Kem One: jour J pour 1.300 salariés du groupe chimique

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AFP

Après neuf mois d'incertitude, et deux jours d'ultimes rebondissements, le tribunal de commerce de Lyon tranche ce vendredi l'avenir des 1.300 salariés concernés par le redressement judiciaire du groupe chimique Kem One.

Une seule offre sera sur la table: celle de l'industriel français Alain de Krassny, l'autre repreneur potentiel, le fonds d'investissement américain OpenGate, s'étant officiellement retiré jeudi.

Ce retrait est uniquement motivé par des raisons techniques, les deux candidats à la reprise ayant scellé en début de semaine une alliance pour unir leurs forces et leurs capitaux en vue de gérer ensemble le groupe spécialisé dans le PVC.

C'est l'annonce surprise de cette fusion des deux projets qui avait amené, mercredi, le tribunal de commerce à reporter sa décision de deux jours. Le parquet de Lyon avait cependant prévenu qu'un tel scénario n'était pas réalisable et les deux repreneurs y ont renoncé jeudi.

"Il n'était pas possible de présenter au tribunal une nouvelle offre car les délais n'étaient pas suffisants", a expliqué Lionel Spizzichino, l'avocat d'OpenGate.

Le fonds américain, qui négocie parallèlement le rachat d'usines de transformation de PVC au groupe belge Solvay, entrera cependant au capital de Kem One dans un second temps si le tribunal désigne M. de Krassny comme repreneur.

"La volonté de s'associer n'est pas remise en cause, on garde le principe d'une fusion dans l'intérêt stratégique et industriel de Kem One", a assuré une porte-parole de la direction du groupe, né en 2012 de la vente par Arkema de son pôle vinylique au financier américain Gary Klesch, pour un euro.

En visite jeudi sur un site de Kem One à Balan (Ain), le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, qui a suivi de près le dossier depuis mars, a estimé que cet ultime rebondissement "ne change rien parce que les deux repreneurs se sont mis d'accord". Il s'est dit "confiant" dans l'issue de la procédure.

De Krassny plutôt que Pôle Emploi

La première étape du projet commun aux deux repreneurs passe vendredi, si le tribunal de commerce en décide ainsi, par la cession à M. de Krassny des activités amont de Kem One (chlorochimie et production de PVC), seules concernées par le redressement judiciaire.

La deuxième sera l'acquisition des activités aval (fabrication de tubes et profilés en PVC) que Gary Klesch s'est engagé à céder, pour un euro également, au repreneur désigné par le tribunal.

Les nouveaux actionnaires prendront toutefois le temps d'examiner la situation de l'aval, a précisé l'avocat d'OpenGate, assurant que "les deux actionnaires resteraient actionnaires des deux parties". Le maintien d'une activité intégrée, de l'amont à l'aval, est essentielle aux yeux des syndicats.

"On attend encore les résultats de la délibération du tribunal. Et après on sera soulagé. Pour l'instant rien n'est encore fait, mais on a bon espoir", a confié Eric Veyre, salarié du site de Balan.

"Je préfère que ce soit de Krassny que d'aller à Pôle Emploi. Il n'y a pas de patron idéal, les deux avaient des forces et des faiblesses, et je pense qu'en joignant leurs offres après le tribunal, il y aura plus de forces qu'avec un seul repreneur", a estimé Grégory Benedetti, délégué central FO.

"On est très inquiet, on craint que de Krassny n'ait pas la surface financière pour les problèmes qu'aura l'amont. Si ça se fait, c'est en grande partie avec des fonds publics, le contribuable vient au secours du privé. Si demain il y a de la casse chez Kem One, ça va faire du bruit, on tiendra pour responsable le gouvernement", a estimé Didier Chaix (CGT).

Une liquidation de Kem One pourrait avoir un effet domino sur 10.000 emplois dans la filière pétrochimique selon le gouvernement, jusqu'à 25.000 selon les syndicats.

Source : AFP

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