Quand le métro de Naples se transforme en "musée obligatoire"

  • Le public se reflète dans le plafond de la station Garibaldi du métro napolitain, aménagée par l'architecte français Dominique Perrault, le 2 décembre 2013
    Le public se reflète dans le plafond de la station Garibaldi du métro napolitain, aménagée par l'architecte français Dominique Perrault, le 2 décembre 2013 AFP - Mario Laporta
  • Des gens passent devant des miroirs créés par l'artiste italien Michelangelo Pistoletto dans le métro de Naples, le jour de leur inauguration le 2 décembre 2013
    Des gens passent devant des miroirs créés par l'artiste italien Michelangelo Pistoletto dans le métro de Naples, le jour de leur inauguration le 2 décembre 2013 AFP - Mario Laporta
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AFP

1,30 euro, prix d'un trajet en métro, exposition d'art contemporain comprise ! A Naples, quinze "Stations de l'art" ont été conçues par les plus grands architectes, designers et artistes du monde.

A l'arrêt Toledo - classée plus belle station d'Europe par le journal britannique The Daily Telegraph -, on est proprement "happé" par la Méditerranée toute proche : on descend dans les entrailles de la terre, entouré de carrés de mosaïques bleus, comme au fond d'une piscine, qu'un puits de lumière relie au monde extérieur.

Puis, ce sont les "Vagues" du Catalan Oscar Tusquets Blanca qui nous cueillent au pied de l'escalator, avant d'être "bercés" par l’œuvre de Robert Wilson, "By the sea... you and me", constituée de panneaux incrustés d'ampoules à led, qui se déclenchent sur notre passage.

Les "Stations de l'Art", qui accueillent pas moins de 200 oeuvres, s'inscrivent dans un vaste plan d'urbanisme et de développement des transports en commun de Naples, connue pour ses embouteillages monstres.

Rose fuchsia dans une direction, jaune-vert dans l'autre, la station Università est la seule à avoir été entièrement pensée par un artiste unique, le designer anglo-égyptien Karim Rashid.

Pavement, murs, jusqu'aux escaliers menant à la sortie, l'un décoré du portrait du poète Dante Alighieri, l'autre de celui de sa muse Beatrice : tout doit concourir à faire vivre au voyageur une "expérience sensorielle et esthétique".

C'est Achille Bonito Oliva, coordinateur artistique auprès de la société gérant le métro, qui a choisi pour chacune des stations artistes, architectes et designers, italiens et internationaux.

"Il s'agit d'une rencontre entre la beauté et les transports. Nous demandons aux artistes de créer une œuvre qui s'insère dans la station", explique-t-il à l'AFP.

Pas question ici de "décorer" simplement l'espace, mais de créer "un musée obligatoire", afin d'engendrer de la "familiarité" entre des voyageurs qui ne vont pas au musée et un art "qui voyage" et a "une fonction sociale", ajoute le critique d'art.

Dans une cité plombée par le chômage et la pauvreté, il est important de "mettre de l'art dans la vie des gens", renchérit le directeur de la société MetroNapoli, Giannegidio Silva.

Lancé au début des années 2000 et doté d'un budget d'un milliard et demi d'euros, le projet, financé à moitié par l'Europe, a atteint lundi une nouvelle dimension avec l'inauguration sous la place Garibaldi de la seizième "station de l'art", avant son ouverture au public fin décembre.

C'est l'architecte français Dominique Perrault, créateur de la bibliothèque François-Mitterrand à Paris, qui a été chargé de sa conception.

Pensée pour être un pôle multimodal permettant de relier la gare ferroviaire, les deux lignes de métro existantes et le trafic régional, la station Garibaldi devrait permettre de doubler le nombre des utilisateurs quotidiens, actuellement évalué à environ 200.000.

Devant un aréopage d'officiels, le maire de Naples, Luigi de Magistris, a loué au micro de l'AFP "ce musée d'art contemporain souterrain et notre métro, l'un des plus beaux du monde".

Au bas des escalators de la station Garibaldi, à une profondeur de 40 mètres, sous une verrière faite de tubes métalliques, la bien nommée "Stazione" de Pistoletto, un des piliers du mouvement contemporain "Arte Povera", présente sur un immense miroir des photos de voyageurs qui attendent, se parlent, se regardent.

Présent à l'inauguration, l'artiste de 80 ans explique qu'il mûrissait depuis longtemps une oeuvre "sur l'idée de la gare" : "les voyageurs/spectateurs entrent dans l’œuvre, même un instant (....), c'est une relation entre la vie et l'art, l'art et la gare".

D'ici à 2015, seront à leur tour ouvertes les stations "Duomo", œuvre de Massimiliano Fuksas, et "Municipio", mise en scène par les Portugais Alvaro Siza et Eduardo Souto de Moura, tous deux lauréats du prix Pritzker, le Nobel des architectes.

Source : AFP

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