Drancy: inquiétude sur des wagons chargés de produits toxiques

  • Des wagons à la gare de triage de Drancy
    Des wagons à la gare de triage de Drancy AFP/Archives - Jean Ayissi
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AFP

Des wagons de chlore gazeux ou d'ammoniac à quelques dizaines de mètres des habitations: le transit de matières dangereuses par la plateforme de Drancy, principale gare de triage de la région parisienne, inquiète élus et riverains qui redoutent un nouveau Lac Mégantic aux portes de Paris.

Dotée de 48 voies ferrées, cette zone de fret longue de trois kilomètres, à cheval sur trois communes de Seine-Saint-Denis (Drancy, Le Blanc-Mesnil et Le Bourget), accueille chaque année près de 250.000 wagons de marchandise. Dont 13.000 chargés de matières dangereuses.

"Il y a du chlore, de l'acide sulfurique, et parfois même des convois de déchets nucléaires, qui stationnent sur les voies", détaille Alain Ramos, porte-parole du collectif des riverains de la gare de triage (Corigat). "Ici, on est en pleine zone urbaine. En cas d'accident, ce serait catastrophique".

Samedi, les militants du collectif organiseront une vaste chaîne humaine, en présence d'élus, pour demander l'interdiction du transit de matières dangereuses sur le site. Avant d'aller porter une pétition à Matignon, mi-octobre, pour faire part de leurs préoccupations.

"Beaucoup de gares de triage ont été supprimées en France. Du coup, les wagons dangereux sont concentrés sur quelques sites", explique Alain Ramos, qui pointe les "incohérences" des autorités vis-à-vis du site de Drancy, l'une des trois principales gares de triage de l'Hexagone avec Woippy (Moselle) et Sibelin (Rhône).

Au coeur des inquiétudes: un arrêté préfectoral signé en avril 2013, qui interdit toute nouvelle construction dans un périmètre de 620 mètres autour de la gare. Sans pour autant proposer de solutions pour les populations vivant dans le secteur.

"L’Etat empêche de nouvelles populations de s'installer, mais ne fait rien pour les habitants déjà installés dans le périmètre. On marche sur la tête", s'étrangle Didier Mignot, maire PCF du Blanc-Mesnil, dont 20% du territoire se trouve frappé par l'interdit.

"Soit le danger est avéré et on évacue les habitants, soit le danger n'est pas significatif et on n'empêche pas les constructions dans le secteur", abonde le député-maire de Drancy, Jean-Christophe Lagarde (UDI), qui s'était alarmé, en 2012, de l'absence de "plan de protection" pour les habitants en cas d'accident.

Des effets mortels dans un rayon de 2,6 km

La catastrophe de Lac Mégantic au Canada, où 47 personnes ont trouvé la mort après l'explosion d'un convoi de wagons-citernes début juillet, a ravivé les inquiétudes. "Ce qui est arrivé au Québec pourrait très bien arriver ici, même si le contexte est différent", estime Alain Ramos.

Selon une étude réalisée en mai 2011 par la Direction régionale et interdépartementale de l'environnement et de l'énergie (Driee) en 2011, une brèche dans un wagon de chlore aurait des effets mortels dans un rayon de 2,6 km. Soit une zone urbaine de près de 220.000 habitants.

"De petits incidents sont régulièrement signalés", souligne Didier Mignot, qui regrette "l'opacité" de l'Etat et de la SNCF Geodis, en charge de l'exploitation du site, sur ces questions.

Contactées par l'AFP, ni la préfecture ni la branche transports de marchandises de la SNCF n'ont souhaité faire de commentaire.

"Pour éviter les risques, la solution est simple: il faut trier les wagons de matières dangereuses en dehors des zones à forte concentration humaine", estime Jean-Christophe Lagarde, pour qui "la sécurité des populations" doit l'emporter "sur les logiques économiques".

Une solution que Réseau Ferré de France (RFF), qui se dit "pleinement conscient" du problème, n'envisage pas à ce stade. "Il n'y a pas de déménagement planifié. Notre priorité absolue, c'est la maitrise des risques sur le site", explique Jean Faussurier, directeur régional de RFF.

Ces derniers mois, une série d'études ont été lancées, conformément aux mesures fixées par l'arrêté préfectoral, assure M. Faussurier. Parmi elles: une "amélioration du système de tri", "un traitement spécifique du chlore" et un perfectionnement "des dispositifs de détection des fuites".

Source : AFP

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