Célibat des prêtres: Léon Laclau, révoqué marié, sent la porte "grincer"

  • Le 29 avril 2007, à Asson, des paroissiens protestent contre le départ du père Léon Laclau
    Le 29 avril 2007, à Asson, des paroissiens protestent contre le départ du père Léon Laclau AFP/Archives - Daniel Velez
  • Léon Laclau, le 29 avril 2007 à Asson
    Léon Laclau, le 29 avril 2007 à Asson AFP/Archives - Daniel Velez
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AFP

Six ans après sa révocation dans un tourbillon médiatique, l'ex-prêtre Léon Laclau, heureux en mariage, affirme sentir, avec les propos récents du numéro 2 du Vatican, des "grincements" dans la porte jadis cadenassée sur le célibat des prêtres.

Et il pressent une ouverture, lui qui ces dernières années a reçu, entendu, des prêtres à la fois amoureux et déchirés.

"Ce n'est pas innocent". Léon Laclau en est convaincu : les déclarations du numéro 2 du Vatican Pietro Parolin à un journal vénézuélien sur le célibat des prêtres -- "pas un dogme, et on peut en discuter" -- ne relèvent pas de l'accident, de l'écart de langage.

"Cette porte, qui était cadenassée autant par Paul VI que Benoit XVI, semble avoir des grincements, elle commence à s'ouvrir. Même si je ne me fais pas d'illusions quand à la mise en pratique, l'abolition du célibat obligatoire. C'est un premier pas que je reçois positivement", déclare-t-il à l'AFP.

Il y a six ans, Léon Laclau, l'ancien "père Léon" d'Asson, village béarnais des Pyrénées Atlantiques, se trouvait au coeur d'un tourbillon médiatique. Son concubinage de 20 ans avec Marga, une veuve avec trois enfants, discrètement accepté des paroissiens, sortait sur la place publique: il refusait de rompre, était révoqué par l'évêché de Bayonne.

Pas d'allocations chômage, pas de formation, un bilan de compétences, des candidatures à emploi: Léon Laclau avoue avoir "un peu bourlingué" avant de rebondir aux Archives départementales à Pau. "J'ai eu beaucoup de chance de trouver un emploi rapidement à 55 ans", médite-t-il.

Avec le recul, Laclau se dit "pacifié. Je suis content d'avoir été prêtre, et content d'avoir ce que j'ai aujourd'hui". "Au départ, après la révocation, j'avais un goût d'inachevé. Je m'étais vu prêtre toute ma vie, et là, j'avais l'impression de tromper les gens. Même si leur réaction m'a fait réaliser que non, pas du tout".

"Mais dans ma foi, je savais que je n'avais pas trompé Dieu", affirme l'ancien prêtre de 62 ans, activement engagé dans l'associatif, le sport, et nourri de sa formation label Vatican II, "une période où l'Eglise avait ouvert ses portes et fenêtres pour s'intéresser au monde".

Nés cent ans trop tôt

Depuis sa révocation, Léon Laclau et son épouse disent avoir reçu maints courriers de soutien, des témoignages de prêtres engagés dans des relations, de femmes "aux témoignages très durs, qui ont souffert à cause de prêtres, qui ont connu des relations difficiles".

"On a aussi reçu deux couples, des prêtres en activité avec des compagnes. Et avec leurs évêques respectifs, c'est toujours la même chose: à partir du moment où le prêtre est bon et intéressant, la position c'est "+Ok, mais pas de bruit, pas de vagues+".

Plus encore qu'il y a quelques années, l'ex-père Léon s'en dit convaincu: "ces deux amours peuvent se vivre ensemble. Une vie amoureuse normale nous épanouit. Je me démenais encore plus quand j'étais prêtre aimé, et aimant".

"Car le contraire, qu'on le veuille ou non, le fait de brider ces énergies en nous, affectivité, sentiments, sexualité, il y a toujours quelque part une frustration".

S'il convient qu'il y a "des prêtres très heureux comme ça", il voit aussi un risque de "dérapages": "dans l'alcool, la pédophilie, ou alors des amours passagères, des amourettes d'ados".

"J'ai reçu un prêtre, toujours en activité, qui cherchait ses relations sur des sites de rencontres internet. Je ne juge pas, mais c'est dommage quand même qu'on en arrive là..."

Pour ces raisons-là, et parce qu'il sent que "Dieu n'a jamais été contre deux personnes qui s'aiment", et aussi parce que l'Eglise a là "un problème", Léon Laclau est convaincu que les choses avanceront, même lentement, même dans quelques décennies, sur le célibat, voire la prêtrise des femmes.

"C'est qu'il l'aime, son église...", confie Marga, infirmière retraitée qu'il a épousée en 2008. Et qui avoue qu'"il est malheureux" de la distance de l'Eglise depuis la révocation. "Mais en même temps, il est heureux pour ceux qui pourront vivre cette époque-là. On en parlait encore hier: on est nés 100 ans trop tôt..."

Source : AFP

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