Syrie: Fabius à Moscou pour défendre une ligne ferme

  • Les ministres des Affaires étrangères français et russe, Laurent Fabius (g) et Sergueï Lavrov, le 17 septembre 2013 à Moscou
    Les ministres des Affaires étrangères français et russe, Laurent Fabius (g) et Sergueï Lavrov, le 17 septembre 2013 à Moscou AFP - Alexander Nemenov
  • Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius (d) le 17 septembre 2013 à Moscou
    Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius (d) le 17 septembre 2013 à Moscou AFP - Alexander Nemenov
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AFP

Le chef de la diplomatie française est à Moscou mardi pour tenter d'infléchir l'opposition catégorique de la Russie à une résolution "forte" sur la Syrie, au lendemain de la publication d'un rapport sévère de l'ONU sur le massacre du 21 août.

Le ministre français, Laurent Fabius, a entamé à midi (08H00 GMT) des entretiens avec son homologue russe Sergueï Lavrov.

Les entretiens vont permettre de "s'expliquer dans le détail" sur la crise syrienne, a souligné M. Lavrov au début de la rencontre.

La tâche de M. Fabius, dont le pays s'est fait ardent défenseur d'une ligne dure face au régime de Damas, et d'éventuelles frappes militaires, va être difficile alors que les désaccords ont éclaté dès lundi sur les suites à donner à l'accord conclu samedi à Genève entre Russes et Américains sur un plan de démantèlement des armes chimiques syriennes.

M. Lavrov s'est opposé lundi catégoriquement au projet défendu par Paris d'une résolution "forte et contraignante" au Conseil de sécurité de l'ONU sur le démantèlement des armes chimiques syriennes.

Moscou, indéfectible allié du régime syrien, s'oppose à un texte aux Nations unies qui menacerait le régime syrien de "conséquences" --c'est-à-dire de sanctions pouvant aller jusqu'au recours à la force-- s'il ne respecte pas ses obligations.

M. Lavrov affirme que l'accord conclu à Genève avec le secrétaire d'Etat John Kerry, dont le texte est imprécis sur ce point, ne prévoit pas dans l'immédiat de menacer Damas.

Les Occidentaux vont arguer du rapport, décrit comme édifiant, publié par l'ONU la veille sur le massacre commis le 21 août avec des armes chimiques près de Damas.

Washington, Paris et Londres ont proclamé que le rapport de l'ONU ne laissait "aucun doute" quant à la "responsabilité extrêmement claire" du régime de Bachar al-Assad.

Mais rien n'indique que ce rapport puisse influer sur la position de Moscou, tant la Russie a mis en doute par le passé toutes les accusations visant le régime.

"Mensonges et falsifications"

M. Lavrov avait estimé samedi que ce dossier était pétri de "mensonges et falsifications".

Le présentant lundi aux 15 membres du Conseil de sécurité, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a décrit un rapport dont "la lecture donne le frisson".

Ses rédacteurs sont des inspecteurs onusiens qui ont enquêté sur le terrain après l'attaque aux armes chimiques du 21 août près de Damas. Ce "crime de guerre", selon M. Ban, a fait 1.429 morts d'après Washington.

Sans désigner explicitement les autorités syriennes, le texte dresse des "preuves flagrantes et convaincantes" sur le recours au gaz sarin.

D'après ce document, "des armes chimiques ont été utilisées sur une échelle relativement grande" au cours du conflit syrien "contre des civils, y compris des enfants".

M. Ban ne les a pas nommés, mais il a réclamé que les responsables "rendent des comptes".

L'attaque du 21 août n'est pas un cas isolé: à Genève, la Commission d'enquête de l'ONU sur les violations des droits de l'homme en Syrie a annoncé des investigations sur 14 autres attaques chimiques présumées depuis septembre 2011.

M. Ban a aussi demandé au Conseil de sécurité de prévoir des "conséquences" dans "une résolution claire" si Damas ne respecte pas le plan de démantèlement de son arsenal chimique mis au point samedi à Genève par MM. Kerry et Lavrov.

Le secrétaire général n'a toutefois pas parlé de frappes militaires.

L'option armée "reste sur la table" pour les Etats-Unis, a assuré une porte-parole du département d'Etat, Marie Harf, plaidant pour une résolution à l'ONU prévoyant des "mécanismes d’exécution les plus forts possibles".

Mais Russes et Américains ont déjà des interprétations divergentes de leur accord de samedi.

Pour M. Lavrov, le texte de Genève ne prévoit pas qu'une résolution mentionne le chapitre 7 de la charte des Nations unies, qui autorise la force en dernier ressort.

Aux yeux de M. Kerry au contraire, "l'accord engage totalement les Etats-Unis et la Russie à imposer des mesures sous le chapitre 7 en cas de non application".

La Syrie a répliqué que toute action armée était "une menace pour toute la région" et avait "un parfum d'agression".

Paris a également annoncé une réunion internationale fin septembre à New York avec l'opposition syrienne, vent debout contre le règlement russo-américain.

Rien n'assure que Moscou prendra part à ce nouveau rendez-vous des "Amis de la Syrie", 11 pays soutenant l'opposition dans une guerre qui a fait 110.000 morts en deux ans et demi.

Ces forces rebelles sont pour moitié formées de jihadistes et d'islamistes extrémistes, selon l'institut de défense IHS Jane's. Carla del Ponte, de la commission d'enquête de l'ONU sur les violations des droits de l'homme en Syrie, a jugé ce chiffre "absolument crédible".

Source : AFP

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