L'Europe échoue à convaincre l'Ukraine de se tourner vers l'Ouest

  • Le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel, le 29 novembre 2013 à Vilnius, en Lituanie
    Le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel, le 29 novembre 2013 à Vilnius, en Lituanie AFP - Alain Jocard
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L'Europe a échoué à convaincre l'Ukraine de signer vendredi un accord historique scellant son rapprochement avec l'Ouest, face à la pression de Moscou, même si Kiev se dit toujours prêt à accepter la main tendue de l'UE.

A l'issue du troisième sommet du Partenariat oriental entre l'UE et six ex-républiques soviétiques --Ukraine, Géorgie, Moldavie, Belarus, Arménie et Azerbaïdjan--, le bilan est maigre.

L'UE a paraphé deux accords d'association avec la Géorgie et la Moldavie, dont la signature définitive ne doit intervenir que dans les prochains mois, et a signé un accord de facilitation des visas avec l'Azerbaïdjan.

Mais rien avec l'Ukraine, qui était le principal enjeu et l'objet de négociations parfois tendues depuis des mois.

"Le président ukrainien n'est pas prêt à aller plus loin dans l'intégration avec l'Union européenne", a déclaré la présidente lituanienne, Dalia Grybauskaité, qui accueillait le sommet à Vilnius.

Elle a accusé les dirigeants ukrainiens d'avoir choisi "une voie qui ne mène nulle part". "C'est un échec de l'Ukraine", dont l'inflexible président Viktor Ianoukovitch avait quand même fait le déplacement dans la capitale lituanienne.

Mais avant de partir, le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a asssuré qu'il avait toujours "l'intention de signer l'accord d'association dans un avenir proche".

Les dirigeants européens ont assuré à l'unisson que la porte de l'UE et son vaste marché de 500 millions d'habitants restait "ouverte". "Elle est ouverte parce que c'est important pour eux et pour nous", a estimé la représentante de l'UE pour les affaires étrangères, Catherine Ashton, en espérant que les deux parties allaient "aller de l'avant aussi vite que possible".

"La porte restera toujours ouverte pour les Ukrainiens, à condition qu'ils le veuillent eux mêmes", a déclaré le président français François Hollande. "Cette perspective d'association, c'est d'abord aux Ukrainiens qui la portent de la vouloir", a-t-il insisté.

Pour cela, le président Ianoukovitch a demandé aux Européens de "prendre des mesures décisives" en faveur du "développement" de l'Ukraine et un "programme d'aide financière et économique" pour son pays en crise.

Une requête mal accueillie par François Hollande. "On ne peut pas, comme le président ukrainien le voudrait, demander qu'on paie pour que l'Ukraine entre dans cette association. Non on ne paie pas!", a-t-il dit.

"Courage et volonté politique"

Beaucoup de responsables pensent que le refus de Kiev risque de briser l'élan pour de longs mois, voire des années. Non seulement pour l'Ukraine mais pour l'ensemble du Partenariat oriental, cette stratégie lancée en 2009 pour stabiliser et arrimer à l'Europe les ex-républiques soviétiques.

Cette stratégie se heurte en effet au refus de la Russie de Vladimir Poutine, qui multiplie les pressions et les menaces sur les ex-pays de l'URSS, et qui a déjà réussi à attirer l'Arménie dans son projet d'Union douanière.

Dans une brève allocution, le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a d'ailleurs salué "la détermination, le courage et la volonté politique" des dirigeants géorgiens et moldaves, en assurant que l'UE "respectait" la souveraineté de ces pays.

Devant les Européens, M. Ianoukovitch avait exposé jeudi soir les graves problèmes économiques de son pays, dus en partie aux mesures de rétorsion prises ces derniers mois par Moscou.

Il avait demandé une nouvelle fois qu'ils soient résolus "ensemble par l'UE et par la Russie", selon Mme Grybauskaité. Mais sa tentative n'avait aucune chance d'aboutir, sa proposition de dialogue tripartite Kiev-Bruxelles-Moscou ayant été rejetée dès la semaine dernière par l'UE.

Il n'a pas non plus entendu les arguments des Européens, notamment des nouveaux venus de l'Est, sur les bénéfices que Kiev pourrait tirer d'un rapprochement avec l'UE, particulièrement pour son développement économique et commercial.

L'accord d'association, assorti d'un large accord de libre échange, avait pourtant été négocié pendant cinq ans entre Kiev et Bruxelles, qui a déjà engagé des milliards d'euros en faveur de la modernisation politique et économique de ce pays de 46 millions d'habitants.

Mais l'UE, divisée sur cette question, n'a jamais proposé une perspective claire d'intégration aux ex-républiques soviétiques, comme elle l'avait fait avec les pays de l'Est après la chute du Mur.

La signature d'un accord avec l'UE "représente une claire avancée dans nos relations qui amènera certainement mon pays un jour dans l'Union européene", n'en a pas moins estimé le Premier ministre moldave, Iurie Leanca.

Source : AFP

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