Bretagne: le Pacte d'avenir approuvé d'une courte tête

  • Le préfet de région Patrick Strzoda et le président PS du conseil régional Pierrick Massiot le 30 octobre 2013 à Rennes
    Le préfet de région Patrick Strzoda et le président PS du conseil régional Pierrick Massiot le 30 octobre 2013 à Rennes AFP/Archives - Jean-Sebastian Evrard
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AFP

Le conseil régional de Bretagne a approuvé d'une courte tête jeudi le Pacte d'avenir prévu par l'Etat pour répondre à l'angoisse de la région face aux restructurations, à la veille de la venue à Rennes du Premier ministre Jean-Marc Ayrault pour sa signature.

Comme prévu, deux jours après l'avis réservé, mais favorable, des membres du Conseil économique, social et environnemental de Bretagne (Ceser), instance consultative du conseil régional, le texte a reçu l'aval des élus socialistes et communistes de la collectivité, soit 46 voix.

36 élus des groupes Droite et Centre, Bretagne Ecologie, EELV et Union démocratique bretonne (UDB, parti autonomiste), ont voté contre. Une élue UMP était absente de l'hémicycle, en raison d'une condamnation récente.

Ce vote autorise le président PS du conseil régional Pierrick Massiot à parapher vendredi le document, avec le préfet de région Patrick Strzoda et le Premier ministre.

Présenté la semaine dernière par le gouvernement, le Pacte d'avenir pour la Bretagne répertorie près de deux milliards d'aides ou de prêts, nouveaux ou déjà actés, répartis entre des mesures d'urgence pour les filières et salariés en difficulté, des dispositions dans les domaines de l'emploi, de l'accès au marché du travail, de l'enseignement supérieur et la recherche mais aussi pour l'agri-agroalimentaire, en pleine tourmente.

"Je suis convaincu qu'au-delà des mesures d'urgence, le Pacte d'avenir pour la Bretagne est l'amorce d'une nouvelle ambition pour notre région", a estimé M. Massiot.

Mais pour le groupe Droite et centre, présidé par Bernadette Malgorn (UMP) le texte "ne prépare pas l'avenir de la Bretagne". Elle a dénoncé "un pacte déjà ficelé" avant discussion et "un catalogue de mesures déjà engagées". Ce pacte "n'est pas celui des Bretons pour la Bretagne mais celui des socialistes pour sauver leurs mandats en Bretagne", a-t-elle martelé.

"Ceux qui gagnent aujourd'hui, ce ne sont pas les Bretons, mais une poignée de grands patrons influents de l'agroalimentaire qui ont l'écoute du gouvernement", a estimé Guy Hascoët, (EELV, 7 élus).

L'Union démocratique bretonne (UDB, 4 élus) et Bretagne Ecologie (6 élus) ont de leur côté regretté notamment l'absence de mesures concernant la décentralisation.

Cinq ministres

Les Bonnets rouges, organisateurs de deux manifestations de masse en novembre à Quimper et Carhaix (Finistère) pour l'emploi et contre l'écotaxe, estimaient quant à eux que Pierrick Massiot "ne devait pas signer ce pacte en l'état". Ils jugent que le texte, "griffonné dans l'urgence par des cabinets parisiens", "est une escroquerie intellectuelle".

Le dernier acte est prévu vendredi avec la venue de Jean-Marc Ayrault à Rennes pour la signature officielle du Pacte. "C'est un déplacement apaisé, serein. Les manifestations compliquées sont derrière nous", dit-on à Matignon.

Accompagné de cinq ministres - Philippe Martin (Ecologie), Michel Sapin (Emploi), Stéphane Le Foll (Agriculture), Marylise Lebranchu (Décentralisation) et Guillaume Garot (Agroalimentaire) - M. Ayrault, outre le rappel des objectifs du Pacte, pourrait aborder dans son discours la question de la décentralisation, selon la même source.

"Un comité de pilotage sera mis en place, on est ouvert pour compléter le Pacte après, notamment en matière de simplification des normes environnementales, très attendues par les chefs d'entreprise et les agriculteurs", ajoute-t-on à Matignon.

"Le gouvernement a ainsi donné instruction au préfet de région et au conseil régional pour poursuivre la discussion, améliorer le Pacte", dit-on encore.

A l'occasion de la signature, Force ouvrière (FO) et Sud ont appelé à manifester. Pour FO, qui avait claqué le mois dernier la porte des discussions sur l'élaboration du Pacte, il s'agit de réclamer à nouveau "l’arrêt immédiat des licenciements, l'augmentation des salaires et l'arrêt des politiques d'austérité". Le syndicat souhaite remettre un document à M. Ayrault, qui devrait rester à peine plus d'une heure à Rennes.

Sud fustige de son côté "l'accompagnement a minima des licenciements de centaines d'ouvriers dans tous les secteurs économiques".

Le président François Hollande, qui devrait se rendre en Bretagne dans les prochaines semaines, y est attendu de pied ferme par les Bonnets rouges, qui réclament de sa part un discours "historique" sur la décentralisation.

Source : AFP

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