Après Nantes, Tours: l'Etat remporte encore une manche contre Dieudonné

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    La tournée de Dieudonné AFP - K. Tian / A. Bommenel
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Le gouvernement a remporté vendredi une nouvelle manche contre l'humoriste controversé Dieudonné, la justice ayant confirmé l'interdiction du spectacle prévu dans la soirée à Tours, comme elle l'avait fait la veille pour la représentation nantaise.

Validé dès la mi-journée par le tribunal administratif d'Orléans, saisi de requêtes d'un spectateur et de Dieudonné M'bala M'bala, l'arrêté d'interdiction du spectacle "Le Mur" prévu à Tours a été confirmé dans la soirée par le Conseil d'Etat, saisi par le polémiste.

"On sera encore là demain", a déclaré, après la lecture de la décision, l'un des conseils de Dieudonné, Me Sanjay Mirabeau, en référence à un troisième arrêté interdisant le spectacle à Orléans samedi après ceux de Nantes et Tours.

"A chaque fois que nous aurons une décision d'interdiction en première instance, nous irons au Conseil d'Etat", a-t-il prévenu.

Le tribunal administratif d'Orléans doit rendre samedi à 11H00 sa décision sur le recours de Dieudonné contre un arrêté pris par le maire d'Orléans qui interdit le spectacle le soir même au Zénith de la ville. Selon les autorités, environ 2.500 billets ont été vendus sur les 5.000 à 6.000 places que compte le Zénith d'Orléans.

Dans son nouveau one-man-show déjà présenté à Paris, Dieudonné, 47 ans, plusieurs fois condamné pour antisémitisme, multiplie les charges contre "les juifs", "la juiverie" ou encore "kippa-city".

A Tours, la confirmation de l'annulation du spectacle a été accueillie dans le calme en début de soirée par les quelque 300 spectateurs massés devant la salle du Vinci, et encadrés par un important dispositif de sécurité, a constaté un journaliste de l'AFP.

Faisant écho au ministre de l'Intérieur Manuel Valls la veille, les avocats de Dieudonné avaient immédiatement attaqué vendredi la décision du tribunal d'Orléans concernant le spectacle de Tours en déposant un référé devant le Conseil d'Etat.

Jeudi déjà, la plus haute juridiction administrative avait confirmé l'interdiction du spectacle à Nantes.

L'ancien ministre PS Jack Lang, également professeur de droit, a toutefois estimé vendredi que cette décision du Conseil d'Etat "portait en germe de graves risques pour la liberté d'expression".

"Emballement contreproductif"

Plusieurs humoristes, comme Didier Porte et Christophe Alévêque ont dénoncé un "emballement politico-médiatique contreproductif" autour de Dieudonné, estimant qu'il faut laisser la justice condamner ses délits plutôt que d'en faire un martyr.

Jeudi, le Conseil d'Etat avait donné raison à Manuel Valls en interdisant pour la première fois, et dans un délai record, le spectacle, deux heures avant sa représentation prévue à Nantes, première étape de la tournée en région.

La décision du Conseil d'Etat constitue un revirement de jurisprudence, les tribunaux administratifs ayant, à une quinzaine de reprises ces dernières années, invalidé des arrêtés d'interdiction de spectacles de Dieudonné.

"La République a gagné", s'était félicité Manuel Valls, à l'origine d'une circulaire préconisant l'interdiction au cas par cas du spectacle pour troubles à l'ordre public.

Vendredi à Quimper, M. Valls a ajouté: "C'est fini le temps de l'impunité. C'est ça le message qui est passé".

La communauté juive, qui s'est réjouie de cette décision, a appelé à poursuivre le combat contre l'antisémitisme, à l'instar des associations antiracistes qui veulent "sortir du ping-pong" entre Manuel Valls et le polémiste.

En revanche, la Ligue des droits de l'Homme (LDH) s'est inquiétée d'un "cadre juridique lourd de conséquences pour la liberté d'expression".

Marine Le Pen, présidente du Front national, a estimé que la décision du Conseil d'Etat interdisant le spectacle s'apparentait à une "censure" et représentait un "bouleversement de l'ordre juridique" en France.

La circulaire de M. Valls invoquait pour justifier l'interdiction les risques de trouble à l'ordre public, mais aussi "l'atteinte au respect de la dignité humaine".

Le préfet de police de Paris a engagé une procédure d'interdiction du spectacle "Le Mur" programmé le 16 janvier au théâtre parisien de la Main d'Or, a-t-on appris vendredi de source proche du dossier.

Source : AFP

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