Grèce: plusieurs députés d'Aube dorée présentés au juge

  • Le député Cristos Pappas à sa sortie du poste de police le 29 septembre 2013 à Athènes
    Le député Cristos Pappas à sa sortie du poste de police le 29 septembre 2013 à Athènes AFP/Archives - Angelos Tzortzinis
  • Nikos Michaloliakos entouré de policiers masqués à la sortie des locaux de la police le 28 septembre 2013 à Athènes
    Nikos Michaloliakos entouré de policiers masqués à la sortie des locaux de la police le 28 septembre 2013 à Athènes AFP - Angelos Tzortzinis
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AFP

L'avenir du parti néonazi grec Aube dorée (Chryssi Avghi) se joue mardi avec le début des présentations devant le juge d'instruction des députés arrêtés ce week-end qui devraient être inculpés pour avoir formé une "organisation criminelle".

Un premier groupe de suspects, sur les 22 militants interpellés lors du spectaculaire coup de filet de samedi, a été conduit vers 9h00 GMT vers les bureaux des deux magistrats chargés d'instruire le dossier tentaculaire des crimes et délits imputés ces derniers mois au parti néonazi.

A partir de 11h30 GMT devaient suivre chez les magistrats quatre des six députés d'Aube dorée placés en garde à vue. Parmi eux le porte-parole du parti Ilias Kasidiaris, tenu pour responsable de l'entraînement paramilitaire des militants, et Yiannis Lagos, député du Pirée, connu des services de police et soupçonné de proxénétisme, selon le quotidien Ta Nea.

Le chef et fondateur du parti, Nikos Michaloliakos, 56 ans, arrêté lui aussi samedi, doit comparaître mercredi, et son adjoint Christos Pappas, jeudi.

Dans les heures suivant les arrestations, le parquet a ouvert des poursuites pour constitution, participation et direction d'une "organisation criminelle". Il revient désormais aux juges de se prononcer sur l'inculpation des personnes mises en cause et de mieux cerner la responsabilité de chacun dans le long inventaire de malversations établi par un rapport de la Cour suprême grecque.

Selon ce document sur lequel est basé l'accusation, "des dizaines d'infractions" dont au moins deux meurtres, plusieurs tentatives d'homicide, des violences physiques, des vols ont été commis" par les membres d'Aube dorée.

"Des militants, une mécanique, de l'argent"

"J'ai participé à plusieurs reprises à des actions où prenaient part 50 à 60 motos, avec deux personnes sur chacune. Celui qui était à l'arrière tenait un bâton avec le drapeau grec et frappait tous les Pakistanais qu'il rencontrait", a révélé à la justice un témoin et ex-militant.

Sur la liste des forfaits attribués au parti et ses affidés figure le meurtre, le 18 septembre près d'Athènes, de Pavlos Fyssas, 34 ans, un musicien antifasciste poignardé par un camionneur membre de Chryssi Avghi, qui a reconnu les faits et a été inculpé.

Ce crime a provoqué un électrochoc en Grèce et précipité la réaction du gouvernement longtemps accusé d'inertie face à la montée de cette formation passée du rang de groupuscule à celui de troisième parti du pays, à la faveur de la grave crise économique et du discrédit croissant de la classe politique traditionnelle.

Entré au Parlement en juin 2012, Aube dorée compte 18 députés.

Un tiers d'entre eux risquent donc d'être placés en détention préventive à l'issue de leur probable inculpation, posant la question de la survie d'Aube dorée.

La participation à une "organisation criminelle" est passible de dix ans de prison, selon une source judiciaire et jusqu'à vingt ans pour la qualification de meurtre.

"Aube dorée ne vas pas disparaître du jour au lendemain. Elle a des militants, une mécanique, de l'argent", estime Dimitris Psarras, auteur du "Livre noir de l'Aube dorée", interrogé par l'AFP.

Il reconnaît que l'incarcération du mentor et du premier cercle d'une formation "très hiérarchisée, à la discipline militaire" risque de perturber le parti durant un temps mais ne doute pas que des consignes ont été déjà été transmises pour réorganiser les troupes. "N'oublions pas que Christos Papas (bras droit de Nikos Michaloliakos) s'est rendu 24h00 après les autres et a eu le temps de procéder à des changements".

La casse-tête n'est pas terminé pour le gouvernement. Tant qu'ils ne sont pas condamnés définitivement, les députés conservent leur mandat ainsi que leurs droits civils et politiques: le parlement a donc commencé à s'interroger sur la suite à donner au versement de leurs indemnités et au maintien de leur droit de vote des textes législatifs.

La coalition conservateurs-socialistes d'Antonis Samaras a également déposé lundi au Parlement un projet de loi destiné à suspendre le financement des partis dont les responsables sont renvoyés devant la justice. La Constitution grecque ne prévoit pas la possibilité d'interdire un parti.

Source : AFP

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