La crise bretonne s'éternise, les "Bonnets rouges" font des émules

  • Des salariés de Tilly-Sabco bloquent la circulation sur la voie express entre Morlaix et Rennes, le 5 novembre 2013
    Des salariés de Tilly-Sabco bloquent la circulation sur la voie express entre Morlaix et Rennes, le 5 novembre 2013 AFP - Damien Meyer
  • Des "bonnets rouges" manifestent le 9 novembre 2013 à Montauban-de-Bretagne, dans l'ouest de la France, contre l'écotaxe
    Des "bonnets rouges" manifestent le 9 novembre 2013 à Montauban-de-Bretagne, dans l'ouest de la France, contre l'écotaxe AFP - Jean-Sébastien Evrard
  • Stéphane Le Foll lors d'une conférence de presse, le 8 novembre 2013 à Rennes
    Stéphane Le Foll lors d'une conférence de presse, le 8 novembre 2013 à Rennes AFP - Damien Meyer
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AFP

Des actions coup de poing contre l'écotaxe dans toute la France, des sites agroalimentaires occupés en Bretagne, un nouvel appel à manifester des "Bonnets rouges": la fronde bretonne s'éternise et fait des émules ces derniers jours alors que les autorités ont lancé à Rennes une série de réunions pour tenter de sortir de l'impasse d'ici fin novembre.

Samedi matin, quelque 250 personnes coiffées pour certaines de bonnets rouges, symbole de la lutte antifiscale du 17e siècle, ont manifesté à Montauban-de-Bretagne au pied d'un portique écotaxe. Dans le même temps, d'autres actions avaient lieu à Paris, près de Marseille et de Lyon, dans le Gard et l'Isère: bornes incendiées, opérations escargots et portiques menacés par des manifestants antifiscaux.

A Paris, ce sont des militants du Printemps français qui ont agi coiffés de bonnets rouges. Trois d'entre eux ont été interpellés.

Le mouvement breton, dont le point d'orgue a été la manifestation de Quimper qui a rassemblé au moins 15.000 personnes le 2 novembre, continue de réclamer avec force la suppression de l'écotaxe dont l'application a été "suspendue" par le Premier ministre la semaine dernière.

Outre l'écotaxe, c'est aussi la cascade de plan sociaux que dénoncent les manifestants bretons. Sur le terrain, dans le Finistère, département le plus touché par les récentes suppressions d'emploi dans l'agroalimentaire, la grogne s'est amplifiée cette semaine.

Lundi, les salariés du volailler Tilly-Sabco où 300 emplois sont menacés, ont occupé la sous-préfecture pour protester contre la suppression des "restitutions" (aide européennes). Chez Marine Harvest (n°1 mondial du saumon, bénéficiaire), où 300 postes doivent être supprimés, les salariés occupent depuis lundi le site de production de Poullaouen (Finistère).

Ces deux dossiers s'ajoutent aux plus de 850 emplois qui ont été supprimés à l'abattoir de Gad SAS à Lampaul-Guimiliau, et aux 971 fin 2012 chez le volailler Doux.

Endiguer l'avalanche

Parallèlement, à Rennes, depuis mardi, les rendez-vous s'enchaînent à la préfecture, où se succèdent les acteurs politiques, économiques et sociaux, à l'exception du syndicat FO qui a claqué la porte.

Le marathon des discussions, ouvert sur fond d'ultimatum avorté des "Bonnets rouges", reprendra dès mardi avec des élus.

Objectif : signer avant la fin du mois, comme le souhaite le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, le "Pacte d'avenir pour la Bretagne" destiné à endiguer l'avalanche de plans sociaux.

Vendredi dans la capitale bretonne, le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a lui aussi aligné les réunions avec les acteurs économiques et sociaux, promettant "un rebond" et tablant sur un nouveau modèle "agroécologique" sans aides à l'exportation.

Il a aussi annoncé un doublement de l'enveloppe consacrée à la Bretagne dans le cadre du Fonds européen agricole pour le développement rural dans la future PAC (2014-2020), qui passera de 175 à 368 millions d'euros. Outre les 15 millions d'euros débloqués en urgence pour les entreprises agroalimentaires, le ministre a également indiqué que, pour l'économie bretonne en général, plus d'un milliard d'euros seront débloqués: 450 millions par Bpifrance et 555 millions par l'Etat.

Les représentants syndicaux de Tilly-Sabco, sont ressortis plutôt satisfaits de leur rencontre avec le ministre vendredi évoquant "une réelle volonté du gouvernement" de sauver la filière poulet export.

Mais malgré ces annonces, le mouvement des "Bonnets rouges", reste arc-bouté sur ses positions. Christian Troadec, maire DVG de Carhaix et régionaliste a appelé vendredi à une nouvelle manifestation en Bretagne le 30 novembre, "face à l'absence de réponses du gouvernement". Mais Thierry Merret, président de la FDSEA du Finistère et membre du collectif, a appelé à un rassemblement avant cette date.

Face aux actions parfois violentes visant les portiques écotaxe, le collectif +Vivre, décider et travailler en Bretagne+, qui a été reçu en préfecture mardi, a assuré qu'il n'avait pas appelé à de tels débordements.

Selon un sondage BVA pour iTélé/Le Parisien publié samedi, près de six Français sur dix demandent aux "Bonnets Rouges" bretons de cesser leur mouvement de protestation, estimant que l'heure est maintenant à la concertation.

M. Le Foll doit rencontrer le 22 novembre le commissaire européen à l'Agriculture, Dacian Ciolos, avec les représentants des volaillers de Bretagne.

Source : AFP

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