Ce que les libraires Aveyronnais espèrent de la loi "anti-Amazon"

  • L’application de cette nouvelle loi empêchera les revendeurs de livres en ligne de cumuler la gratuité des frais de port et la remise de 5%, actuellement pratiquée.
    L’application de cette nouvelle loi empêchera les revendeurs de livres en ligne de cumuler la gratuité des frais de port et la remise de 5%, actuellement pratiquée. LC
Publié le
Lola Cros

Législation. Alors que les libraires indépendants criaient à la concurrence déloyale pratiquée par les sites de vente en ligne, le Parlement vote actuellement un texte de loi visant à les protéger. Les professionnels ruthénois s’avouent «soulagés ».

"On en a marre que les gros écrasent tout le temps les petits", résume en quelques mots la libraire de la rue Saint-Cyrice. Dans son commerce, Mot à Mot, Frédérique Azémar a son avis sur la question: "je crois, comme tous mes collègues, qu’Amazon a délibérément contourné la loi Lang. Et dans ces conditions, on ne peut pas lutter".

Un cri d’alarme collectif qui a poussé le Parlement français à légiférer en votant une loi destinée à empêcher les opérateurs en ligne, comme le géant américain Amazon, de cumuler la gratuité des frais de port du livre avec la remise de 5%, une mesure autorisée par la «loi Lang de 1981» qui fixe pourtant un prix du livre unique et imposé à tous les détaillants.

La nouvelle loi (en seconde lecture devant l'Assemblée) est particulièrement attendue par les libraires traditionnels, sur qui les e-commerçants du livre exercent une concurrence redoutable. "Si les gens doivent payer le même prix en ligne et sans le conseil que nous défendons, ils réfléchiront sûrement à deux fois", se convainc Frédérique Azémar. De son côté, Emmanuelle Belle, directrice adjointe de la Maison du Livre à Rodez, Emmanuelle est satisfaite. "C’est une mesure que l’on réclame depuis longtemps. Certes, nous ne pourrons pas lutter contre leurs stocks immenses et contre l’immédiateté qu’ils offrent, mais cette loi peut nous permettre d’être concurrentiels à nouveau, du moins de rétablir un équilibre". Même si la compétitivité des libraires passe aussi par... internet 

Des libraires indépendants 2.0

En octobre dernier, les élus de la Région ont voté une aide de près de 26 000€ pour l’informatisation de 12 librairies indépendantes de Midi-Pyrénées, dont fait partie la Maison du livre à Rodez. L’objectif ? "Doter les librairies d’un équipement numérique complet et adapté". La Maison du Livre n’avait pourtant pas attendu le coup de pouce de la Région pour réagir. "Nous étions l’une des premières librairies indépendantes françaises à lancer notre site", explique Emmanuelle Belle. "Nous avons développé les réservations en ligne, la consultation du catalogue ainsi que l’achat en ligne depuis plusieurs années, mais à la différence d'Amazon par exemple, les frais de port restent à la charge du client".

Dans le rapport de force qui les oppose aux géants du web, les libraires indépendants appellent à la responsabilité des consommateurs. "Acheter en ligne tue l’avenir du commerce indépendant. Oui, c’est pratique, oui c’est économique, mais il faudra assumer ce choix dans quelques années..." conclut-elle.

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