Travaux d'intérêt général en Aveyron : "ce n’est pas un cadeau"

  • Magistrats, responsables des services judiciaires et élus de la communauté de Millau Grands Causses se sont retrouvés mercredi matin, pour marquer les trente ans du TIG, aux Jardins de Chayran, un chantier d’insertion créé en 2001 et habilité par la justice, les Jardins du Chayran implantés en bordure du Tarn à Millau accueillent de temps à autre des personnes condamnées à un TIG qui se mêlent alors aux stagiaires "ordinaires", bénéficiant tous d’une aide à l’insertion (contrats aidés par l’État).
.
    Magistrats, responsables des services judiciaires et élus de la communauté de Millau Grands Causses se sont retrouvés mercredi matin, pour marquer les trente ans du TIG, aux Jardins de Chayran, un chantier d’insertion créé en 2001 et habilité par la justice, les Jardins du Chayran implantés en bordure du Tarn à Millau accueillent de temps à autre des personnes condamnées à un TIG qui se mêlent alors aux stagiaires "ordinaires", bénéficiant tous d’une aide à l’insertion (contrats aidés par l’État). . CC
Publié le
Christophe Cathala

Justice. Les travaux d'intérêt général sont nés il y a 30 ans. Chaque année, 70 TIG sont prononcés en Aveyron. Le point sur une alternative à l’incarcération qui ne contrarie en rien toute prévention de la récidive, plaident les magistrats. 

Privilégier dès que cela est possible un parcours de probation à la détention pure et simple à l’heure de rendre un jugement, est un des axes forts de la réforme que veut voir mise en place la ministre de la Justice. Pour autant l’arsenal judiciaire abrite depuis trente ans déjà un dispositif emprunté aux pays anglo-saxons: le TIG, travail d’intérêt général, qui s’est imposé au fil des ans comme une solution pénale adaptée à des prévenus susceptibles de se réinsérer dans la société. Et une alternative à l’incarcération qui ne contrarie en rien toute prévention de la récidive, plaident les magistrats.

Un dispositif encore trop méconnu

Mais le TIG reste finalement trop méconnu "dans une France qui n’a jamais été en avance sur la façon d’appréhender la criminalité, qui est bridée dans son approche du traitement de la délinquance car tout débat dans ce domaine est confisqué par l’opinion publique, pour laquelle la peine reste la prison", lance Florence Peybernès, présidente du Tribunal de grande instance de l’Aveyron.

Et d’insister: "Les magistrats ne veulent pas fermer les prisons! Ils voudraient juste trouver de meilleures solutions... Ce qui a évolué, c’est que la peine puisse permettre pour tout condamné de sortir de la délinquance, que l’on recherche des sanctions mieux adaptées que d’autres à cet objectif". Et pourquoi ne pas prononcer une peine qui rende service à la société? Le TIG incontestablement va dans ce sens, en permettant à l’individu de ne pas lâcher son environnement social, en limitant de fait les risques de récidive tout en accordant aux victimes les droits qui sont les leurs. 

"Ce n’est pas un cadeau qui est fait au condamné"

Le travail d’intérêt général serait-il donc la panacée? Mettons-nous bien d’accord: la grande criminalité est exclue du dispositif et il reviendra toujours aux magistrats du parquet et du siège de comprendre si tel ou tel prévenu est éligible à cette proposition, si sa personnalité le permet, "s’il peut montrer par le travail qu’il peut se réhabiliter personnellement". La justice navigue donc dans un cadre précis, "et si le TIG n’est pas toujours compris comme une sanction pénale, ce n’est pas un cadeau qui est fait au condamné", ajoute Florence Peybernès.

Trente après sa création en juin 1983, le dispositif connaît un succès croissant. Cet anniversaire, marqué en Aveyron comme ailleurs, a donc le mérite de le réhabiliter dans les esprits à l’heure où la justice, bousculée par les débats politiques, doit convaincre sans relâche l’opinion qu’elle travaille au bénéfice des citoyens.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?