avec nous la rentrée de l'artisanat.

Présidente de la chambre de métiers et de l’artisanat de l’Aveyron depuis le printemps 2011, appelée à prendre les rênes de l’interconsulaire en février prochain où elle succédera à Manuel Cantos, Christine Sahuet a accepté d’effectuer un tour d’horizon de la rentrée dans son établissement situé à Onet-le-Château.

Quels constats dressez-vous ?
Je vois, j’entends. Je ne suis pas dans ma bulle. D’autant que je le vis au quotidien au niveau de ma propre activité professionnelle (NDLR, elle est à la tête d’une métallerie serrurerie à Espalion, avec cinq salariés). Il y a des craintes, je dirai même des peurs, au niveau des entreprises. Les différentes mesures suscitent beaucoup de questions et provoquent ce climat. Le poids vient aussi du fait que la crise dure depuis un bon moment : trois ans pour certains mais sept ou huit pour d’autres.

L’artisanat est frappé de plein fouet ?
Il y a un ras-le-bol du passé et beaucoup de doutes dans l’avenir ! Outre le fait de rencontrer des difficultés pour trouver de la main-d’œuvre, les artisans ont fait le dos rond, ils ont puisé ensuite dans la trésorerie, avant de devoir toucher aux effectifs. Il y a deux tailles critiques: les artisans qui travaillent seuls et qui sont impactés à un point qu’ils doivent déposer le bilan ; puis ceux qui ont entre 15 et 20 salariés et qui sont contraints de réduire la voilure.

Paradoxe de ce tableau : les créations d’entreprises sont en hausse de 4 % entre 2010 et le 1er trimestre 2013 !
C’est vrai qu’il y a un gros décalage entre le ressenti et la réalité. Sur cette période, le solde net est positif avec l’enregistrement de 317 entreprises supplémentaires. Et la hausse est équilibrée dans les quatre familles majeures: alimentation, services, production, bâtiment. Le seul bémol concerne une diminution de 2 % du nombre de salariés.

Quelle est votre explication ?
L’artisanat résiste car l’Aveyron est un territoire un peu à part. On a la chance de posséder un maillage et de le garder. Il apporte des garanties et de la vie dans nos campagnes. Des offres de recrutement existent, les contrats d’apprentissage peuvent être signés jusqu'au mois de décembre. L’apprenti est devenu un étudiant des métiers et cette voie n’est plus le parent pauvre. Elle ne doit plus être un choix par défaut mais un choix de cœur et d’avenir. L’apprentissage est un ascenseur social pour s’installer.

Ressentez-vous une forme de fierté ?
Non ! D’autant que ce n’est pas le style de la maison. Je dirai plutôt que je suis vraiment satisfaite du travail d’équipe mené depuis mon élection, tant avec la centaine de collaborateurs que les élus du conseil d’administration. Si je devais être fière d’une chose, c’est d’être la présidente de tous les artisans, de toutes les corporations.

Quel dossier est en tête de gondole ?
Je continue de solliciter nos cinq parlementaires car députés et sénateurs sont les premiers à saluer la gestion drastique de notre établissement. Je m’attacherai à maintenir nos efforts dans ce sens. L’objectif avoué est de coller au terrain, à la demande, en mettant en place les outils pour le faire.

Quel regard portez-vous sur ces 30 mois avec une femme également (Nancy Destéfanis Dupin) comme secrétaire générale ?
Le renouveau n’a pas de sexe ! Si on a changé des choses, ce n’est pas parce qu’on est des femmes mais parce qu’il y avait des éléments qui faisaient défaut. On a certes mis notre griffe mais nous ne sommes pas des féministes. Je suis à mi-mandat, j’espère même n’en être qu’au quart, car cinq ans ne seront pas suffisants pour mener à bien tous les projets sur lesquels on œuvre. Du travail a été fait mais il en reste encore sur la planche.

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