Plombier à Flavin, Laurent Bon dit pourquoi il en a "ras-le-bol"

  • Laurent Bon manifestera demain à Rodez pour dire son ras-le-bol.
    Laurent Bon manifestera demain à Rodez pour dire son ras-le-bol. JAT/CP
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Pascal Laversenne

Plombier à Flavin depuis 2007, Laurent Bon en a ras-le-bol. TVA, fisc, bureaucratie, concurrence... Rencontre avec ce chef d'entreprise, "taggueur" occasionnel pour la Capeb, qui manifestera vendredi à Rodez.

L’espace de quelques nuits, Laurent Bon a troqué sa tenue de plombier contre celle de peintre. Il a été pris la main sur le pochoir par les policiers ruthénois à Bourran, alors qu’il "taguait" sur la chaussée ce slogan cher à la Capeb, l’organisation professionnelle des artisans du bâtiment: "Attention, un jour ça va péter."Une action qu’il assume, quand bien même entend-il qu’elle n’a pas été du goût de tout le monde. Un rappel à la loi plus tard, le Primaubois, qui ne cache pas son exil à Flavin pour amortir les effets de la CFE, n’a pas baissé les armes et fera partie, demain, du cortège qui se rassemblera à Rodez pour signifier son ras-le-bol.

L'autoentrepreneur dans le viseur

Dans le collimateur de celui qui s’est installé à son compte en 2007, le régime des autoentrepreneurs, évidemment. "Pour ma couverture sociale (le RSI, NDLR), je cotise à hauteur de 42% de mes bénéfices", lâche-t-il. Avant l’impôt sur le revenu, avant la CFE, venue se substituer avec fracas à la taxe professionnelle. C’est beaucoup, mais Laurent Bon "accepte la règle". "C’est pour moi, c’est pour ma retraite." En revanche, la fiscalité différente à laquelle sont assujettis les autoentrepreneurs ne passe pas. Lui en connaît peu, a du mal à mesurer la concurrence qu’ils représentent. "Ils se font discrets", lâche-t-il dans un sourire avant de poursuivre: "L’autoentrepreneur du vendredi après-midi ne me gêne pas. Il va mettre trois mois pour faire une salle de bain, quand je vois que pour nous, au bout de 15 jours, le client s’impatiente..." Finalement, Laurent Bon est plus sur le principe, d’égalité notamment. "Si tout le monde était pareil... Quand on parle de solidarité nationale..."

La TVA sur la rénovation ne passe pas

Et puis - et surtout-, ce qui ne passe pas dans le bâtiment, c’est la remise en cause de la TVA à taux réduit pour la rénovation, passée de 5,5 à 7% en 2011, et qui met le cap sur les 10%. Or, pour un artisan tel Laurent Bon, la rénovation, c’est 90% de l’activité. "Nous facturons entre 32 et 40€ l’heure de travail, hors TVA, quand l’autoentrepreneur-non assujetti- est à 20" peste le plombier. Pour lui, si à 5,5% de TVA, le client pouvait opter résolument pour l’artisan, son expérience, sa réputation ou son assurance décennale (de l’ordre de 3 500€ annuels pour un plombier, 6 000€ pour un maçon), la question va se poser différemment à 10%. "C’est un ensemble de petites choses", consent Laurent Bon, en empilant les exemples concrets, pour justifier la colère de ses homologues, à l’heure où beaucoup ont perdu de la visibilité. "Moi, j’ai 90 jours", glisse-t-il.

Mais à la question de savoir si certains n’avaient pas abusé en des temps meilleurs de la patience des clients, il répond, toujours sans détour : "Oui, il y a quelques années, on choisissait le travail, certains ne prenaient pas tout." Pour lui, les autoentrepreneurs -on y revient-, ont trouvé là une belle carte à jouer... "Mais moi, quand on m’appelle pour déboucher une chiotte, j’y vais." "Je me suis installé en 2007. Le temps de faire ma clientèle, je me suis retrouvé nez à nez avec la crise. Je n’ai jamais connu une visibilité à plusieurs mois..." Alors, tous ces soucis, Laurent Bon les exprimera demain à Rodez. À l’Urssaf, aux impôts, à la préfecture, aux quidams. Avant de retrouver une activité exigeante - "les 35 heures, on les a faites le mercredi soir" - sans regret aucun. Si ce n’est celui de ne pas apercevoir le bout du tunnel.

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