Coupe de France (Onet-Castres) : Ayrinhac, l’exil a eu du bon

  • Romain Ayrinhac-Colorado, de son nom complet, a déjà bourlingué.
    Romain Ayrinhac-Colorado, de son nom complet, a déjà bourlingué. Archives Centre Presse/Jean-Louis Bories
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Maxime Raynaud

Onet reçoit Castres cet après-midi (17heures) pour le compte du 5e tour de la Coupe de France. Gros plan sur Romain Ayrinhac, de retour en Aveyron cette saison.

Après quatre ans dans la région toulousaine, le milieu offensif est rentré au bercail. Pour le plus grand bonheur d’Onet, avec lequel il accomplit un début de saison canon, mais également une manière de chasser les vieux démons.

S’il est des jours qui changent le cours d’une vie en même temps qu’un homme, Romain Ayrinhac n’a plus rien à apprendre. Cette journée où le destin bascule, dans le bon ou le mauvais sens, le milieu offensif l’a connue. De près. "Ça a peut-être été un mal pour un bien", concède-t-il, aujourd'hui, quasiment cinq ans plus tard, tout en reconnaissant que l’évoquer lui rappelle "des mauvais souvenirs". Mais s’il accomplit un début de saison tonitruant (3 buts en 6 matches) pour son retour à Onet, son club d’enfance, ce n’est pas non plus un hasard. Cette histoire l’a "forgé".

"Grand espoir"

Ce 25 octobre 2008 a également scellé son histoire avec Rodez, sa ville natale et ce club où il se serait bien vu accomplir un certain rêve. Celui d’un professionnalisme alors pas impossible. Ce soir-là, devant un stade Paul-Lignon bien garni, le gaucher de 23 ans entre à la mi-temps du match de National Raf - Cherbourg (1-1). Il vit alors sa deuxième saison sous le maillot "sang et or" et dans le groupe fanion de Franck Rizzetto. L’histoire est belle, celle d’un jeune castonétois bourré de technique dont la voie paraît tracée. À l’époque, le célèbre jeu vidéo Football Manager l’affuble d’ailleurs du qualificatif de "grand espoir du club".

Jour maudit
Mais voilà, en cette soirée fraîche, rien ne sourit, rien ne marche vraiment comme il le veut. 76e minute : après une demi-heure sur la pelouse, Romain Ayrinhac est remplacé. "J’avais honte, se remémore-t-il, son regard bleu dans le vide. En sortant, j’ai presque fait semblant d’être blessé... Sur le coup, c’était dur à vivre."

Exil
Plus rien ne serait ensuite pareil. À la fin de la saison, il choisit une sorte d’exil dans la région toulousaine. Après avoir connu Orléans trop jeune avant que le Raf ne vienne le chercher, le gars des Quatre-Saisons repart barouder. Colomiers, trois saisons et de nombreux matches de CFA, puis Muret. "Depuis que je suis parti, j’en ai vu des choses, sourit-il. Je suis un voyageur !"

"Plus posé" 

Les longues journées à travailler comme déménageur avant de s’entraîner à 19 heures, les coéquipiers aux CV ronflants, il engrange les expériences. Et mûrit, s’assagit mettant de côté ce "fort caractère qui (lui) a joué des tours". "Le Ayrinhac d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celui de 2008, reconnaît-il. Dans le jeu comme dans la vie de tous les jours, je suis plus posé, plus mature."

"Comme Ribéry, j’ai besoin d’affection, de confiance"

Dans la Ville rose, surtout, le milieu a retrouvé la confiance. La sienne, écornée par cette soirée maudite, et celle de ses entraîneurs. "Je suis un peu comme Ribéry, compare-t-il. J’ai besoin de sentir de l’affection, qu’on me fasse confiance." "À ce moment-là, à Rodez, je ne l’ai pas ressentie, enchaîne-t-il. J’ai le sentiment que je n’ai pas eu ma chance. Du coup, j’ai cette frustration de ne pas avoir pu montrer qui j’étais, de n’avoir pas pu tout donner. Mais ce n’est la faute de personne. Hormis la mienne d’avoir peut-être voulu aller trop vite et griller les étapes."

Surveillant de nuit à l'IME de Grèzes

Les blessures ne l’ont pas non plus épargné. "Mais mon mental m’a permis de continuer. Beaucoup auraient arrêté." Aujourd’hui surveillant de nuit à l’IME de Grèzes auprès des enfants souffrant d’un handicap mental, Romain Ayrinhac n’est peut-être plus le grand espoir d’antan mais il paraît s’être trouvé en même temps qu’il a retrouvé son "jardin" de la pelouse du stade Georges-Vignes. "Quand j’ai marqué contre Fonsorbes (doublé lors de la victoire 3-1, 2e journée de DH), ça m’a fait quelque chose", glisse-t-il en mettant la main sur le cœur. Cinq ans après, l’émotion n’a plus rien à voir. 
 

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