Des pères dans la rue et sur le Sacré Coeur pour l'égalité parentale

  • Des banderoles installées sur le Sacré-Coeur par des pères réclamant de pouvoir voir leurs enfants, le 15 septembre 2013 à Paris
    Des banderoles installées sur le Sacré-Coeur par des pères réclamant de pouvoir voir leurs enfants, le 15 septembre 2013 à Paris AFP - François Guillot
  • Un père manifeste pour que la résidence alternée devienne la solution "par défaut" en cas de séparation le 15 septembre 2013 à Paris
    Un père manifeste pour que la résidence alternée devienne la solution "par défaut" en cas de séparation le 15 septembre 2013 à Paris AFP - Fred Dufour
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AFP

Des "papas grimpeurs" se sont installés dimanche sur le dôme du Sacré-Coeur tandis que d'autres "pères en colère" manifestaient pour réclamer que la résidence alternée devienne la solution "par défaut" en cas de séparation, une demande vue d'un mauvais oeil par certaines associations.

Il s'agit de lutter "contre l'état d'injustice dont sont victimes en grande majorité des pères" et contre "la privation paternelle qu'on inflige aux enfants", a expliqué à l'AFP Nicolas Moreno, cofondateur du Collectif pour la coparentalité (Copco), à l'origine de cette "marche des pères" qui a réuni une centaine de personnes dans la capitale.

"Il ne s'agit pas de guerre des sexes (...) ni de revenir à une politique patriarcale d'il y a 40 ans", a assuré le jeune homme de 34 ans, qui voit ses deux enfants un week-end par mois et pendant les vacances.

La mobilisation était soutenue par l'association SOS Papa et le collectif de la Grue jaune, créé après l'action en février d'un père qui s'était retranché au sommet d'une grue à Nantes pour réclamer de pouvoir voir son fils. Depuis, des pères ont multiplié les actions spectaculaires en grimpant sur des grues, des cheminées ou des cathédrales.

Parallèlement à cette manifestation, six parents (cinq pères et une mère), présentés par le porte-parole du collectif de la Grue jaune, Philippe Veysset, comme des "papas grimpeurs", se sont installés sur le dôme du Sacré Cœur, avec les mêmes revendications. L'un d'eux, Stéphane Iltis, a indiqué à l'AFP qu'ils "comptaient rester le plus longtemps possible, y compris la nuit, à moins d'être délogés".

L'opinion publique "hypnotisée"

La mère d'un des enfants des organisateurs de la marche s'est dite pour sa part "estomaquée" par la couverture médiatique accordée au mouvement. Celui-ci "est essentiellement composé de pères qui ont maille à partir avec la justice", a-t-elle dénoncé sous couvert d'anonymat.

"On a un mouvement de pervers qui se met en place et qui profite d'enfants victimes qui n'ont pas de droit de réponse parce que les parents veulent les protéger de cette médiatisation", a-t-elle déclaré à l'AFP.

Nicolas Moreno, accusé de violences conjugales par son ex-compagne, assure que toutes les procédures ont été classées sans suite, après une "médiation pénale". Scott Alexander Reiss, autre membre fondateur du Copco, comparaîtra de son côté le 7 novembre en correctionnelle pour agression sexuelle sur sa fille à Privas (Ardèche), des accusations qu'il a démenties auprès de l'AFP.

Pour le porte-parole du collectif de la Grue jaune, "beaucoup d'accusations lancées contre les papas sont infondées" et ceux-ci peuvent être "porteurs d'une revendication saine et valide" même dans ces circonstances.

L'association SOS les Mamans a estimé, quant à elle, que depuis février "les médias, l’opinion publique se sont trouvés totalement hypnotisés par l'opération de communication rondement menée par quelques pères séparés, et pas des meilleurs".

Elle s'insurge contre la "coparentalité toxique" par défaut, expliquant notamment qu'"imposer le principe d'un mode de garde +égalitaire+" peut être la cause "de graves dérives".

La Fédération nationale solidarité femmes (FNSF), spécialisée dans la protection des femmes battues, a réclamé pour sa part "la plus grande vigilance" sur ce sujet. Elle a rappelé "que les violences à l’égard des femmes se poursuivent très souvent à travers l'exercice de l’autorité parentale et que les enfants en sont toujours des victimes".

La Chancellerie et le ministère de la Famille ont créé un groupe de travail sur la coparentalité, qui doit rendre ses conclusions en novembre. Les membres du Copco ont demandé à être associés à ces travaux.

La ministre déléguée à la Famille, Dominique Bertinotti, a toutefois déjà fait savoir que pour elle rendre systématique la résidence alternée était "une fausse bonne idée", plaidant plutôt pour le "développement de la médiation", actuellement utilisée dans quelque 4% des divorces.

Selon une étude de 2007, seuls 2% des divorces et 6% des séparations se soldent par un désaccord sur la résidence des enfants. La garde est accordée à la mère dans 72% des divorces, tandis que la résidence alternée représente 20% des situations.

Source : AFP

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