Laguiole : un an après, "les choses ont bien évolué"

Le coup d’éclat du maire de Laguiole avait fait grand bruit. Il y a un an, Vincent Alazard déboulonnait le panneau du village pour sensibiliser l’opinion. Le but de ce "cri de désespoir" à forte valeur médiatique : protester contre une décision de justice du tribunal de Paris qui venait de débouter la commune de sa plainte contre l’homme d’affaires parisien Gilbert Szajner qui depuis 1994 exploite la marque Laguiole à des fins commerciales. 

Un an après cet épisode médiatique, où en est le combat qui oppose le village à l’industriel ? La commune qui multiplie les recours en justice a-t-elle une chance de voir aboutir sa requête ?

Depuis son bureau où trône en bonne place le désormais célèbre panneau, le maire Vincent Alazard explique. "Les choses ont effectivement bien évolué. Plus que l’on ne pouvait l’imaginer. Nous avons accueilli Sylvia Pinel, ministre de l’Artisanat, j’ai également été en contact avec le ministre délégué à la consommation, Benoît Hamon. Du point de vue de l’exposition et des contacts, il a de quoi être très satisfait".

Le maire reconnaît aussi que son opération coup-de-poing a permis de relancer l’intérêt du gouvernement pour le droit des consommateurs. Depuis l’épisode aveyronnais, "les choses ont évolué dans le bon sens".

L’espoir d’une indication géographique

Dans son projet de loi sur la consommation qui vise essentiellement à apporter des garanties nouvelles aux consommateurs, le législateur prévoit de créer une indication géographique qui viendrait garantir l’origine d’un produit manufacturé, de la même manière que les IGP garantissent le lien au terroir des produits agroalimentaires. "Une nouveauté très favorable qui permet aux consommateurs d'acheter en conscience", se félicite l'élu.

Jouer collectif

S’il ne résout pas le différend entre la commune et l’homme d’affaires - la commune a sur ce point fait appel de la décision du tribunal de Paris en orientant sa défense sur le terrain de la tromperie commerciale -, le projet de création d’une IG Laguiole permettra cependant au consommateur de connaître précisément ce qu’il achète et où le produit en question a été fabriqué.

Une première victoire pour le village et sept couteliers laguiolais, réunis aujourd’hui au sein d’un syndicat pour élaborer, comme le projet de loi les y invite, le cahier des charges de l’IG couteau de Laguiole. Des retrouvailles entre professionnels "pas franchement copains" jusqu’alors mais qui pour la défense du village et de ses intérêts ont décidé de jouer collectif.