Fillon, un changement de stratégie pour séduire la base de l'UMP

  • L'ancien Premier ministre François Fillon le 13 septembre 2013 à Nice
    L'ancien Premier ministre François Fillon le 13 septembre 2013 à Nice AFP
  • L'ancien Premier ministre François Fillon le 13 septembre 2013 à Nice
    L'ancien Premier ministre François Fillon le 13 septembre 2013 à Nice AFP - Jean-Christophe Magnenet
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Le revirement de François Fillon sur la question du FN provoque la stupeur chez les responsables de droite, où on analyse ce changement de cap comme une tentative de séduire la base de l'UMP en vue de la présidentielle.

Vendredi à Nice, à la veille de l'université d'été frontiste, l'ancien Premier ministre ne s'est pas contenté de renvoyer dos à dos le PS et le FN en matière de "sectarisme". Il a carrément jeté aux orties la ligne officielle de son parti du "ni-ni" (aucune consigne de vote en cas de duel PS-FN) ainsi que celle, plus ancienne, du "front républicain" (choix du candidat non-FN).

Premier à réagir parmi les poids lourds du mouvement, Jean-Pierre Raffarin, fervent soutien de Jean-François Copé dans la bataille contre Fillon pour la présidence du parti en novembre dernier, a sonné l'"alerte rouge". A ses yeux, "le vote FN est une ligne de fracture pour l'UMP". "C'est notre pacte fondateur qui est en cause", écrit l'ancien Premier ministre, chef de file des centristes du mouvement créé par Jacques Chirac.

Du côté des centristes de l'extérieur, les responsables de l'UDI - qui ont tout à gagner d'un virage à droite de l'UMP - n'ont pas tardé à donner également de la voix. Les propos de François Fillon constituent "un vrai séisme", a lâché l'ancien ministre Hervé Morin. "Séguin (Philippe, ex-mentor de Fillon) doit se retourner dans sa tombe!", s'est indigné l'ex-secrétaire d'Etat Yves Jégo. "Il faut que l'UMP soit une force politique claire", a enfin jugé le parton du mouvement Jean-Louis Borloo, qui déplore que l'on soit "entré dans la confusion".

"Avec sa tête de gendre idéal on lui pardonne tout"

Et si Jean-François Copé ne s'est pas encore exprimé, ses partisans le font pour lui. "L'histoire retiendra que François Fillon aura ouvert les vannes entre l'UMP et le FN", s'emporte un cadre du parti interrogé par l'AFP.

En agissant de la sorte, l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy se place directement dans la bataille de la primaire de 2016 pour la présidentielle, poursuit le même. "Il sait que s'il veut remporter ce scrutin interne il faut être haut à droite, donc il tente de séduire l'aile dure".

Ironie de l'histoire: François Fillon n'a eu de cesse ces derniers mois de dénoncer, souvent en creux, la "droitisation" de l'UMP, défendue à la fois par Nicolas Sarkozy lors de la dernière présidentielle et par Jean-François Copé.

"Alors qu'ils en ont pris plein la figure sur ce thème de la droitisation, Sarkozy et Copé ont désormais trouvé plus fort qu'eux... Sauf que Fillon avec sa tête de gendre idéal on lui pardonne tout", raille un responsable sarkozyste.

Sur le fond, l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy joue sur du velours: selon un sondage BVA pour I-Télé 70% des sympathisants de droite approuvent son revirement, dont 72% des sympathisants UMP.

"La base électorale et même la base des militants UMP est largement favorable à cette sortie du +ni-ni+", analyse le politologue Philippe Braud.

Selon lui, la manoeuvre est même susceptible d'inquiéter Marine le Pen. "Le +ni-ni+ conforte la cohésion du FN, leur posture de +seuls contre tous+. Mais à partir du moment où on dit qu'il y au FN des gens plus respectables que d'autres, ceux-là pourraient bien être tentés de rejoindre la droite classique. C'est ainsi qu'il faut comprendre l'agacement exprimé par Marine Le Pen" après les sorties de Fillon.

Du côté des partisans de l'ancien Premier ministre, certains ne cachent pas leur embarras. "Il y a peut-être un certain emballement médiatique", avance l'un d'eux, qui juge que le sujet "agace les militants si on ne parle que de ça".

Mais le même fait contre mauvaise fortune bon coeur. "C'est vrai qu'au fond tout cela favorise François Fillon parce que ça le remet au centre du jeu. Il a besoin de se faire entendre, là c'est le cas".

Source : AFP

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