Charleville-Mézières, centre du monde des marionnettes

  • Une marionnette géante dans une rue de Charleville-Mezières, le 20 septembre 2013
    Une marionnette géante dans une rue de Charleville-Mezières, le 20 septembre 2013 AFP - François Nascimbeni
  • Spectacle de la troupe canadienne "The old Trout Puppet Workshop" à Charleville-Mezières le 20 septembre 2013
    Spectacle de la troupe canadienne "The old Trout Puppet Workshop" à Charleville-Mezières le 20 septembre 2013 AFP - François Nascimbeni
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AFP

Venus de 25 nations différentes, des marionnettistes des cinq continents se retrouvent cette semaine à Charleville-Mézières (Ardennes) qui devient, le temps d'un festival, la capitale mondiale d'une pratique artistique en perpétuelle évolution.

"L'âme de ce festival depuis le début réside dans son caractère international; Charleville est devenu le point de rencontre incontournable des techniques marionnettiques du monde entier", revendique Anne-Françoise Cabanis, qui dirige le "festival mondial des théâtres des marionnettes" depuis 2008.

"C'est d'ailleurs grâce à ces rencontres entre artistes de cultures différentes que l'art de la marionnettes a tant évolué depuis les années 80", ajoute-t-elle.

Pendant les 10 jours de la 17e édition du festival, une centaine de compagnies, dont la moitié venues de l'étranger, vont présenter leur savoir-faire devant plus de 150.000 spectateurs, parmi lesquels beaucoup de programmateurs venus chercher la perle rare.

L'art le plus exportable

"La marionnette est un art avant tout visuel qui dépasse facilement la barrière de la langue, au mieux quelques sous-titres permettent de rassurer le public qui finalement s'en passe très bien", note Stéphanie Lefort, directrice et programmatrice du festival lyonnais "Moissons d'Avril" qui présente tous les deux ans une vingtaine de spectacles.

"Charleville est le plus important festival du genre, un vrai paradis pour programmateurs qui peuvent ainsi voir en peu de temps toutes les techniques du monde, des plus traditionnelles aux plus technologiques", poursuit-elle.

Dans "Ignorance" de la compagnie canadienne "The old trout puppet workshop" (L'atelier du guignol de la vieille truite) présenté vendredi en ouverture de festival, une voix hors-champ en français sert de fil conducteur à un spectacle qui emprunte autant à la marionnette manipulée à vue qu'au théâtre d'objet, à la danse contemporaine ou encore à la vidéo.

"La bande-son existe en anglais, en français et en espagnol ce qui nous permet de jouer partout mais, au delà même du texte, la marionnette développe comme par magie une universalité qui lui est propre", remarque Nick Di-Gaetano un des comédiens de la compagnie fondée en 1999 à Calgary, en Alberta.

"C'est probablement l'art le plus exportable, même au temps de la Guerre froide on jouait assez facilement en Europe de l'Est, où la marionnette était considérée comme une pratique pour enfants, donc moins suspecte", confirme Massimo Schuster de la célèbre compagnie américaine "Bread and puppet theatre" proche des mouvements contestataires des années 70.

La compagnie new-yorkaise fondée en 1962 par Peter Schumann célèbre à Charleville ses 50 ans d'existence avec sa dernière création "La manufacture de l’exultation".

Autour de la place ducale où presque tous les magasins affichent en vitrine des figurines articulées, toutes sortes d'accents interpellent dans un français approximatif le public, le temps d'un court spectacle présenté dans le cadre du "off" (festival parallèle).

"C'est une sorte de pèlerinage, chaque marionnettiste doit venir une fois dans sa vie à Charleville", plaisante la Catalane Marta Espia qui donne vie à un masque en cuir sur quelques mètres carrés de la rue piétonne devant des enfants subjugués.

"Les meilleurs sont ici, c'est le lieu idéal pour renouveler sa technique, trouver d'autres inspirations et aussi se faire remarquer par les programmateurs", poursuit la jeune femme qui avait décroché lors de la précédente édition quelques contrats en Belgique et en Italie.

Avec un budget d'1,8 million d'euros, soit près de six fois moins que celui d'Avignon, la bonne marche du festival repose essentiellement sur la bonne volonté des quelque 500 bénévoles qui assurent la billetterie, l'accueil ou l'hébergement des artistes.

"On fait avec les moyens du bord, cependant faire venir des artistes étrangers est un véritable casse-tête administratif, on aimerait que l'Etat nous facilite la tâche pour que ce festival garde cette spécificité", lâche la directrice Anne-Françoise Cabanis.

Source : AFP

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