Ukraine: Ianoukovitch, accusé d'avoir bradé son pays, se justifie

  • Manifestants et leaders de l'opposition s'interrogent depuis les accords conclus à Moscou mardi sur ce que M. Ianoukovitch a promis en échange
    Manifestants et leaders de l'opposition s'interrogent depuis les accords conclus à Moscou mardi sur ce que M. Ianoukovitch a promis en échange AFP/Archives - Sergei Supinsky
  • Le président russe Vladimir Poutine (gauche) parle à son homologue ukrainien Viktor Yanukovych à Moscou le 17 décembre 2013
    Le président russe Vladimir Poutine (gauche) parle à son homologue ukrainien Viktor Yanukovych à Moscou le 17 décembre 2013 AFP/Archives - Alexander Nemenov
  • Le nouveau ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a de son côté jugé "révoltante" la manière dont la Russie "a exploité la situation d'urgence économique de l'Ukraine".
    Le nouveau ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a de son côté jugé "révoltante" la manière dont la Russie "a exploité la situation d'urgence économique de l'Ukraine". AFP/Archives - John MacDougall
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AFP

Le président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, soutenu par son homologue russe Vladimir Poutine qui dit avoir agi en "peuple frère", fait face jeudi à l'accusation d'avoir bradé la souveraineté du pays en signant pour un prêt de 15 milliards avec Moscou.

"Nous disons souvent que c'est un peuple frère, un pays frère, alors nous devons agir comme des parents proches et soutenir le peuple ukrainien qui est dans une situation difficile", a déclaré M. Poutine à Moscou, s'exprimant avant la conférence de presse du président ukrainien à 10H00 GMT qui doit s'expliquer sur les accords conclus.

Les opposants, qui occupent depuis près d'un mois le centre de Kiev et ont mobilisé des centaines de milliers de manifestants, l'ont d'ores et déjà accusé d'avoir "mis l'Ukraine en gage" pour obtenir l'argent de Moscou. La Russie est de son côté accusée d'avoir fait pression sur l'Ukraine pour l'empêcher de conclure en novembre un accord d'association avec l'Union européenne.

M. Poutine s'en est défendu jeudi. "Personne n'a jamais essayé d'étouffer son voisin", a-t-il déclaré, affirmant que la Russie n'avait "rien contre cet accord d'association" avec l'UE.

Des affirmations qui risquent cependant de ne pas convaincre l'opposition ukrainienne.

"Ianoukovitch a remis l'Ukraine sous contrôle politique, militaire, énergétique, économique et financier de la Russie", a lancé mercredi soir Ioulia Timochenko, ex-Premier ministre ukrainienne et adversaire politique du président Viktor Ianoukovitch, emprisonnée depuis 2011 pour abus de pouvoir.

M. Ianoukovitch fait face à un mouvement de contestation sans précédent depuis près d'un mois après son refus fin novembre de signer l'accord d'association avec l'Union européenne pour renforcer la coopération économique avec la Russie.

Manifestants et leaders de l'opposition s'interrogent depuis les accords conclus à Moscou mardi sur ce que M. Ianoukovitch a promis en échange.

Selon ce qui a été annoncé, la Russie accorde 15 milliards de dollars à l'Ukraine en achetant des obligations ukrainiennes, abaisse d'un tiers le prix du gaz qu'elle lui livre, au niveau préférentiel réservé à certains pays de l'ex-URSS, et lève les obstacles au commerce imposés ces derniers mois.

Face à cette nouvelle donne, les dirigeants de l'UE qui se retrouvent jeudi en sommet devraient adresser un message de soutien au peuple ukrainien, et répéter qu'ils sont toujours prêts à signer l'accord.

"Je regrette la décision du président Ianoukovitch de ne pas signer, ou du moins de ne pas signer pour le moment", l'accord d'association entre l'Ukraine et l'UE, mais "l'offre reste sur la table", a déclaré mercredi la chancelière allemande Angela Merkel dans un discours devant les députés allemands.

Le nouveau ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a de son côté jugé "révoltante" la manière dont la Russie "a exploité la situation d'urgence économique de l'Ukraine".

Mais il a estimé que les Européens avaient peut-être aussi sous-estimé à la fois la détermination de la Russie à ne pas laisser l'Ukraine s'associer avec l'UE et le niveau d'aide économique qu'il convenait de proposer à Kiev.

"L'Allemagne, l'un des principaux partenaires de la Russie en Occident, a pris contre toute attente l'initiative d'intensifier la politique ukrainienne de l'UE pour l'emporter sur Moscou", écrit jeudi le quotidien russe Kommersant.

Le porte-parole du président russe, Dmitri Peskov, a de son côté accusé jeudi les Européens de faire monter la tension en Ukraine en soutenant les opposants.

"Nos partenaires ukrainiens sont en proie à des émotions excessives qui sont chauffées par des invités étrangers qui se baladent sur Maïdan (place centrale, haut lieu de la contestation, ndlr). Cela rend les émotions encore plus excessives", a-t-il déclaré à la chaîne Rossia 24.

Plusieurs responsables occidentaux se sont rendus ces dernières semaines auprès des manifestants ukrainiens dont Guido Westerwelle, alors chef de la diplomatie allemande, la responsable de la diplomatie de l'UE Catherine Ashton et la secrétaire d'Etat adjointe américaine Victoria Nuland.

Les Etats-Unis ont apporté un fort soutien à l'opposition ukrainienne, disant même envisager d'éventuelles sanctions contre des fonctionnaires ukrainiens responsables de la répression contre les manifestants.

Source : AFP

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