Espagne: des victimes de l'ETA manifestent pour réclamer justice

  • Manifestation à Madrid à l'appel des victimes de l'ETA, le 27 octobre 2013
    Manifestation à Madrid à l'appel des victimes de l'ETA, le 27 octobre 2013 AFP - Gerard Julien
  • Un homme lit une affiche contre ETA et le gouvernement espagnol à Madrid, le 27 octobre 2013
    Un homme lit une affiche contre ETA et le gouvernement espagnol à Madrid, le 27 octobre 2013 AFP - Gerard Julien
  • Manifestation à l'appel des victimes de l'ETA à Madrid le 27 octobre 2013
    Manifestation à l'appel des victimes de l'ETA à Madrid le 27 octobre 2013 AFP - Gérard Julien
  • Manifestation à Madrid à l'appel des victimes de l'ETA le 27 octobre 2013 Manifestation à Madrid à l'appel des victimes de l'ETA le 27 octobre 2013
    Manifestation à Madrid à l'appel des victimes de l'ETA le 27 octobre 2013 AFP - Gerard Julien
Publié le
AFP

Réclamant "justice", des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dimanche à Madrid à l'appel des victimes de l'ETA, soutenues par le parti de droite au pouvoir en Espagne, pour dénoncer l'arrêt des juges de Strasbourg qui pourrait entraîner la libération de dizaines de prisonniers du groupe armé basque.

A l'appel de l'Association des victimes du terrorisme (AVT) et du Parti populaire du chef du gouvernement Mariano Rajoy, la foule a convergé sur la grande esplanade de la place Colon, dans le centre de la capitale, autour d'une immense banderole portant les lettres "Justicia" et deux rubans noirs en signe de deuil.

Beaucoup de manifestants portaient le drapeau espagnol rouge et or, symbole de l'unité du pays, tandis que résonnait l'hymne national, sous les applaudissements. "Contre l'ETA", criait un homme dans les hauts-parleurs, applaudi lui aussi. "Nous ne crions pas vengeance, nous réclamons justice".

"Les criminels doivent payer", lançait une manifestante de 71 ans, Maria Luisa Guisado, venue avec son mari et un autre couple d'amis retraités, des petits drapeaux à la main. "Nous ne sommes pas des victimes, Dieu merci, mais nous sommes venus pour au moins soutenir les victimes. Pourvu que cela serve à quelque chose".

Antonio Quiroga, un madrilène de 42 ans, est venu avec sa femme et ses trois jeunes enfants, dont un garçonnet avec un drapeau sur les épaules.

"Nous voulions être avec les victimes du terrorisme", assurait-il. "Cela ne va rien changer. Il faut seulement que le gouvernement sache que beaucoup de gens sont contre cette décision et qu'il doit faire attention à ce qu'il fait envers l'ETA".

Les associations de victimes dénoncent l'arrêt rendu le 21 octobre par la Cour européenne des droits de l'Homme à Strasbourg, qui a permis la remise en liberté, après 26 ans derrière les barreaux, d'Ines Del Rio Prada, une militante du groupe séparatiste condamnée à 3.828 ans de prison pour 24 assassinats.

Les juges ont estimé "illégale" la prolongation depuis 2008 de sa détention, en vertu de la "doctrine Parot", un système de remise de peine en vigueur depuis 2006 en Espagne, défavorable aux détenus sous le coup de condamnations multiples comme le sont souvent les prisonniers de l'ETA.

Ils ont basé leur argumentation sur le fait que ce système avait été appliqué dans le cas d'Ines Del Rio de manière rétroactive, et ont ordonné à l'Espagne de la remettre en liberté.

Si ce jugement fait jurisprudence, la justice espagnole pourrait être contrainte de libérer des dizaines de détenus de l'ETA. Un second prisonnier est d'ailleurs sorti de prison dès vendredi et 51 autres ont déposé des demandes de libération.

Dans un pays où le souvenir des violences reste très vif, le dernier attentat du groupe armé sur le sol espagnol remontant à août 2009, l'arrêt des juges européens a créé une vive polémique.

Pressé de réagir par les associations de victimes, qui constituent en Espagne un puissant lobby conservateur, Mariano Rajoy a qualifié "d'injuste" la décision, tandis que son parti rejoignait l'appel à manifester.

Mais pour certaines victimes, le gouvernement n'est pas allé assez loin et la justice espagnole n'aurait pas dû se plier à la décision de la Cour européenne. "ETA coupable, gouvernement responsable", criait un groupe de manifestants. "Rajoy, tu as trahi l'Espagne. Tu piétines la douleur des victimes", proclamait une pancarte.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2011, le gouvernement de Mariano Rajoy a adopté une position inflexible envers l'ETA, rendu responsable de la mort de 829 personnes en 40 ans d'attentats pour l'indépendance du Pays basque et de la Navarre.

Classé organisation terroriste par l'Union européenne et les Etats-Unis, le groupe a annoncé le 20 octobre 2011 qu'il renonçait à la violence. Depuis, la situation est totalement bloquée: Madrid exige sa dissolution sans conditions tandis que l'ETA réclame une négociation sur le sort de ses 600 détenus dispersés dans des prisons espagnoles et françaises.

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?