Victoire FN à Brignoles: un net "avertissement", mais à relativiser

  • Catherine Delzers  le 13 octobre 2013 à Brignoles
    Catherine Delzers le 13 octobre 2013 à Brignoles AFP - Franck Pennant
  • Infographie présentant les résultats du 2e tour de l'élection cantonale partielle à Brignoles et rappel des résultats de 2012 Infographie présentant les résultats du 2e tour de l'élection cantonale partielle à Brignoles et rappel des résultats de 2012
    Infographie présentant les résultats du 2e tour de l'élection cantonale partielle à Brignoles et rappel des résultats de 2012 AFP
  • Stéphane Le Foll à la sortie du Conseil des minsitres le 9 octobre 2013
    Stéphane Le Foll à la sortie du Conseil des minsitres le 9 octobre 2013 AFP/Archives - Patrick Kovarik
  • Laurent Lopez  le 13 octobre 2013 à Brignoles
    Laurent Lopez le 13 octobre 2013 à Brignoles AFP - Franck Pennant
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AFP

Les dirigeants de gauche comme de droite ont vu lundi dans la victoire du FN à Brignoles (Var) un "avertissement" sérieux pour leurs partis et un coup porté au "front républicain", mais ils ont aussi appelé à la "relativiser", à la lumière de l'enjeu cantonal.

Le parti de Marine Le Pen a vécu un dimanche faste, avec l'élection de son candidat Laurent Lopez dans cette petite ville du Var à maire communiste, dans un duel contre une UMP, alors que les succès FN ont généralement - pas toujours - été acquis via des triangulaires.

Dans ce midi où il a ses meilleurs scores, le FN peut aussi espérer bénéficier des polémiques sur les primaires socialistes à Marseille, où il avait organisé son université d'été et guigne au minimum une mairie d'arrondissement.

Frontiste de nouvelle génération, à l'image de ceux que Mme Le Pen veut promouvoir, M. Lopez l'a emporté avec 53,9% des voix. Gagnant au passage plus de 2.000 voix entre les deux tours.

Avec ses 40% de premier tour, et les plus de 9% glanés par l'historique lepéniste écarté par la présidente, cette victoire était probable. Au point que Mme Le Pen n'avait pas hésité à accepter l'invitation du "Grand Jury" dimanche soir pour la commenter en direct. "La mort du front républicain", a-t-elle analysé, rejointe sur ce point par des socialistes.

L'appel à voter pour un parti rival pour contrer l'extrême droite, "ça ne marche pas", a jugé le député Thierry Mandon. "Les électeurs n'aiment pas les consignes de vote".

Pour le secrétaire national du PS Jean-Christophe Cambadélis, pour construire ce front, "il faut être deux. Pour l'instant, seul le PS le porte".

Ce front était "un leurre", a tranché l'UMP Rachida Dati.

Droite et gauche ont bien tenté de se renvoyer la responsabilité de la gifle FN. "La porosité est à droite", a accusé le ministre Vincent Peillon. "Le Parti socialiste et le gouvernement ont beaucoup mis du leur pour parvenir à cette victoire du FN", rétorquait Christian Estrosi, député-maire de Nice.

Mais les partis essayant surtout de dessiner l'avenir.

Une cantonale "ça ne sert pas à grand chose"

Alors que les éditorialistes voyaient dans cette cantonale un succès du "ras-le-bol" ("Marine Le Pen siphonne dans le réservoir des déçus de la gauche et des écœurés de la droite", résumait La Montagne), UMP et PS assuraient avoir entendu "l'avertissement".

"Rappel à l'ordre pour tous", selon le ministre du Travail Michel Sapin. Pour la droite qui fait tomber "les digues", pour "nous qui au pouvoir sommes comptables de la situation".

Au niveau de l'action gouvernementale, "il faut se ressaisir, reprendre nos marqueurs", a exhorté son collègue Stéphane Le Foll.

Malaise aussi à l'UMP: "Nous risquons d’être réduits à un parti de la division et de notables déconnectés", a averti Mme Dati, alors que l'UMP est encore engluée dans ses querelles de leadership.

Marine Le Pen a carrément parlé de "virage", augurant "d'une volonté de changement des Français, avec, aux municipales, "des villes gagnées, des centaines, peut-être des milliers de conseillers".

Au contraire, ministres et responsables de l'opposition appelaient à "relativiser", "Ce n'est pas un test représentatif", assuré l'UMP Nathalie Kosciusko-Morizet. "C'est un canton très particulier", "on sait ce qu'est une élection partielle, avec un vote contestataire et une participation de moins de 50%", a analysé Luc Chatel.

Voix discordante, M. Cambadélis voit arriver "le tripartisme" en France.

"Il va un peu vite en besogne", tempère le politologue Philippe Braud. "Une cantonale, ça ne sert pas à grand chose, alors les gens se défoulent". Mais, note-t-il, aux européennes, cela risque d'être la même chose. Par ailleurs, "le succès entraîne le succès" et les perspectives municipales des frontistes sont donc augmentées.

Pour l'universitaire Alexandre Dezé, spécialiste de l'extrême droite, "le FN est peut-être le premier parti dans les sondages mais certainement pas dans la réalité politique".

"Tout se passe bien dans ses bastions - le Var en est un - mais c'est plus compliqué ailleurs", dit-il dans Les Inrockuptibles, en pointant notamment, comme M. Braud, des difficultés à constituer des listes municipales vu la pénurie de cadres.

Source : AFP

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