IAM était de passage à Rodez: "Le rap est individualiste"

  • Le groupe marseillais s'est produit, vendredi soir, devant près de 2000 personnes.
    Le groupe marseillais s'est produit, vendredi soir, devant près de 2000 personnes. Yves Estivals (ML)
Publié le , mis à jour
Mathieu Roualdés

Le groupe marseillais s’est produit vendredi soir, dans la salle des fêtes ruthénoise, devant près de 2000 personnes. Auparavant, entre quelques blagues et des souvenirs de leurs passages en Aveyron, notamment sur la scène de Skabazac, Akhenaton, Shurik’n, Kheops, Imothep et Kephren se sont confiés sur les rumeurs d’arrêt de carrière et l’état actuel du rap. Entretien avec un IAM qui n’est pas prêt de lâcher le micro. Entretien.
 

Votre prochain album ("Dernier album", dont la sortie est prévue le 18 novembre) sera-t-il le dernier de votre carrière?
On ne le sait pas. En tout cas, c’est le dernier que l’on a en contrat. Après, même s’il n’y a plus d’album, cela ne nous empêchera pas de continuer de faire de la musique.

Et comment décririez-vous votre prochain album?
Les titres proviennent des mêmes enregistrements que le dernier sorti, "Arts Martiens". Du coup, il sera du même acabit.

Il faudra donc sortir un autre album différent après celui-là...
Certainement (rires)...

IAM, sur scène, est-il immortel?
Il n’est pas sûr que dans quinze ans nous soyons encore sur scène! À moins que l’on fasse une tournée des maisons de retraite à Marseille (rires). À notre âge, on commence à fatiguer! Mais, l’avantage des concerts comme celui donné à Rodez (vendredi soir), c’est que l’on prend des risques, et il n’y a pas un temps imparti. Dans les festivals estivaux, c’est parfois la compétition...

Vos classiques font-ils toujours autant d’effet sur scène? Et avez-vous changé la manière de les interpréter?
Parfois, nous glissons les paroles de "Petit frère" dans celles de "Je danse le mia" (rires). Non, en fait, nous sommes obligés de chanter nos classiques. Mais sur scène, nous sommes également confrontés à l’obligation de faire des choix. Car, depuis le début de notre carrière, nous totalisons plus de 800 titres à notre répertoire! Ou alors, il faudrait nous offrir une semaine de concert pour tout chanter. Après, ça dépend aussi beaucoup du public. Certains se révèlent très "classiques", et d’autres ne le sont pas du tout.

Quelle vision avez-vous du rap actuel?
Il y a des très bons et des moins bons! On aime beaucoup Orelsan en ce moment. On aime la prise de risque chez lui. Chose que l’on ne voyait plus trop ces dernières années. Dans les années 2000, c’était un peu "à qui est le plus méchant".

Et le rap marseillais est-il en crise comme l’OM? A-t-il plié face au rap parisien?
Il y a un souci: nous vivons dans un pays très centralisé. Et, à Marseille, il n’y a pas de diffusion. En France, le rap est la musique la plus écoutée par les jeunes. Or, il n’y a qu’une radio qui en passe: Skyrock. Et encore, ce n’est même pas du rap, mais de la variété qui passe sur cette radio. De plus, on ne voit pas de rap sur les chaines télévisées non plus.

Si ce n’est quand il y a des "clash"... Vous n’êtes jamais trop entré dans ce jeu. Pourquoi?
Le "clash", c’est marrant; mais ce n’est plus faisable pour nous! Qu’y gagnerait-on? Qu’on "dézingue" tous nos titres. Avec les "clash", tu fais de la pub au mec qui se trouve en face de toi. Et franchement, les concours pour savoir "qui a la plus grosse kékette" ne nous intéresse pas.

À votre avis, pourquoi les rappeurs ne sont-ils pas invités à la télévision?
On les invite quand la banlieue brûle, c’est tout! Nous, par exemple, nous sommes de bons clients. Dès qu’il y a un problème dans une cité, on veut notre réaction. Mais après, c’est également un problème du rap. Il est individualiste. Comme la société. Comme le football. Comme tout!

Le rap doit-il être nécessairement engagé?
Non! Il n’y a pas un rap, mais plusieurs rap. Chacun à sa vision sur cela et après chacun aime ou n’aime pas. Ceci dit, il est sûr que si ton rap est engagé, je te souhaite bon courage pour passer sur les radios.

Internet n’est-il pas un outil formidable pour promouvoir le rap?
Non. Sur Internet, la musique est gratuite. Internet, ça peut tout remplacer, mais ça ne fait pas vivre! Sinon, vous croyez bien qu’on ne ferait pas de promotion quand un album sort. Même Michael Jackson faisait de la promo! Après, on entend les gens dirent que les albums sont chers; mais on ne dit pas qu’une paire de baskets à 250 euros est chère! Sur les albums vendus 20 euros, nous, on touche 0,60 euros pour tout le groupe. Ça, les gens n’en sont pas conscients.
 

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