Japon: Abe s'apprête à relever la taxe sur la consommation

  • Des Japonaises font les boutiques à Tokyo le 27 septembre 2013
    Des Japonaises font les boutiques à Tokyo le 27 septembre 2013 AFP/Archives - Yoshikazu Tsuno
  • Le Premier ministre japonais Shinzo Abe le 26 septembre 2013 aux Nations unies à New York
    Le Premier ministre japonais Shinzo Abe le 26 septembre 2013 aux Nations unies à New York Pool/AFP - Justin Lane
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AFP

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe doit annoncer ce mardi une hausse de la taxe sur la consommation pour tenter de maîtriser la dette colossale du pays, conforté dans ce choix difficile par une amélioration notable du moral des entreprises.

Cette décision importante, jugée nécessaire par le Fonds monétaire international (FMI), constitue un moment charnière pour le gouvernement du dirigeant conservateur, dont la politique de réforme popularisée sous le terme "Abenomics" n'a pas connu jusqu'à présent d'accroc majeur.

Le Parlement avait voté à l'été 2012 le principe de cette augmentation, de 5% à 8%, lorsque l'ex-Premier ministre de centre-gauche Yoshihiko Noda était encore aux commandes. Mais une dernière décision de l'exécutif, attendue de son successeur M. Abe dans le courant de la journée, est nécessaire pour définitivement la mettre sur les rails pour avril 2014.

La loi prévoyait que le chef du gouvernement ne donnerait son feu vert que si les conditions économiques le permettaient.

Or M. Abe peut s'appuyer sur un assez net rebond de la croissance de la troisième puissance économique mondiale qui était encore en récession à l'été 2012. Pour justifier sa décision, il peut en outre compter sur la toute dernière enquête de la Banque du Japon (BoJ) sur le moral des entreprises, un indicateur trimestriel très suivi et qui s'est révélé favorable.

En septembre, l'indice de confiance des grandes entreprises manufacturières japonaises a bondi de 8 points à +12, son niveau le plus haut depuis plus de cinq ans, selon les données publiées mardi.

Les milieux d'affaires soutiennent la politique de M. Abe qui a entraîné une amélioration du moral des ménages et une forte dépréciation du yen qui favorise les produits "made in Japan" à l'étranger.

Depuis son retour au pouvoir en décembre, le dirigeant de droite a fait voter un plan de soutien à l'économie comportant entre autres quelque 80 milliards d'euros de dépenses publiques, pour aider notamment le secteur du BTP.

Il a aussi fait pression sur la BoJ pour qu'elle assouplisse considérablement sa politique monétaire, ce qu'elle fait depuis avril, afin d'en finir avec une déflation qui entrave l'économie depuis une quinzaine d'années.

Il a enfin dévoilé une série de réformes structurelles destinées à doper le potentiel de croissance du pays - restructuration du secteur agricole, négociations d'accords de libre-échange avec les Etats-Unis et l'Europe -, qui doivent encore être mises en application.

Cette politique originale en temps d'austérité ailleurs a attiré l'attention dans les pays occidentaux, mais des économistes préviennent que M. Abe pourrait avoir mangé son pain blanc.

Augmenter la taxe sur la consommation "représente la décision politique la plus importante pour M. Abe depuis son arrivée au pouvoir", prévient Tomoaki Iwai, professeur de sciences politiques à l'Université Nihon de Tokyo.

Avec une dette publique représentant 245% de son produit intérieur brut d'après le FMI - bien plus que la Grèce - et un système de protection sociale fragilisé par le vieillissement accéléré de la population, Tokyo est poussé à une plus grande rigueur budgétaire.

"Le Japon est en pleine phase d'expérimentation et cette décision représente un test crucial pour les Abenomics", souligne M. Iwai. Un éventuel recul de la consommation à cause de cette hausse d'impôt indirect ralentirait la croissance, sur le redressement de laquelle le Premier ministre a bâti sa popularité et son assise politique.

Or la consommation donne déjà des signes d'essoufflement, les ménages devant composer avec des revenus stagnants et une hausse des tarifs de l'énergie. En août, elle a reculé de 1,6% sur un an, plombée par une chute des achats de voitures et des produits électroniques.

Le chômage reste à un taux particulièrement bas, mais a néanmoins un peu augmenté en août pour atteindre 4,1% contre 3,8% en juillet.

Pour conjurer le spectre d'un coup de frein à l'activité, M. Abe pourrait dévoiler dès mardi un nouveau plan de relance de quelque 40 milliards d'euros, d'après les médias nippons.

Source : AFP

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