Merkel, leader incontestée en Europe, mais pour quoi faire ?

  • La chancelière allemande Angela Merkel, le 23 septembre 2013 à Berlin
    La chancelière allemande Angela Merkel, le 23 septembre 2013 à Berlin AFP - Johannes Eisele
  • François Hollande et Angela Merkel à Berlin, le 3 juillet 2013
    François Hollande et Angela Merkel à Berlin, le 3 juillet 2013 Pool/AFP/Archives - Johannes Eisele
  • Angela Merkel et le Premier ministre britannique David Cameron, le 28 juin 2013 à Bruxelles Angela Merkel et le Premier ministre britannique David Cameron, le 28 juin 2013 à Bruxelles
    Angela Merkel et le Premier ministre britannique David Cameron, le 28 juin 2013 à Bruxelles Pool/AFP/Archives - Yves Herman
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AFP

Angela Merkel, forte de sa victoire éclatante aux élections de dimanche, assoit sa position de leader de l'UE, et elle devrait rester fidèle à sa ligne faite de rigueur sur le front économique et de prudence politique, selon les analystes.

La chancelière allemande a obtenu une victoire personnelle, son parti conservateur obtenant un score historique et frôlant la majorité absolue.

"Le triomphe électoral de Mme Merkel en fait le patron incontesté, cela renforce sa position en Europe", estime Jean-Dominique Giuliani, le président de la Fondation Robert Schuman.

Lundi matin, l'échec du mouvement anti-euro AfD à faire son entrée au Bundestag suscitait un sentiment de soulagement en Europe. D'autres se réjouissaient du revers cuisant subi par les libéraux, partenaires de Mme Merkel dans la coalition sortante, qui ont été évincés du Parlement.

Ainsi l'ancien chef du gouvernement italien, Mario Monti, a jugé que le FDP avait "souvent fait obstacle aux politiques européennes", espérant des "avancées dans l'intégration européenne" en cas de grande coalition entre les conservateurs et les sociaux-démocrates, ce qui semblait lundi l'issue la plus probable.

Un tel scénario permettrait aussi d'alléger la pression des eurosceptiques de la CDU-CSU sur Mme Merkel.

Pour autant, les analystes estiment que la chancelière ne va pas bouger sur sa volonté de rigueur, en échange du soutien financier apporté aux pays les plus fragiles de l'UE. "Les Allemands ont voté pour la ligne adoptée par Merkel", affirme le directeur de Carnegie Europe, Jan Techau, en soulignant que ni les sociaux-démocrates, qui ont voté la plupart des plans d'aide, ni les Verts ne soutiennent un changement de cap.

"L'Europe d'Angela Merkel est une Europe rigoureuse, dans laquelle la grande majorité des Allemands, grâce à elle, se sent impliquée", note le quotidien italien Corriere della Sera.

Pas plus d'intégration

Pour Ilias Nikolakopoulos, analyste à l’Institut grec Opinion, "rien ne changera dans les orientations de l’Allemagne". "On aura la même politique, même avec les sociaux-démocrates au gouvernement".

Au delà de la lutte contre la crise, beaucoup doutent de la volonté de Mme Merkel de prendre le leadership pour plus d'intégration économique et politique de l'Europe. "Aussi longtemps qu'elle sera au pouvoir, elle ne poussera pas à plus d'intégration", pense M. Techau.

Toute avancée dans ce domaine passe aussi par les deux autres grandes capitales européennes, Paris et Londres. Jusqu'à présent, les initiatives communes, que beaucoup appellent de leurs voeux en Europe pour relancer le traditionnel moteur franco-allemand, semblent patiner.

Lundi, la France a clairement appelé de ses voeux une grande coalition entre les conservateurs et les sociaux-démocrates, en estimant que cela permettrait un "rapprochement" entre les deux pays. Le ministre français des Affaires européennes, Thierry Repentin, a notamment souhaité plus de "souplesse" de Berlin en matière sociale.

Quant à David Cameron, il a pu compter sur le soutien de Mme Merkel dans la bataille du budget européen, pour obtenir des coupes drastiques dans les dépenses et un budget en baisse pour la première fois depuis le début de la construction européenne.

Pendant la campagne électorale, la chancelière a aussi fait écho aux préoccupations du Premier ministre britannique, qui a promis un référendum sur l'appartenance de son pays à l'UE en 2017, en se prononçant pour une Europe moins bruxelloise.

Mais les Britanniques ne doivent pas se faire trop d'illusions, prévient M. Techau. "Mme Merkel n'est pas dans leur camp. Elle ne défendra pas plus d'intégration, mais il est tout aussi clair qu'elle n'ira pas aussi loin qu'ils le demandent" dans la renégociation des pouvoirs entre la Commission et des Etats membres.

"Il y a peu de chances que le prochain gouvernement allemand fasse des cadeaux" à M. Cameron, renchérit Peter Wilding, directeur de British Influence.

Angela Merkel ne souhaite pas que les affaires européennes soient traitées uniquement au niveau des Etats, souligne une source européenne. Elle veut une Commission "à sa place", notamment dans son rôle de "facilitateur du dialogue avec les petits pays".

Source : AFP

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