L'artiste Jonathan Bou jongle de la scène à la toile

"Salut l’acrobate! Sympa ta vidéo sur Facebook!". Dans un café du centre-ville de Rodez, Jonathan Bou est repéré en quelques minutes seulement. "Euh... merci!" répond le jeune homme, qui vient de fêter ses 19ans, paré d’un petit rire nerveux et d’un sourire gêné.

"Dans la rue, certains jeunes m’arrêtent pour me féliciter", Jonathan ne semble pas y croire. Une vie de star ? "Non, ce ne sont souvent que des amis d’amis" ajoute-t-il modestement.Pourtant, sur Youtube, sa vidéo a déjà atteint les 650 vues, à peine une semaine après avoir été postée tandis que sa précédente réalisation frôle le millier. Des chiffres encourageants pour cet artiste en devenir, pour qui les vidéos ne sont encore que des passe-temps amateurs. 

 

À chaque vidéo, un lieu public différent

Dans ses vidéos, Jonathan embellit le piton de son talent. "À chaque chorégraphie, un lieu différent" résume-t-il, "je m’imprègne de chaque lieu pour créer". Après la place Sainte-Catherine et une usine castonétoise désaffectée, voici le dernier en date: la toute récente esplanade des Rutènes, véritable théâtre à ciel ouvert. Une vingtaine de balles de jonglage, un danseur, un jongleur, et une musique envoûtante. Deux minutes trente-huit de chorégraphie et de poésie d’une maturité surprenante, qui immortalisent quatre heures de création.

"Tout est improvisation", confie Jonathan. "On s’est retrouvé le matin chez moi. Bryan (le danseur, NDRL) a trouvé un chapeau, alors nous est venue l’idée de l’utiliser, et tout se fait comme ça... Les idées fusent et on finit par faire quelque chose de cohérent." Une heure d’échauffement plus tard, "nous sommes arrivés sur le lieu. Plusieurs prises ont bien évidemment été nécessaires, mais tout était fait en une demi-journée".

 

Prochain défi : "investir le musée Soulages" !

Du haut de son mètre quatre-vingt-dix, Jonathan voit haut et loin. Les projets se bousculent. Son prochain défi : investir le musée Soulages, le temps d’une création. "Je commence mon travail documentaire sur Soulages pour ne pas aller à l’encontre de son travail, mais ce n’est encore qu’un projet abstrait, rien n’est fait" précise le jongleur.

 

Quand la passion devient vocation

Sa passion, Jonathan n’y est pas "tombé" dedans depuis son plus jeune âge, mais l’a découverte il y a deux ans à peine. À raison d’une demi-heure par jour, le jeune homme s’entraîne. Avec acharnement, il visionne des dizaines de vidéos de jonglage sur le web avant de reproduire à l’identique les mouvements. Très vite, les minutes deviennent des heures et le passe-temps se transforme en véritable vocation. "Une fois que j’avais atteint un certain niveau, je me suis dit que c’était mon tour de poster des vidéos sur internet".

Avec le bac en poche, depuis juillet dernier, Jonathan intègre l’école montpelliéraine Balthazar. Après avoir longtemps imaginé une carrière dans les énergies renouvelables, ses journées battent aujourd’hui pleinement au rythme du cirque. "Mais pas le cirque traditionnel !", prévient l’artiste, pour qui la distinction est évidente. Son cirque à lui est contemporain, bien loin de la ménagerie et des clowns qui nous sautent à l’esprit. Acrobatie, trampoline, danse contemporaine et classique, théâtre, font partie des matières qui viennent compléter sa spécialité, le jonglage.

Ce qu’il aime, c’est "allier les arts". Après tout, "la jonglerie, si on enlève les balles, ça devient de la danse non ?" conclut-il, amusé. La balle est désormais dans son camp, pour un avenir qui s’annonce plein de bonds et de rebonds.