Crimes contre l'humanité en Syrie: une responsable de l'ONU évoque des preuves contre Assad

  • Le président syrien Bachar al-Assad le 19 décembre 2006à Moscou
    Le président syrien Bachar al-Assad le 19 décembre 2006à Moscou AFP/Archives - Yuri Kadobnov
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AFP

La Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme a fait état lundi pour la première fois de preuves indiquant "une responsabilité" du président Bachar al-Assad dans des crimes contre l'humanité en Syrie, où le conflit a tué près de 126.000 personnes.

Dans le même temps, des rebelles syriens, dont des jihadistes du Front al-Nosra, se sont emparés du cœur historique de la ville chrétienne de Maaloula, au nord de Damas, en utilisant une tactique inédite: lancer des pneus remplis d'explosifs sur leurs adversaires.

La Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, a indiqué à Genève que la Commission d'enquête sur la Syrie du Conseil des droits de l'Homme "a produit d'énormes quantités de preuves (...) sur des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité", ajoutant: "les preuves indiquent une responsabilité au plus haut niveau du gouvernement, y compris du chef de l'Etat".

La Commission a pour mission d'enquêter sur toutes les violations des droits de l'Homme depuis mars 2011, date du début de la révolte en Syrie, et d'identifier les coupables afin qu'ils soient jugés.

Dans son dernier rapport en septembre, la Commission, dont fait partie l'ex-procureur international Carla del Ponte, avait accusé le régime de crimes contre l'humanité et crimes de guerre, et la rébellion de crimes de guerre.

Mais la Commission, qui n'a jamais eu l'autorisation de se rendre en Syrie, n'avait jamais nommé les haut-responsables du régime mis en cause, ni mentionné directement le chef de l'Etat.

Mme Pillay a souligné qu'elle souhaitait une enquête judiciaire "nationale ou internationale crédible".

Le conflit syrien a débuté en mars 2011 par une révolte populaire qui s'est transformée en insurrection armée face à la répression sanglante menée par le régime.

Les violences ont causé la mort d'environ 126.000 personnes en près de trois ans, selon un nouveau bilan établi par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme(OSDH).

35% des morts sont des civils -- soit 44.381 dont 6.627 enfants et 4.454 femmes -- et 65% des combattants. Les décès dans les rangs des forces du régime (50.927) sont deux fois plus importants que dans ceux des rebelles (27.746), selon cet organisme qui s'appuie sur un réseau de militants et de sources médicales civiles et militaires.

"Enorme crise humanitaire"

Alors que les violences ne montrent aucun signe de répit, un million de Syriens au moins manquent régulièrement de nourriture, les combats et les points de contrôle militaires mettant à mal la distribution de l'aide alimentaire, a dénoncé la Fédération internationale de la Croix-Rouge (FICR).

Evoquant "une énorme crise humanitaire", la FICR s'est dite d'autant plus inquiète qu'avec l'arrivée de l'hiver, un plus grand nombre de personnes va avoir besoin d'aide, tandis qu'il sera plus difficile d'acheminer les vivres.

Sur le terrain, les rebelles ont marqué un point dans la nuit de dimanche à lundi, en prenant après cinq jours de combats le contrôle du cœur historique de la ville chrétienne de Maaloula, à 55 km au nord de Damas, selon l'OSDH.

D'après une source au sein des services de sécurité, les rebelles, dont des jihadistes, positionnés en haut de la falaise surplombant la ville, ont fait rouler un grand nombre de pneus bourrés d'explosifs sur les soldats déployés en bas de cette cité, aujourd'hui déserte.

Selon l'agence officielle Sana, les rebelles seraient entrés dans le couvent orthodoxe de Mar Takla, jusque-là contrôlé par l'armée, où se trouvent 40 religieuses et orphelins.

Les rebelles avaient déjà pris le contrôle de Maaloula -- réputée pour ses refuges troglodytiques datant des premiers siècles du christianisme -- le 9 septembre, avant d'en être chassés par l'armée trois jours plus tard.

L'OSDH rapporte que quatre rebelles ont été tués lundi à Maaloula et quatre autres à Nabak, deux villes situées dans la région de Qalamoun, où l'armée mène une vaste offensive.

Enfin, concernant la destruction de l'arsenal chimique syrien, la coordinatrice de la mission conjointe entre l'ONU et l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), Sigrid Kaag, a assuré que le "plus complexe" restait à venir, "malgré les progrès significatifs (...) effectués".

Source : AFP

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