Villefranche : Alain Guiraudie et "L'inconnu du lac" à Sundance

  • Après "L'inconnu du lac", Alain Guiraudie travaille déjà sur un autre projet "où la réalité est traitée de façon onirique et le rêve de façon réelle".
    Après "L'inconnu du lac", Alain Guiraudie travaille déjà sur un autre projet "où la réalité est traitée de façon onirique et le rêve de façon réelle". Repro CP
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AFP

Cinéma. Le cinéaste aveyronnais originaire de Villefranche-de-Rouergue, Alain Guiraudie, est invité au Festival américain de cinéma indépendant de Sundance, où il a présenté son dernier film, "L'Inconnu du lac", qui a connu un grand succès critique et public depuis sa projection au festival de Cannes. 

Le cinéaste français Alain Guiraudie, invité au Festival américain de Sundance, assure avoir livré avec "L'Inconnu du lac" son film "le plus carré et le plus classique" et souhaite maintenant repartir sur des projets "plus bordéliques et sur le fil du rasoir" comme dans ses premiers films, où l'absurde le dispute à une grande liberté dans la narration. "J'ai envie de titiller le rêve et la réalité", dit-il. "D'ailleurs, je suis en train d'écrire quelque chose qui travaille beaucoup là-dessus, où la réalité est traitée de façon onirique et le rêve de façon réelle".

Originaire de Villefranche-de-Rouergue, le réalisateur est l'une des  figures françaises d'un cinéma d'art et essai profondément original mais assez confidentiel qui  a connu avec le thriller "L'Inconnu du lac" un grand succès critique et public, aussi bien français qu'international, depuis sa présentation au festival de Cannes en mai dernier.

L'inconnu du lac à Sundance

Le film sortira à New York et Los Angeles à la fin du mois, avant d'être montré dans tous les Etats-Unis en février et mars. "Personnellement, je n'ai pas le fantasme du grand public", explique le cinéaste, peu après la présentation de son film à Park City (Utah, ouest), où se tient jusqu'au 26 janvier le festival de cinéma indépendant de Sundance. "Mais d'une certaine manière, il était temps que je fasse un film qui sorte un peu du ghetto de l'art et essai. Mon projet n'est pas de rester éternellement à la marge", dit-il.

Se "coltiner" à l'amour passion

Le film, qui installe un thriller des plus classiques -- avec meurtre et enquête policière -- dans un lieu de drague homosexuelle, sur les bords d'un lac idyllique, est peut-être le plus autobiographique de son auteur. "J'ai toujours eu la conviction que c'est en travaillant au plus près de ses préoccupations et de son intimité, qu'on pouvait rayonner universellement et parler le mieux à l'autre, davantage qu'en pensant à séduire un hypothétique public", explique-t-il. "Or ma sexualité, je ne l'avais jamais représentée", poursuit-il. "Dans mes précédents films, je suis resté dans l'amour-amitié, joueur. Mais se coltiner ce que c'est que d'avoir quelqu'un dans la peau, l'amour passion, je crois que je ne m'y étais jamais frotté".

Retour aux fondamentaux

L'écriture même du scénario, en deux mois, était comme un "retour aux fondamentaux" salutaire, après une expérience d'écriture difficile et avortée. "C'était une histoire d'amour entre un homme et une femme, qui n'arrivent pas à se trouver. Une histoire d'amour sans sexe, en hiver, dans une ville. Et au final, avec +L'Inconnu du lac+, j'ai écrit un film qui se passe en été, au soleil, au bord d'un lac, où ça baise de partout  !".

Les nombreuses scènes de sexe -- explicites et réalisées en partie par des doublures -- se voulaient le plus naturelles possibles, sans devenir un enjeu en soit, car "le sujet du film n'est pas l'homosexualité, mais le désir et la passion". Selon lui, c'est ce qui a fait que le film a rencontré un large public. "J'ai l'impression que +La vie d'Adèle+ a aussi travaillé à ça, à faire tomber des barrières. Là non plus, le sujet du film n'est pas l'homosexualité".

L'autre élément ayant aidé au succès du film est d'avoir choisi le genre du thriller. "Cela fait sortir de son petit ghetto la chronique sociale du microcosme homosexuel. L'image qui m'a donné envie de faire ce film, ce n'est pas la représentation de ce petit monde, ou même le jeu de drague dans les bois, c'est fondamentalement la scène de (meurtre par) noyade", observe-t-il. "C'est ça qui me happe. Nous avons besoin de tragédie. Le thriller a réussi à renouveler la tragédie. Or le cinéma, il faut que ce soit +bigger than life+", affirme-t-il. "C'est parfois ce qu'on a tendance à oublier dans le réalisme français, et que les Américains réussissent très bien: exacerber, intensifier et densifier les passions et les enjeux"


 
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