Soudan du Sud: l'ONU demande des fonds, des dizaines de milliers de réfugiés

  • Photo fournie le 25 décembre 2013 par la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (Minuss), de civils venant se ravitailler en eau le 24 décembre 2013 à Bentiu
    Photo fournie le 25 décembre 2013 par la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (Minuss), de civils venant se ravitailler en eau le 24 décembre 2013 à Bentiu Unmiss/AFP - Anna Adhikari
  • Des magasins détruits par des rebelles, le 25 décembre 2013 à Bor, au Soudan du Sud
    Des magasins détruits par des rebelles, le 25 décembre 2013 à Bor, au Soudan du Sud AFP - Waakhe Simon Wudu
  • Photo fournie le 24 décembre 2013 par la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (Minuss), d'une longue file d'attente de civils le 18 décembre 2013 devant un camp de l'ONU à Bor
    Photo fournie le 24 décembre 2013 par la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (Minuss), d'une longue file d'attente de civils le 18 décembre 2013 devant un camp de l'ONU à Bor Minuss/AFP/Archives - Rolla Hinedi
  • Carte localisant les combats dans l'Etat de Jonglei au Soudan du Sud
    Carte localisant les combats dans l'Etat de Jonglei au Soudan du Sud AFP
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AFP

L'ONU a demandé mercredi des fonds pour faire face à l'urgence humanitaire au Soudan du Sud où des dizaines de milliers de civils ont fui les combats et les violences interethniques de ces derniers jours.

Le bilan des combats qui opposent depuis la mi-décembre les forces du président sud-soudanais Salva Kiir et celles de son ex-vice-président Riek Machar, limogé en juillet et entré en rébellion, atteindrait plusieurs milliers de morts, selon l'ONU, qui a annoncé la découverte de charniers.

"Au moins 90.000 personnes ont été déplacées depuis dix jours, dont 58.000 se sont réfugiées sur les bases de l'ONU" à travers le pays, a expliqué le coordinateur humanitaire de l'ONU au Soudan du Sud Toby Lanzer.

Des centaines de milliers d'autres auraient également fui en brousse pour s'éloigner des combats.

Selon l'ONU, les agences humanitaires ont besoin de 166 millions de dollars pour assurer les secours d'urgence à la population du Soudan du Sud jusqu'en mars prochain. Selon le bureau de coordination des affaires humanitaires (Ocha), les priorités sont les besoins sanitaires et de santé, la distribution de nourriture ainsi que la gestion des centres pour les personnes déplacées. Il s'agit aussi d'aider 200.000 réfugiés venus du Soudan voisin et installés dans les Etats sud-soudanais d'Unité et du Nil Supérieur.

Au lendemain de l'annonce d'un renforcement des effectifs des Casques bleus de l'ONU pour tenter de mettre fin au conflit, les combats opposaient mercredi l'armée et la rébellion dans un Etat pétrolier.

"Il y a des combats à Malakal depuis ce matin entre les forces gouvernementales et les rebelles", a déclaré mercredi à l'AFP le ministre de l'Information Michael Makwei, démentant que les rebelles aient pris le contrôle de cette ville clé, capitale de l'Etat du Nil Supérieur.

Le contrôle des Etats pétroliers du nord du pays est un enjeu stratégique pour les deux parties, car les recettes du pétrole représentent 95% de la fragile économie nationale. Mercredi, les rebelles contrôlaient toujours Bentiu, la capitale de l'Etat d'Unité, le principal Etat pétrolier, mais les forces gouvernementales ont dit se préparer à reprendre la ville.

Pas de date pour un dialogue entre les deux rivaux

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon a de nouveau appelé mercredi MM. Kiir et Machar à négocier, et a menacé les responsables d'exactions de sanctions, dans un "message radio et vidéo à la population du Soudan du Sud".

"Le Soudan du Sud est menacé, mais le Soudan du Sud n'est pas seul", déclare-t-il. "Je veux vous assurer que les Nations unies se tiennent aux côtés de la population du Soudan du Sud en ces temps difficiles", ajoute-t-il, rappelant les "attaques abominables" et les "graves violations des droits de l'homme" commises.

Mardi, les forces gouvernementales avaient progressé, reprenant aux rebelles la ville de Bor, capitale de l'Etat de Jonglei, à seulement 200 km au nord de Juba. Les rebelles tenaient la ville depuis le 19 décembre. L'armée a continué mercredi de "nettoyer" les "poches rebelles" dans la zone.

Selon un correspondant de l'AFP qui a pu se rendre à Bor, les cadavres jonchent les rues de la ville. Les magasins ont été pillés, les maisons détruites, tandis que dans le bureau du gouverneur -utilisé comme base par les rebelles pendant leur occupation- les fenêtres ont été défoncées et les portes arrachées de leurs gonds. Les habitants reviennent en nombre.

Les combats touchent désormais la moitié des 10 Etats du jeune pays, indépendant depuis 2011: ceux de Jonglei, d'Unité, d'Equateur central (Juba), mais aussi du Nil supérieur ou encore d'Equateur oriental.

Le Soudan du Sud est en proie à d'intenses combats depuis le 15 décembre, le président Kiir ayant accusé son ancien vice-président de tentative de coup d'Etat. Riek Machar dément, accusant Salva Kiir de vouloir éliminer ses rivaux. Dans leur lutte pour le pouvoir, les deux rivaux instrumentalisent les antagonismes entre leurs ethnies réciproques: les Nuer de Machar, les Dinka de Kiir.

Dans son message de Noël "à la ville et au monde", le pape François a appelé mercredi à "favoriser la concorde au Soudan du Sud, où les tensions actuelles ont déjà provoqué des victimes et menacent la cohabitation pacifique du jeune État".

Les appels à la cessation des hostilités de la communauté internationale n'ont pour l'instant pas été suivis. Les deux rivaux ont cependant accepté d'entamer des pourparlers, mais sans fixer de date.

Riek Machar a demandé mardi "des élections démocratiques et libres".

Dans un message à la nation à l'occasion de Noël, Salva Kiir a reconnu la dérive interethnique des combats: "Il y a maintenant des gens qui ciblent les autres en raison de leur appartenance tribale (...) Tout cela va entraîner notre nouvelle nation vers le chaos", a-t-il prévenu.

De premières découvertes macabres ont eu lieu. Depuis Genève, Mme Navi Pillay, Haut-commissaire de l'ONU en charge des droits de l'homme, a annoncé mardi la localisation d'un charnier à Bentiu et de deux autres à Juba.

Une quinzaine de corps ont été découverts dans le charnier de Bentiu, et une vingtaine de cadavres ont été trouvés près d'une rivière avoisinante.

A Juba, la Minuss s'est montré plus prudente mercredi sur l'existence de charniers, confirmant les 15 morts mais expliquant "enquêter" sur cette affaire.

Source : AFP

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