Millau : les vautours arrivent en ville

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rue du Champ-du-Prieur.
    Ce vautour fauve, né à Saint-Pierre- des-Tripiers, a passé quelques jours rue du Champ-du-Prieur. Eva Tissot/ML
Publié le
M.L.

Nature. A Millau plusieurs vautours ont été aperçus sur les toits du centre-ville. Un phénomène qui pourrait s'amplifier ? La réponse avec Philippe Lécuyer, chargé du suivi des colonies caussenardes à la Ligue de protection des oiseaux (LPO) des grands causses. 

Il a disparu à midi. Envolé. Mais depuis plusieurs jours, un jeune vautour fauve avait élu domicile rue du Champ-du-Prieur, en plein centre-ville de Millau. Hier matin, Daniel Aznar l’a découvert sur le toit de sa maison. Ça fait un drôle d’effet. "C’est une curiosité, raconte-t-il. Tous les passants se sont arrêtés. Les enfants de Cantarane sont venus voir cet oiseau..." Les jours précédents, c’est sur des maisons voisines ou un épicéa que le rapace était tranquillement posé. Ces dernières semaines, de nombreux Millavois sont confrontés à pareilles rencontres. Les vautours auraient-ils tendance à s’approcher davantage de la ville ?

Une espèce qui ne passe pas inaperçue

"C’est une population qui a augmenté, c’est donc normal d’être confronté de plus en plus à ce genre de phénomène", explique Philippe Lécuyer, chargé du suivi des colonies caussenardes à la Ligue de protection des oiseaux (LPO) des grands causses. Un phénomène qui touche toutes les espèces fraîchement sorties du nid : pour les jeunes, ce n’est pas simple de prendre un envol définitif. "Mais là, on est face à une espèce visible, qui ne passe pas inaperçue", poursuit le spécialiste.

“L’apprenti-couvreur” de la rue du Champ-du-Prieur, par exemple, n’a que quelques mois : il a été bagué dans son nid le 23 mai dernier, dans la commune de Saint-Pierre-des-Tripiers en Lozère. Depuis, cet été, la LPO l’a aperçu deux fois en vol, toujours dans le secteur de sa naissance. "La première année est particulièrement difficile pour les vautours, souligne Philippe Lécuyer. Dans toute population animale, une sélection sévère s’opère au détriment de certains individus, mais en faveur de l’espèce. Ce sont ce que l’on appelle des mécanismes de régulation naturels."

414 couples dans les grands causses

Dans les grands causses cette année, 414 couples de vautours ont niché et "ont produit 309 jeunes à l’envol" selon les observations de la LPO. Un certain nombre d’entre eux a des difficultés à rester dans le ciel et ne passera pas l’hiver : ce sont ces oiseaux qui sont signalés ces derniers temps au bord du Tarn, sur un toit, dans un camping... "Certains sont capturés quand c’est possible, nourris et relâchés, détaille l’ornithologue. Grâce aux bagues, nous savons que ces oiseaux relâchés une première fois sont parfois signalés de nouveau en difficulté plusieurs semaines, voire plusieurs mois après, ou parfois morts. Cela démontre que certains de ces jeunes ne sont probablement pas viables, ou peut-être carencés. Et la nature fait le tri." Mais les choses s’arrangent avec le temps : à l’âge adulte, vers 4 ou 5 ans, le taux de survie est "bon" selon la LPO. Le vautour fauve peut alors vivre une trentaine d’années. En pleine nature. Loin des toits millavois.

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