Espionnage: Berlin envisage d'auditionner Snowden à Moscou

  • Des manifestants soutenant Edward Snowden, le 5 novembre 2013 à Berlin Des manifestants soutenant Edward Snowden, le 5 novembre 2013 à Berlin
    Des manifestants soutenant Edward Snowden, le 5 novembre 2013 à Berlin DPA/AFP - Florian Schuh
  • Des manifestants soutenant Edward Snowden, le 5 novembre 2013 à Berlin
    Des manifestants soutenant Edward Snowden, le 5 novembre 2013 à Berlin DPA/AFP - Florian Schuh
  • La chancelière allemande Angela Merkel, le 5 novembre 2013 à Berlin
    La chancelière allemande Angela Merkel, le 5 novembre 2013 à Berlin DPA/AFP - Maurizio Gambarini
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AFP

Sous la pression de députés, le gouvernement allemand étudie la possibilité de faire auditionner à Moscou l'ex-consultant du renseignement américain Edward Snowden, tout en s'efforçant d'apaiser les tensions avec les Etats-Unis sur les accusations d'espionnage.

Mercredi, la commission parlementaire qui chapeaute les services secrets a décidé "à l'unanimité" de demander au gouvernement allemand "de vérifier dans quelle mesure Edward Snowden peut être auditionné à Moscou sans le mettre en difficulté", a déclaré son président, Thomas Oppermann (social-démocrate).

Des responsables allemands souhaitent entendre l'ancien consultant de l'agence américaine NSA depuis qu'il a fourni à la presse des documents laissant penser que le téléphone portable de la chancelière Angela Merkel était espionné par les Etats-Unis. Ces révélations ont provoqué une crispation des relations entre ces deux grands alliés historiques.

Le ministre allemand de l'Intérieur, Hans-Peter Friedrich (conservateur), a indiqué mercredi qu'il allait "étudier", au sein du gouvernement, la possibilité d'une audition de Snowden en Russie.

Le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert, a exprimé un soutien timide à cette idée. "Si une audition de M. Snowden, que ce soit par des représentants du Bundestag (chambre basse du parlement) ou du Parquet fédéral en Russie était jugée utile, le gouvernement allemand soutiendrait cette idée, dans la limite de ses possibilités", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse régulière.

Embarrassé par un dossier qui touche une corde sensible dans l'opinion allemande, et le pousse à prendre l'affaire au sérieux, Berlin s'efforce de ne pas froisser Washington.

L'idée de faire venir Snowden en Allemagne, était ainsi totalement écartée.

C'est "hors de question" et ça le restera tant que "nous ne pouvons pas lui donner des garanties qu’il ne sera pas extradé" vers les États-Unis où il est recherché, a reconnu M. Oppermann.

Des députés de l'opposition, et notamment l'écologiste Hans-Christian Ströbele, qui a rencontré déjà Snowden en Russie en fin de semaine dernière, militaient non seulement pour que celui-ci viennent témoigner en Allemagne, mais aussi pour que Berlin lui accorde l'asile politique.

"Il suffit de vraiment le vouloir", a encore déclaré mercredi M. Ströbele, au terme de son audition par la commission parlementaire. Berlin devrait montrer sa gratitude envers Snowden car "sans lui le portable d'Angela Merkel serait encore sur écoute", a-t-il argumenté.

Mais le gouvernement allemand est plus que réticent à ce sujet, justifiant son refus par les répercussions négatives que cela aurait sur ses relations avec les États-Unis.

Pour Berlin, les relations transatlantiques ont "une valeur incommensurable" du point de vue de la sécurité et de la politique étrangère, a répété mercredi M. Seibert.

Lundi, il avait souligné qu'il "n'y a guère de pays qui ait autant profité de cette alliance (avec les États-Unis), de cette amitié que l'Allemagne. Nous agissons en ayant cette alliance à l'esprit. Nous l'avons toujours fait dans le passé, et cela guidera la chancelière dans ses décisions à venir".

Berlin souhaite cependant conclure avec Washington un accord interdisant l'espionnage réciproque entre les deux pays.

Le ministre à la Chancellerie, et à ce titre autorité de tutelle des services secrets, Ronald Pofalla, a informé la commission parlementaire sur l'avancement des négociations dans ce dossier.

Devant la presse, il a jugé qu'il s'agissait d'une "chance unique de rétablir la confiance perdue" entre les deux partenaires.

Mardi, le ministère allemand des Affaires étrangères avait "invité" l'ambassadeur britannique à s'expliquer, après des informations de presse évoquant un système d'espionnage dans la représentation de son pays à Berlin.

La rencontre, qui a duré une demi-heure a donné lieu à "un dialogue, comme il y en a entre des partenaires qui ont une relation fondamentalement amicale et étroite", a commenté mercredi le porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, Martin Schäfer, toujours sur le mode de l'apaisement.

Source : AFP

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