A Hong Kong, une armée de chariots poussés par des vieillards

  • Une femme âgée pousse un chariot dans les rues de Hong Kong, le 24 septembre 2013
    Une femme âgée pousse un chariot dans les rues de Hong Kong, le 24 septembre 2013 AFP/Archives - Philippe Lopez
  • Une femme âgée pousse un chariot dans les rues de Hong Kong, le 24 septembre 2013
    Une femme âgée pousse un chariot dans les rues de Hong Kong, le 24 septembre 2013 AFP/Archives - Philippe Lopez
  • Une femme âgée pousse un chariot dans les rues de Hong Kong, le 24 septembre 2013
    Une femme âgée pousse un chariot dans les rues de Hong Kong, le 24 septembre 2013 AFP/Archives - Philippe Lopez
Publié le
AFP

Une structure en fer, une poignée mobile, quatre roues pneumatiques et très souvent une personne âgée à la manoeuvre: de simples chariots sillonnent les rues et les trottoirs étroits de Hong Kong, éléments indispensables à la bonne marche de la métropole.

A l'ombre des gratte-ciels ou à travers les rues tortueuses des quartiers les plus chinois, commerçants, ouvriers et chiffonniers poussent des chariots débordant de piles de cartons vides, de caisses d'ailerons de requins, bonbonnes d'eau vides ou encore seaux de champignons séchés.

Ils sont l'équivalent des coursiers à vélo de New York ou des camionnettes de livraison à Paris.

Un oeil occidental remarque surtout les vieilles personnes, hommes ou femmes, tirant leur chargement malgré leur âge avancé.

Lee Cheung-Ho, 78 ans, traîne son chariot toute la journée, même en cas de typhon, précise-t-elle. "Je dois gagner ma vie", lance-t-elle à l'AFP sans prendre le temps de s'arrêter. "Ca aide même s'il ne s'agit que de quelques dollars".

Les quelque 10.000 chiffonniers du territoire ramassent vieux cartons, journaux, canettes ou ferraille, pour les vendre à des entreprises de recyclage. Certains ne gagnent pas plus de 20 dollars de Hong Kong par jour (2 euros), selon un sondage informel mené par l'AFP.

Cette collecte et ce tri aident quelque peu à réduire le volume des ordures destinées aux décharges de Hong Kong, qui pourraient arriver à saturation dès 2020.

L'activité, rude physiquement et peu rémunératrice, est réservée aux plus pauvres, dans ce territoire du sud de la Chine qui connaît de fortes disparités entre ses habitants les plus riches et les plus misérables. Un tiers des seniors à Hong Kong vivent en-dessous du seuil de pauvreté, selon les derniers chiffres du gouvernement.

Les travailleurs hongkongais cotisent pour la retraite depuis 2000 seulement. Jusqu'alors, ils ne pouvaient compter que sur l'aide de leur famille, leur épargne et surtout l'appartement acheté --s'ils le pouvaient-- lorsqu'ils étaient actifs.

Les chariots se situent au bout de la chaîne des transports de marchandises dans le territoire, après les bateaux cargo qui débarquent leurs conteneurs dans le port, les camions, et la myriade de taxis rouges sillonnant les rues, souligne Adam Bobbette, expert sur l'environnement urbain à l'université de Hong Kong.

Ils sont aussi parfaitement adaptés aux rues étroites, encombrées et très en pente de certains quartiers, dans une ville dotée de peu de parkings, note l'expert, qui les considère comme un élément indispensable du "métabolisme urbain" de Hong Kong.

"Cette activité ancienne a trouvé le moyen de survivre grâce à son utilité fonctionnelle", ajoute l'expert. "Doit-on célébrer le chariot à Hong Kong? Certainement!".

Certains se plaignent du danger représenté par ce moyen de transport. Les Hongkongais savent qu'ils ont intérêt à se ranger lorsque déboule un chariot, même s'il est tiré par un vieillard à l'air frêle.

Les conducteurs eux-mêmes sont frôlés par les tramways, les minibus et les voitures lorsqu'ils poussent leur chargement le long des rues.

Sur les six premiers mois de 2013, le ministère des Transports à comptabilisé onze accidents liés à des chariots. En 2012, deux "pousseurs" ont été renversés par un bus et un taxi. Ils avaient tous deux plus de 70 ans.

Pendant longtemps, ces engins étaient fabriqués à Hong Kong. Mackey Li, 46 ans, possède le dernier atelier de production, une entreprise familiale créée il y a 60 ans. Mais ses deux enfants sont à l'université et ne reprendront pas l'activité. Les chariots seront donc tous importés de Chine continentale.

Ils ne coûtent pas cher, "mais ils ne durent pas très longtemps", assure M. Li qui répare un essieu brisé.

Ces chariots sont-ils le symbole du fossé entre riches et pauvres dans le territoire? il hausse les épaules. Pour lui, c'est avant tout "un outil".

A quelque mètres de l'atelier de M. Li, une femme de 90 ans ramasse des cartons et les entasse sur sa charrette. "Qu'est ce que vous voulez que je fasse si je ne sors pas?", demande-t-elle. "Que je reste chez moi en attendant la mort?".

Source : AFP

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