«La ruralité et le silence ne protègent pas les femmes des violences»

  • État et associations ont hier formalisé leur coopération dans la prise en charge des femmes victimes de violences par la signature d’une convention.
    État et associations ont hier formalisé leur coopération dans la prise en charge des femmes victimes de violences par la signature d’une convention. Myriam Laffont
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Myriam Laffont

Société. À la veille de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, État et associations ont dressé un état des lieux, aussi dramatique en territoire rural qu’urbain.

Christine Matignon, déléguée départementale aux droits des femmes, est catégorique : "Toutes les formes de violence faites aux femmes se retrouvent dans les départements ruraux: violences conjugales, mais aussi esclavages domestiques ou mariages forcés.La ruralité et le silence ne protègent pas." Un constat que corroborent les premières statistiques 2013 (Aveyron) des zones police et gendarmerie où est observée depuis deux ans une tendance haussière des plaintes pour harcèlement et violences aggravées: sur les 10 premiers mois de l’année, en zone police, 36% des violences enregistrées étaient ainsi conjugales.

Trois structures d'accueil en Aveyron

Mises en place fin 2012 par le ministère des Droits des femmes, les trois structures du nouveau dispositif d’accueil de jour ont reçu, au 30 septembre, 88 femmes principalement victimes de violences au sein du couple: 39 sur l’accueil de jour Aveyron Centre (piloté par le CIDDF, le centre d’information sur les droits des femmes et des familles), 28 sur l’accueil de jour Sud-Aveyron (association Trait d’union) et 21 sur l’accueil de jour Ouest-Aveyron (Village 12). Car "ne pas accueillir, c’est prendre le risque que l’autre meure", ce nouveau dispositif territorial mutualisé peut prévenir en amont les situations d’urgences.

Seulement 20% des femmes portent plainte

La difficulté pour les femmes de déposer plainte a également été abordée lors de ce tour de table informel, appuyée là encore par une froide statistique, seulement 20% des femmes poussant la porte d’un commissariat pour porter plainte après avoir été victime de violences conjugales. "Une vision déplacée et caricaturale que celle des méchants policiers machistes qui auraient des réticences à prendre des plaintes", a insisté Yves Delpérié, procureur de la République.

"Prendre conscience que l’on est victime prend du temps"

Le capitaine Bayonne et le chef d’escadron Labbé ont d’ailleurs validé cette contre-attaque, évoquant un personnel spécifiquement formé. "Porter plainte est complexe. Il y a souvent 15 ans de violences derrière une plainte. La violence conjugale, c’est une succession de phases d’explosions et de rémissions. La prise de conscience peut se faire sur 10, 15 ans…Prendre conscience que l’on est victime prend du temps, et d’en parler, autant", a rappelé Christine Matignon. La prochaine campagne gouvernementale audiovisuelle s’articule d’ailleurs autour de la nécessité de libérer une parole si dramatiquement bâillonnée.

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